Royville - Michael, du luxe à la permaculture
Il ne se retrouvait pas dans le luxe parisien. Il a donc quitté la capitale pour se lancer dans la permaculture.
Faites-lui plaisir, ne l'appelez pas Mickaël. Lui, c'est Michael, à l'anglo-saxonne. Et pour cause, ses origines sont britanico-américano-françaises. Son père est Américano-Français et sa mère Britanico-Française. Ça a l'air compliqué, mais ça ne l'est pas tant que ça. Quoi qu'il en soit, le garçon a passé les 3 premières années de sa vie en Grande Bretagne, les 2 suivantes il les a passées en Italie et, depuis 21 ans, il vit en France. 3+2+21=26. J'en déduis que mon copain a 26 ans. Il est tout jeune, Michael. Et si aujourd'hui il fait dans la permaculture, ça n'a pas toujours été le cas.
LES BIENFAITS DE LA PERMACULTURE
Il se souvient de ce pote qui, quand ils avaient une quinzaine d'années, avait tenté de le sensibiliser à la permaculture. Lui vantant tous les bienfaits de ce type raisonné et raisonnable de cultures. Il lui avait dit, à quel point c'est bon de s'inscrire dans une logique de développement durable, quand on bichonne ses plantes, que c'est génial de se passer de produits dont la nature sait très bien se passer, que c'est pas bête de tenir compte des écosystèmes... Vous connaissez les jeunes, ils ont vite fait de se lâcher dans des débats passionnés, le samedi soir, autour d'une pinte. Vous avez raison, les vieux savent être comme ça aussi.
FAIRE DU POGNON
Quand son pote entrait dans des explications passionnées, Michael, lui, il souriait. À 15 ans, la permaculture ça lui causait autant que sa première couche. Ce qu'il voulait, le garçon aux dents longues, c'était gagner de l'argent. La permaculture, c'est bien gentil, mais ça nourrit pas son homme. Quoi que... Les philosophes vous diraient le contraire. Ça ne paye pas, certes, mais ça nourrit. Sainement. Il en était donc là, à 15 ans, le blondinet, il voulait faire du pognon, gagner de la tune, faire de l'oseille.
GOLDEN BOY DE LA MODE
L'argent, quand on en cherche, on va le trouver là où il se trouve. Michael s'est donc fendu d'un beau diplôme en Stratégie marketing et communication de la mode. Ça, c'est un titre qui claque! Dans la foulée, le voilà en golden boy de la mode, dans les milieux branchés de la capitale. Pendant quelques années il sera, selon lui, une véritable ordure. Il bossera pour les grandes enseignes du luxe, avec un seul objectif: faire rentrer l'argent. Bien sûr qu'il y a des valeurs, dans cet univers. Mais lui n'en avait d'autres que les fouilles qui se remplissent. Sauf que... Sauf qu'il n'était pas celui qu'il dit qu'il était. Il n'était pas sans foi ni loi.
QUEL SENS À TOUT ÇA?
Très rapidement, Michael s'est rendu à l'évidence: il n'était pas heureux. Sa vie ne lui collait pas à l'âme. Quand il rentrait à la maison, le soir, il faisait les comptes et le bilan de sa journée. Voilà. Tout en se demandant quel sens avait tout ça. Parce que des valeurs, il en avait, cachées dans un coin de son cœur. Il s'était juste contenté de les inhiber, jusque-là. Michael n'est pas du genre à se cacher derrière son petit doigt. Alors, à deux doigts du burn out, il a agi.
UN DIPLÔME EN PERMACULTURE
Michael a quitté Paris et ses fastes. Puis il a passé un autre diplôme. Sans doute que les conversations avec son pote étaient restées gravées quelque part, parce que c'est en permaculture qu'il l'a obtenu, son petit papier. C'est comme ça qu'il a troqué le costard pour la salopette et le chapeau de paille. Et qu'il a lâché son appart parisien pour sa coquette longère de Royville. Aujourd'hui, il transmet sa passion pour la nature, dans les écoles, notamment. Il a fait de son jardin, un Eden de 2000m², luxuriant, foisonnant. Les plantes s'y épanouissent, comme ses poules et ses abeilles. Comme lui, surtout. Et si, jadis, il voulait faire de l'oseille, aujourd'hui il la plante. Pour faire de la bonne soupe.