"Il nous faut des armes", dans l'Indre 500 pièges à frelons vont aider les apiculteurs
Au printemps, les frelons asiatiques cherchent à fonder de nouvelles colonies et dès l'été, ils iront dévorer des abeilles. Les abeilles représentent près de 40% de l'alimentation des frelons, le Conseil départemental de l'Indre a donc offert 500 pièges aux apiculteurs indriens.
On estime qu'un nid de frelon asiatique dévore environ trois kilos d'insectes, sachant qu'un kilo correspond à 10.000 abeilles. Depuis 20 ans, les frelons asiatiques ont pris leurs quartiers sous nos latitudes, en posant les pièges en cette saison, les apiculteurs espèrent donc mettre un sérieux coup d'arrêt à leur disssémination.
Pour les professionnels dans l'Indre, une ruche sur dix peut être abîmée voire décimée, et pour les petits apiculteurs, le fléau des frelons asiatiques peut entraîner 30% de perte de la colonie. Alors, les pièges apparaissent comme une alternative qui a déjà montré son efficacité. "En Bretagne notamment, il y a une zone qui a été piégée et c'est revenu à la normale", explique Jean-Michel Prompt, le président du Syndicat des apiculteurs dans l'Indre. "Sur l'autre zone qui n'a pas été piégée, c'est catastrophique. Il y a une énorme perte de population, de ruches et de la récolte de miel."
Les pièges font donc figure de remparts contre les frelons asiatiques, dévoreurs d'abeilles, d'autant que dorénavant les frelons européens imitent leurs homologues asiatiques et se mettent à dévorer les abeilles. Il faut donc disposer les pièges près des ruchers, mais aussi "aux alentours des grandes villes et des cours d'eau", explique Jean-François Fradet, apiculteur.
Ce sont des lieux tout aussi stratégiques que la date de pose, "c'est tout au long de l'année toute façon qu'il faut piéger. Au printemps, on prend une femelle fondatrice pour empêcher la prolifération d'animaux. Mais au mois de plus, plus tard, ce sont des frelons ouvriers que l'on prendra et ils ne vont pas faciliter le développement de leur colonie." Précise Jean-François Fradet. Les abeilles, comme d'autres insectes pollinisateurs, sont considérées comme les sentinelles de la biodiversité, il faut donc qu'elles puissent passer à travers les pièges.
Des pièges sélectifs
Toutefois ces pièges doivent être sélectifs, c'est-à-dire ne pas nuire aux abeilles et aux autres insectes pollinisateurs. C'était l'un des critères pour le choix des pièges, fabriqués en Haute-Vienne et dont les matériaux "frottés à la cire" attirent les frelons, sans tuer les abeilles. Un argument décisif pour Marc Fleuret, le président du Conseil départemental de l'Indre, "ces pièges sont très sélectifs et ils ont été vraiment testés, approuvés. Ils permettent de laisser rentrer les frelons, mais souvent des papillons ou des mouches peuvent rentrer à l'intérieur ou même des abeilles frelons ne ressortent pas, alors que les autres peuvent ressortir. C'est vraiment là une efficacité forte sur l'aspect sélectif."
Le principe du piège est très simple comme le décrit Jean-François Fradet, "c'est un entonnoir avec un cône qui permet à tous les insectes de rentrer. Mais vous avez aussi des petits vasistas, si on peut dire, sur les côtés d'une certaine dimension quatre à cinq millimètres qui permettent aux abeilles de ressortir. Mais le frelon, lui, ne peut pas sortir. Si on rentre dans un sens, dans l'autre, on ne peut pas ressortir. La biodiversité, on la respecte. On prend des frelons. Le frelon rentre, il ne peut pas ressortir. Par contre, les abeilles, les mouches, les papillons peuvent rentrer mais aussi peuvent ressortir. Et donc c'est ce qui nous manquait."
21 euros par piège
Ces pièges professionnels sont constitués de bois ciré, contre les intempéries. "Il ne faut jamais les laver", prévient l'apiculteur car les phéromones des frelons restent et en attirent d'autres. "On a mis au point une fiche technique où chaque apiculteur marquera d'abord le lieu de piégeage, le département, la commune, le lieu de piégeage. Ensuite, il marquera la semaine et il marquera le nombre de frelons pris dans son piège qui font qu'on fera un relevé mensuel et annuel qu'on transmettra ensuite après au Conseil départemental pour avoir les résultats de l'ensemble du département et l'efficacité d'une telle mesure." Chaque piège coûte 21 euros, les 500 unités seront distribuées à tous les apiculteurs du département, en fonction du nombre de ruches.
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