Un lac en Belledonne, pas le plus connu mais... Puis direction Chartreuse vers un habert et des coqs

Sans aucun doute la cime de la Jasse est une des randonnées à ski parmi les plus populaires en Belledonne. Un bel itinéraire qui permet de confronter ses peaux de phoque à 1142 m de dénivelé…

Mais on peut préférer une balade plus modeste et dans des conditions estivales , parfaite à réaliser en cas d’été indien. D’autant que cette balade au lac de Venétier se déroule pendant un long moment dans une combe où en automne les myrtillers laissent exploser le pourpre de leur feuillage. A 55 km de Grenoble via Prabert on atteint le fameux parking du Pont de la Betta à 1297 m .

Ne soyez pas étonné de la longue colonne de véhicules garés tout au long de la route . Le Pont de la Betta est le point de départ de randonnées très populaires comme celles par exemple du lac de Crop ou du pas de la Coche . Il est aussi très prisé des chercheurs de champignons qui espèrent la cueillette de cèpes , de trompettes de la mort ou autres chanterelles grises . Nous on va un peu plus haut , et l’on se gare au parking du Muret .

De là on prend une route qu’empruntent quelques véhicules tout terrain qui se rendent au habert de Aiguebelle. On passe devant le petit bâtiment d’une conduite forcée puis devant le minuscule habert du muret où flotte un drapeau du Dauphiné. On passe aussi devant de curieuses tours en pierre en forme d’étrave, sans doute des murs destinés à protéger des poteaux métallique des avalanches.

Le matin la progression est parfaite, on est au frais en sous bois, c’est le paradis des amanites tue mouche. Doucement on approche du habert d’Aiguebelle à 1740 m, qui est en train de devenir un refuge conséquent avec un programme de plus de 30 couchages et déjà au rayon bar : un super cocktail à base de myrtille et de menthe. Je rappelle que le habert désigne surtout en Chartreuse une maisonnette d’alpage. C’est juste en dessous du habert qu’une intersection permet de choisir d’aller plutôt vers le pas de la Coche, avec cet inconvénient esthétique de progresser en lacet sous des lignes à haute tension qui gachent un peu le paysage.

Nous , nous dépassons le habert d’Aiguebelle, une source coule allégrement et un panneau indique : infusion ayurvédique pour sportif ! Dire que les choses sérieuses commencent n’est pas inexact, en effet nous allons grimper dans cette combe de la Jasse jusqu’à 2090 m. Pas mal puisque depuis votre parking vous aurez parcouru quelques 785 m de dénivelé ! le décor est splendide avec ces arêtes crénelées du Ferrouillet qui semble veiller sur le paysage. On ne découvre le lac qu’au dernier moment. Oh, il ne faut pas rêver, c’est un petit lac, une miniature de lac avec des eaux translucides ou turquoises qui reflètent les rochers qui habillent sa rive . La vue sur la dent du Pra les arêtes de Belledonne en bluffera plus d’un. De petites pelouses offrent des nappes parfaites pour le pique nique ! Vous reprendrez bien, une pomme , du gingembre confit ou des rillettes de canard ? A quelques pas de là, presque invisible un bouquetin se prélasse et vous aussi !

Pravouta : une montagne douce face à la rigueur et la raideur de la Dent de Crolles

La montagne d’en face est un concept. En effet lorsqu’on parvient à un sommet, le regard se tourne vers l’autre sommet, celui qui fait face et que l’on va dés lors convoiter. Ainsi tous ceux qui se rendent sur cette cime initiatique de Pravouta en Chartreuse sont aux premières loges pour admirer cette reine qu’est la Dent de Crolles ou guère plus loin les reliefs du Grand Som. Pravouta c’est la randonnée par essence facile , le dénivelé frôle les 350 m , le sentier est aimable et après l’effort quel réconfort que d’admirer depuis la croix sommitale un paysage bucolique à 1760 m d’altitude.

Pour accomplir ce rêve à la portée de tous il suffit de se rendre en Chartreuse au col du coq, où l’on se gare il est exactement 1434 m , à pied on prend la petite route qui descend vers st Hugues et très vite on prend un sentier évident sur la droite qui indique entre autres le Habert de Pravouta . Si bien sur le sommet de Pravouta est le but ultime , je pense qu »’il est indispendsble de faire un écart léger pour se rendre au habert de Pravouta à 1600 m. ce habert est une des plus ancienne bergerie d’alpage. Il fut bâtie en 1698 par les moines Chartreux. Réhabilité par le département ces dernières années , ce refuge non gardé doté de deux tables, d’un poêle à bois est particulièrement accueillant et beau. On rappelle juste qu’il ne faut pas ramasser de bois mort ni bien sur couper du bois , les gardes mettent à disposition des buches pour les frileux. Nous sommes en effet dans une espace sensible de 206 hectares où la protection du milieu est prioritaire.

Ce habert fut loué de 1904 à 1960 a une famille de Theys en Belledonne les Ferrier, qui venaient utiliser les alpages . les montagnards de Theys montait à Pravouta pour trois mois et demi d’estive avec 90 vaches laitières, 50 génisses, une quarantaine de chèvres et une vingtaine de cochons à engraisser. Pravouta rime avec Tetras . en effet tout le secteur de Pravouta et du Roc d’Arguilles abritent ce bel oiseau, le fameux Tetras lyre ou petit coq de bruyère . Un oiseau fragile, bien souvent dérangé par ignorance, par des skieurs de randonnée. En effet, il aime, se cacher en hiver sous la neige poudreuse et quand il est délogé , sa fuite lui demande une dépense d’énergie qui l’affaiblit considérablement . Soyez donc très attentifs à ne pas franchir les zones marquées par des fanions qui alertent sur la présence de ce coq de bruyère.

Il est bien possible qu’en mars, avril ou mai vous entendiez ses roucoulements graves : c’est le chant du coq ! En effet à cette période le coq effectue des parades nuptiales sur des aires dégagés que l’on appelle des places de chant avec, au centre, une sorte d’arène où les mâles se mesurent sous le regard des femelles qui pourront ainsi choisir le dominant.

Une fois au sommet de Pravouta vous pouvez effectuer une boucle élégante , bien sûr vous redescendez au petit col entre le roc d’Arguille et Pravouta , à 1692 m exactement, et sur la droite, à travers bois, vous empruntez un sentier parfois bien glissant qui vous ramène sur le versant du Col des Ayes, et, de là, vous retrouvez facilement le col du Coq. Vous avez marché environ 5 kilomètres, vous êtes en pleine forme, un aigle vous a accompagné, et qui sait avec un peu de chance vous aurez aperçu sur une souche lointaine le coq de bruyère avec les plumes bleutées de sa queue en forme de lyre…