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Planète Bleu Occitanie : quels pesticides trouve-t-on dans notre air et notre eau en Occitanie ?

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Ce dimanche dans Planète Bleu Occitanie, on s'interroge sur les pesticides présents dans l'air et dans l'eau de notre région. Quels sont -ils ? Sont -ils de plus en plus nombreux ? Quels sont les dangers ? Et y a-t-il un moyen de s'en débarrasser ?

Les pesticides présents dans l'air et dans l'eau en Occitanie continuent d'augmenter
Les pesticides présents dans l'air et dans l'eau en Occitanie continuent d'augmenter © Maxppp - Denise Rossano

Les pesticides désignent les molécules actives ou les préparations utilisées pour la prévention, le contrôle ou l'élimination d'organismes indésirables, qu'il s'agisse de plantes, d'animaux, de champignons ou de bactéries.
Il existe plus d’un millier de substances actives de pesticides. Ces substances sont vendues sous différentes formes et on peut dénombrer près de 10 000 préparations et formulations destinées à la vente. Elles sont principalement utilisées en agriculture. Les effets chroniques de l’exposition à des pesticides sont encore mal connus, mais des études épidémiologiques récentes ont mis en évidence une présomption forte de liens entre l’exposition aux pesticides et le risque d’apparition de pathologies cancéreuses, neurologiques ou encore de troubles de la reproduction. Les substances qu'on retrouve dans l'air et l'eau dépendent des cultures pratiquées, des saisons, des lieux...

Les pesticides dans l'air :

Atmo Occitanie, l'organisme régional indépendant chargé de surveiller la qualité de l'air, dans sa dernière campagne de mesures 2021-2022 remarque que les herbicides et les fongicides sont les pesticides les plus nombreux dans l'air, les insecticides eux ont tendance à diminuer. Le Folpel est le fongicide le plus retrouvé dans l'air, dans les zones viticoles de notre région, comme l'Aude, de mai à juillet, il est principalement utilisé contre les champignons de la vigne. Selon la pédiatre toulousaine Cécile Stratonovitch, membre de l'association Alerte des médecins sur les pesticides, le Folpel est classé comme possiblement cancérigène et perturbateur endocrinien.

Parmi les herbicides, c'est la concentration dans l'air de Prosulfocarbe qui est la plus importante particulièrement dans le Lauragais, il est utilisé sur les cultures céréalières et maraîchères (la carotte), très volatile dans l'air, on le retrouve jusqu' à un km du lieu où il a été utilisé. L'ANSES a demandé aux agriculteurs de réduire les doses épandues d'au moins 40% dans les champs et une extension de la zone de traitement de 10 mètres, à 20 mètres des habitations, car elles suspectent un risque sur la santé des enfants. Le prosulfocarbe n'est pour le moment classé ni cancérogène ni comme perturbateur endocrinien, son autorisation européenne a été prolongée jusqu'en 2027. L'ONG Générations Futures a demandé une nouvelle évaluation de cette molécule car les populations sont exposées via l'air.

Les autres molécules qui inquiètent Cécile Stratnovitch, membre de "Alerte des médecins sur les pesticides" et qui ont été retrouvées dans l'air en Occitanie : 
- Le Lindane, insecticide interdit il y a longtemps on le retrouve encore dans le bois, il reste parmi les substances les plus actives en Occitanie, du fait de sa rémanence dans les sols. 
- La pendimethaline : perturbateur endocrinien , molécule associée aux variétés tolérantes aux herbicides. Elle est utilisée au printemps sur le colza, le maïs, les tournesols à l'automne sur le blé, les cultures céréalières. Encore autorisé en France malgré la demande du conseil d'Etat, un arrêt européen, les décisions n'ont pas été retranscrites dans le droit français.
- Le s-métolachlore : herbicide en voie d'interdiction utilisé pour le désherbage des parcelles céréales, très utilisé sur le maïs retrouvé de mars à septembre sur tous les sites d'Occitanie. On le retrouve aussi dans l'eau. 
- le Fluopyram : l'Inserm a alerté sur ce fongicide potentiellement cancérogène, utilisé sur des cultures viticoles et arboricoles.

Les pesticides dans l'eau :

Parmi les pesticides les plus nombreux retrouvés dans les eaux de surface, en Haute-Garonne, dans le Tarn-et-Garonne et l'Aude : le glyphosate. cet herbicide est classé cancérigène probable, et perturbateur endocrinien. Il vient d'être autorisé encore pour dix ans par la commission européenne.

Dans l'eau potable, l'Agence nationale de sécurité Sanitaire (ANSES) a trouvé en avril 2023, 157 pesticides et résidus de pesticides, dont un résidu de fongicide interdit en France depuis 2020 : Le Chlorothalonil R471811. Il dépasse la limite de qualité même ça ne signifie pas qu'il faut arrêter de boire l'eau du robinet. Les autorités demandent simplement au gestionnaire de mettre en œuvre des mesures pour enrayer le phénomène.

Le Docteur Cécile Stratonovicth regrette "qu'il ait fallu longtemps pour que les résidus de pesticides, qu'on appelle les métabolites soient mesurés dans l'eau. Le pesticide et ses co-formulants, adjuvants sont dégradés par le milieu (l'eau, la température, les bactéries) et différents métabolites se forment qui sont parfois plus dangereux que les molécules initiales. Les associations réalisent par ailleurs leurs propre mesures, leurs propres prélèvements et plaident pour la création d'un observatoire indépendant de la qualité de l'eau, comme pour l'air. Il y a une classification des métabolites pertinents et non pertinents avec des seuils différents. On tolère dans l'eau jusqu'à 0,1 microgramme par litre pour les métabolites pertinents et pour les non pertinents 0,9 microgramme par litre."

En 2019, FNE (France Nature Environnement 82) a réalisé dans le Tarn-et-Garonne une étude sur les pesticides chez les riverains des vergers. Récemment, l'association Le Chabot en Ariège a réalisé des prélèvements sur les rivières jusqu'au seuil de Naurouze dans le Lauragais pour évaluer la présence de pesticides.

Actuellement les pesticides recherchés dans l'eau, dépendent des Agence régionale de Santé et cela varie selon les régions : on ne contrôle pas à la même fréquence les mêmes molécules, ce que regrette Cécile Stratonovitch. En 2026, les contrôles des substances présentes dans l’eau potable devraient être renforcés "mais il faudrait des mesures plus fréquentes sur divers captages, et une réduction surtout de la pollution à la source, l'arrêt de l'usage des pesticides en agriculture et des substances classées cancérogènes, mutagènes, perturbateurs endocriniens " rappelle la médecin qui reconnait que les mesures répétées des associations, des organismes indépendants  sont un levier pour amener les autorités, les politiques à prendre des décisions responsables.

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