Une montagne au prénom digne de Giono : le Gargas et en Chartreuse, dans les forets de la Pinéa

Pourquoi certaines montagnes nous parlent elles plus que d’autres ? J’ignore cette magie , mais d’expérience je comprends que des montagnes me semblent familières, comme dotées de bonnes intentions. Ainsi en est –il du Gargas. Ce sommet modeste haut de 2 209 m , domine le sanctuaire érigée à la Salette en l’honneur de l’apparition de la Vierge Marie. La Salette se situe à un quinzaine de kilomètres de Corps dans le sud-Isère.

L’apparition mariale eut lieu le 19 septembre 1846

Deux bergers , Mélanie Calvat et Maximim Giraud ont rapporté avoir vu une belle dame , laquelle leur a confié un message . 5 ans d’enquête seront nécessaire pour que l’évêque de Grenoble Mgr Philibert de Bruillard, reconnaîsse l’ authenticité de l’apparition. Cette histoire explique la naissance de cette basilique qui fut batie et inaugurée en 1897 dans ces alpages austères.

On voit très bien en gravissant quelques pentes au dessus du sanctuaire , les pierres à la patine orange qui ont servi à sa constructions et il est facile de repérer dans la face sud du Gargas les carrières qui ont permis de récolter ces pierres, on y voit encore les traces de barre à mine . La randonnée au Gargas démarre sur le parking à 1757 m par un bon sentier tout proche des statues en pied de la Vierge en pleurs et des deux bergers.

Nous allons gravir 400 m de dénivelée via des lacets débonnaires

Nous passerons ainsi par le col de l’Eterpat qui domine la vallée de Valjouffrey . Le sentier serpente entre des plantations en lacets, essentiellement des résineux : pin cembro, mélèzes et surtout pins à crochets ! Ces plantations datent de 1983 et se sont poursuivis jusqu’en 1999. Pas moins de 17 000 résineux protègent désormais des avalanches qui ont parfois bousculé le sansctuaire : quelques 7 avalanches entre 1967 et 1984.

Le sentier nous conduit naturellement au Col de l'Eterpat qui domine la vallée de Valjouffrey, au printemps on assiste à un festival de gentianes de Koch au bleu profond et d’anémone pulsatille. On revient vers le sud avant d’aborder la pente sommitale . Une table d’orientation voisine avec l’invitable croix érigée au sommet. Dans les années 80 nous étions quelques uns à s’élancer en parapente depuis ce point de vue sublime , sans bien comprendre que le vent qui redressait notre voile était en fait un rouleau que le vent du nord provoquait.

Du sommet, où que l’on se tourne la vue vous coupera le souffle

On peut s’amuser à réviser sa géographie en découvrant la Muzelle,le pic des Souffles, l’Olan, le village de Valsenestre, mais encore le grand Armet, le Taillefer le Grand Pic de Belledonne. Mais le plus spectaculaire est cette vue sur la plaine de Pellafol où se dresse l’Obiou et la belle étendue du lac du Sautet. Les plus habiles redescendront sur le col d’Hurtière par des prairies très pentues jusqu’à rejoindre le Gr 50 qui ramène au sanctuaire.

Retour en Chartreuse face à la dent rocheuse de la PInea

Bien sûr vous avez le désir de gravir Chamechaude , seulement vous êtes encore un novice et on vous a expliqué que le dénivelé pour atteindre Chamechaude , plus haut sommet de Chartreuse , n’est pas une formalité : plus de 750 m, cela demande réflexion.

Deux cimes sont ainsi parfaites pour s’éduquer à Chamechaude : la Pinéa et le Charmant Som. La Pinéa a ceci de particulier qu’elle présente un éperon rocheux qui s’élance vers le ciel , au point de ressembler à une sœur cadette de Chamechaude .

La Pinéa culmine a 1771 m d’altitude , nous gravirons un dénivelé modeste , environ 460 m . Ne pensez pas que le nom de Pinéa évoque une forêt de pins. Pinéa vient d’une vieille racine Pen qui signifie la corne , le pic, le rocher pointu.

Les poètes affirment que la Pinéa rend compte de la forme d’une corne naissante de génisse

A vérifier sur place ! Pour commencer atteindre le col de Porte , attention aux cyclistes si nombreux qui aiment en découdre avec cette route ombragée. A 1330 m, au parking de l’hôtel des 3 sommets se diriger vers la statue , un incroyable géant de bois à deux têtes sculpté à la tronçonneuse.

Le sentier de la Pinéa est indiqué, il porte un balisage jaune et rouge c’est le sentier du Tour de la Chartreuse . On marche en sous bois dans des sentiers qui ont la fâcheuse tendance à être gras, voire très gras en cas de pluie. Qu’importe, aujourd’hui il fait chaud et sec et c’est juste le bruissement de la forêt qui nous accompagne, on arrive à 1530 m au carrefour des Frettes , un panneau couvert de pancartes jaunes indique les différentes possibilité , nous on suit la Pinéa sans trop se poser de question en jouant à repérer les marques jaunes qui indiquent le bon chemin. Rendus à la crète du Plenom à 1615 m on découvre un sentier qui part à droit vers les crêtes du Monfromage et plus loin à l’oratoire d’Orgeval sous le Charmant Som.

Définitivement sorti de la forêt, le paysage s’ouvre et alors quelle beauté , quel élan que cette proue de roche ! Mais comment atteindre le sommet, il parait inaccessible ? Facile, on suit les traces jaunes qui s’insinuent entre les rochers relativement patinés, l’ascension est un peu aérienne, suffisamment pour se croire alpiniste le temps de quelques pas. Puis presque à son insu, vient le sommet là où tout s’arrête !

On reste prudent surtout s’il y a foule, et de là, de ce toit de notre monde, on contemple Chamechaude en face.

D’un coup la reine de la Chartreuse nous semble plus proche, plus accessible, oui, elle sera bien notre prochain objectif. Reste à redescendre et pourquoi ne pas suivre à l’intersection des Frettes le circuit qui longe les crêtes de Montfromage et atteindre l’oratoire d’Orgeval sur la route forestière qui méne au Charmant Som ? Une jolie boucle en perspective ! J’en connais même qui, valeureux et gourmands, pousseront jusqu’à la fromagerie du Charmant Som, histoire de goûter au Serac Frais ou à la tome de vache. Curieux comme une telle dégustation ôte toute fatigue ! Vive les vaches du Charmant Som.