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"Alain Cocq a été traité comme un paria" déplore Jean-Luc Romero, militant du droit de mourir dans la dignité

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Le président de l’Association pour le droit de mourir dans la dignité, Jean-Luc Romero, était l'invité de France Bleu Bourgogne, ce jeudi 7 mars. Son dernier ouvrage, "Le serment de Berne", fait référence au combat du Dijonnais Alain Cocq, parti en Suisse en 2021 pour un suicide assisté.

Jean-Luc Romero, président de l’Association pour le droit de mourir dans la dignité, invité de France Bleu Bourgogne, ce jeudi 7 mars.
Jean-Luc Romero, président de l’Association pour le droit de mourir dans la dignité, invité de France Bleu Bourgogne, ce jeudi 7 mars. © Radio France

Il se bat pour le droit de mourir dans la dignité. Jean-Luc Romero était l'invité de France Bleu Bourgogne ce jeudi 7 mars. Le président de l’Association pour le droit de mourir dans la dignité a écrit "Le serment de Berne". Il raconte notamment l'histoire du Dijonnais Alain Cocq, parti en Suisse en 2021 pour un suicide assisté.

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Avec Alain Cocq, vous avez constaté au plus près les insuffisances de la loi française ?

Il avait des douleurs physiques, que personne ne pouvait soulager. Il aurait pu vivre des mois, mais dans des souffrances atroces. Il ne pouvait même pas bénéficier de la sédation profonde et continue car on la donne dans l'agonie. Alain Cocq a essayé de rester en France, il ne voulait pas fuir comme un paria à l'étranger, mais il n'y avait aucune réponse. La loi actuelle ne répond pas à beaucoup de situations.

Vous écrivez "Alain Cocq est mort heureux et serein en nous lançant une dernière blague". On peut donc mourir heureux et avec le sourire ?

Il a tellement souffert, c'était pour lui une libération. Personne n'a envie de mourir, mais quand la vie est devenue une souffrance, c'est un soulagement. Il est parti joyeux car il l'a choisi. En Suisse, on vous met une perfusion et c'est à vous de la tourner. Il l'a tournée tout de suite, dès qu'il l'a eue sur le bras. Il avait le besoin d'être soulagé.

"Aucun principe supérieur nous oblige à partir le plus tard possible"

Vous avez écrit "Le serment de Berne". Quelle promesse avez-vous faite à Alain Cocq ?

Je lui ai promis de continuer le combat. J'essaye de le faire même si, parfois, c'est désespérant avec toutes les promesses des différentes gouvernements. François Hollande s'y était engagé mais ne l'a pas fait et, maintenant, il nous raconte dans un livre qu'il regrette. C'est un peu dur.

Pourquoi est-ce que cela bloque ?

Il y a des lobbys très importants. Les grands médecins et les responsables religieux. Les obsèques d'Alain Cocq en sont l'illustration, c'était horrible. Il a été humilié. L'évêque a d'abord refusé la messe. Après un tollé, il a accepté mais le cercueil n'est pas rentré dans l'église. Quelle humiliation ! C'est quoi cette société où l'on ne peut pas honorer un homme ? Il a été traité comme un paria, c'est inhumain.

Vous pensez que votre combat va finir par aboutir ?

Ce combat est utile car on a fait beaucoup avancer l'opinion. Aujourd'hui, elle est à 90% en faveur d'une loi qui légalise l'aide active à mourir. Ils savent qu'il y a des situations où il faut avoir ce choix-là. Cette loi n'est pas une obligation, c'est pour avoir un droit. On a proclamé "mon corps m'appartient" pour les femmes avec la constitutionnalisation de l'IVG. Là, c'est pareil, c'est "ma mort m'appartient". On est dans une République laïque, aucun principe supérieur ne nous oblige à partir le plus tard possible.

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