Forges les Eaux - Philippe et sa trompette
Dans la famille, tout le monde joue de la musique. Lui, depuis des décennies, c'est la trompette qu'il a, chevillée aux lèvres.
Ils étaient bistroquets, ses parents, à Philippe. Un tout petit café, dans le centre de Forges les Eaux, où se retrouvaient chaque jour les habitués, pour refaire le monde. Il se souvient de cette époque comme d'une belle époque. Tandis qu'il répétait son biniou dans l'appartement, à l'étage, il entendait la musique étouffée des voix des clients. Qui s'apparentaient souvent plus à des copains. Et puis, de temps à autre, quelqu'un montait, pour le faire descendre, trompette au bec. Philippe jouait alors pour le petit café.
PAPA ET L'HARMONIE
Chez Philippe, la musique est partout. Tout le monde en joue. De sa femme à ses petits-enfants, en passant par ses enfants. Avec une prédilection pour les instruments à vent. Exception faite de la petite Bertille, 10 ans, qui elle s'est mise au violon. C'est dans les gènes. Son papa, après la guerre, a d'ailleurs remonté l'harmonie municipale. À titre provisoire, il en a pris la direction. Du provisoire qui a duré jusqu'en 1980. Effectivement, on peut considérer que 35 ans, ça reste éphémère, à l'échelle de l'Histoire. Philippe, quant à lui, ne l'a jamais quittée, l'harmonie. Aujourd'hui encore, il fait partie de la troupe.
JOUER DANS LA RUE
En ce temps-là, les harmonies étaient un peu comme des orchestres de rue. Elles animaient les comices agricoles, les bals populaires et les fêtes de village. Mais les temps changent, les fêtes de rue se sont raréfiées et les harmonies se sont adaptées. Elles se sont mises au chaud, proposant des concerts un peu plus traditionnels, face au public, sur les scènes de salles adaptées. Mais à Forges, quand elle ne se produit pas sur la scène de l'espace Jean Bauchet, l'harmonie cherche toujours la bonne occasion de sortir aux quatre vents. Il se trouve que les rendez-vous extérieurs ne manquent pas, dans la ville.
L'INSTRUMENT, C'EST CADEAU
Des anecdotes, il n'en manque pas Philippe. Ne parlons pas des 3èmes mi-temps, ce qui se passe à la 3ème mi-temps reste à la 3ème mi-temps. Il peut cependant évoquer celle-ci, parmi tant d'autres: ce soir de concert, au casino. Madame Bauchet, la directrice de l'établissement, avait tellement aimé le moment qu'elle avait dans la foulée donné pour consigne au papa de Philippe d'acheter l'instrument de son choix, puis... de lui envoyer la facture! Les instruments coûtaient très cher, les musiciens n'étaient pas fortunés, un beau geste qui a permis à l'orchestre de se doter d'un bel instrument tout neuf.