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Un alpage où la vierge fit son apparition et des marmottes qui espèrent sortir de l'hiver

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Gravir la cime du Gargas au dessus du sanctuaire de la Salette, et admirer l'Obiou, sentinelle du Dévoluy. Puis savoir attendre les premières chaleurs du printemps pour découvrir l'animal emblématique des Alpes : la marmotte.

le sanctuaire de la Salette et le montagnes du Dévoluy
le sanctuaire de la Salette et le montagnes du Dévoluy © Getty - Getty

La Salette est un lieu universellement connue

Dans le sud Isère, au cœur des alpages du Planeau et du Gargas, dans un paysage somptueusement austère qui emmène le regard vers les donjons dévastés de l’Obiou et les machicoulis du Dévoluy, une basilique abrite le souvenir de deux jeunes bergers Mélanie et Maximim. Ces deux jeunes gens, ils avaient respectivement 15 et 11 ans, déclarèrent avoir vu une belle dame que le clergé identifia comme étant la Vierge Marie.

Cette apparition va entrainer la construction d’une église à 1769 m d’altitude et les moutons qui paissent les pentes de la croix de Rougny , de la Pale ou de Prés Clos vont désormais entendre les chants des pélerins au milieu du sifflement des marmottes. Ayant vécu dans la hameau de Dorcières à 1400 m , dominé par la montagne du Planeau qui soutient le sanctuaire, j’ai appris à connaître presque tous les chemins qui mènent sur les crêtes d’où le paysage est littéralement époustouflant . Chaque fois que je reprends ces sentiers chéris je ne peux m’empêcher de penser à deux de mes voisins. Jean et Henri Pras.

Je crois n’avoir jamais appris autant de la grandeur de la montagne qu’en les fréquentant. Ils vivaient à Dorcières depuis l’aube des temps avec leur père Augustin. Ce hameau délaissé ètait quelquefois appelé le village des Trois sans femme. Non qu’il y ait pléthore d’amazones mais tout simplement parce que les trois garçons étaient les seuls occupants de cet endroit magique. Le hameau, bâti sur un léger plateau , orienté plein sud, laissait s’écouler une petite rivière qui alimentait des frênes dont Henri coupait les branches encore feuillues pour servir de fourrage à leur animaux . Quand je les ai connus, ils possédait un chien, un mulet prénommé Chamou, 4 ou 5 vaches, des brebis , quelques lapins, des poules et un cochon. Ils cultivaient des pommes de terre et du blé pour le pain.

J’étais toujours interpellés par leurs poubelles , elles contenaient invariablement quelques boites de sardines et de temps à autre un bidon en alu de sirop de menthe. Rien d’autres. Dorcières est situé sur un chemin qui mène au sanctuaire via le Planeau et quelquefois des promeneurs faisaient halte près de Henri qui  gardait ses moutons et tous lui demandaient invariablement ses prévisions météos . Il fallait alors voir Henri , béret vissé sur le tâte , cape noir sur les épaules, cigarette vaguement allumée sur la commissure de la bouche, et sourire en coin, il répondait malicieusement « Té té, je n’ai pas encore écouté Gillot Pétré, je peux pas vous dire ! ». Jean et Henri ne sont plus là mais vous pouvez toujours gravir les pentes du Planeau puis arrivés au sanctuaire remonter les lacets qui mènent au sommet du Gargas. Une superbe randonnée pour découvrir depuis ces hauteurs les sommets du Dévoluy et l’indolent lac du Sautet

le beau regard de la marmotte
le beau regard de la marmotte © Getty - getty

Depuis que la marmotte est une héroïne dans le domaine de la publicité (elle emballe le chocolat dans du papier alu) , cet animal charmant connait une notoriété de star.

Vendue sous forme de peluche dans le moindre magasin de souvenir au-delà de 800 m d’altitude, bien des enfants imaginent peu qu’elle est un animal réel, si facile à observer pour peu qu’on emprunte un sentier de montagne. Impossible d’oublier ou d’ignorer son coup de sifflet strident, c’est ainsi qu’elle avertit ses congénères d’un danger, lequel est, le plus souvent, l’ombre d’un aigle qui survole la famille. La marmotte tout comme le chamois est un animal strictement diurne. Elle aime le soleil, et d’ailleurs ne connait que la belle saison de l’été, puisque de la mi -octobre à la mi- avril, elle dort tranquille au fond de son terrier.

Cette sybarite aime la sieste, elle aime jouer avec ses congénères et manger de l’herbe bien grasse. Son empathie naturelle à l’égard des hommes lui vaut quelques problèmes , les randonneurs n’hésitent pas à la nourrir pour l’apprivoiser, ce qui n’est jamais bon pour un animal sauvage dont le système digestif est d’abord fait pour manger de l’herbe et pas des croissants au beurre. Son hibernation est toujours source d’étonnement. : pendant plus de 5 mois, la marmotte vit au ralenti au fond de son terrier.

Sa température corporelle chute à 7 °C et son cœur ralentit, aux alentours de 4 ou 5 pulsations par minute. Par chance, les chasseurs n’ont pas été très actifs à son égard, sa chair ne serait pas très goûteuse en revanche sa graisse était dotée de vertus thérapeutiques et sa fourrure a bien du servir à quelques manteaux de trappeur ! Quelques décennies en arrière, du côté de Valsenestre dans le parc des Ecrins, un ami avait découvert une marmotte pas très en forme, elle avait en effet les deux yeux crevés , sans doute une attaque d’aigle. On lui soigne quand même les yeux avec une lotion et on lui donne une cuillère de lait concentré sucré. Elle revit ! Membre de la famille à part entière et prénommé « marmotton », elle était copine avec le chat et adorait piquer les pantoufles de la grand -mère… Mais la belle histoire s’est mal terminée, la marmotte en effet boulottait tout dans la maison et pour finir, elle a grignoté des fils électriques. Ce qui lui fut fatal.

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