Manifestations du 1er mai : les salaires, sujet N°1 pour Éric Granata, responsable de la CGT en Savoie

De toutes les revendications (salaire, santé, sécurité au travail, assurance chômage, service public, gestion des fins de carrière) lequel mettez-vous en haut de la pile ?
Eric Granata (secrétaire départemental CGT 73) : Comment prioriser ? Ce sont les travailleurs qui décident de la priorisation de leurs revendications. Nous, la CGT, on voit vraiment le salaire en tête d'affiche.

2023 a été une année record de hausses de salaires, négocié via les NAO : entre 3,5% et 4,75% de taux médian de hausse de salaire. Et pour 2024 ?
Si on écoute les premières propositions des entreprises, c'était 1,5 % d'augmentation. Donc, il y a eu beaucoup de luttes, notamment dans le département, qui ont pu arracher 3,5% à 4 % d'augmentation générale des salaires, pour 2024. Mais si on regarde l'inflation sur la seule année 2023, c'est 4,9 %. Donc ce que dit la CGT, ce que disent les travailleurs, c'est que de l'argent, il y en a. La question c'est comment on les oblige à mieux partager

La rassemblement du 1er mai prévu initialement à Albertville se fait à La Bâthie devant la plus ancienne usine de Tarentaise, NICHE Fused Alumina, en redressement judiciaire alors que 180 emplois sont concernés. Les élus syndicaux parlent de concurrence déloyale des productions chinoises. La logique des marchés internationaux est toujours la plus forte ?
Pas seulement. Saluons d'abord les générations d'ouvriers qui se sont transmis leur savoir faire dans cette usine depuis plus de 120 ans. Mercredi dernier, tout le village s'est réuni pour saluer la sortie du livre de l'ancien délégué syndical CGT Henri Morandini [l'Histoire soicale d'une usine de La Bâthie]. Pourquoi je dis que ce n'est pas tout à fait la responsabilité de la concurrence étrangère ? Parce qu'il y a aussi la responsabilité de la direction dans sa gestion financière de l'entreprise. Quand le corindon asiatique arrive à 750 € la tonne alors qu'une tonne d'alumine, la matière de base est à 600 €, c'est difficile de s'aligner. Donc c'est pour ça que la CGT demande aux parlementaires, notamment ceux qui vont être élus au parlement européen le 9 juin, de mettre en règle des règles anti-dumping. Et ça a aussi une incidence climatique. Moins de transport de marchandises c'est moins d'empreinte carbone. C'est aussi une question de droits sociaux pour tous les travailleurs de tous les pays. Parce qu'on sait très bien qu'ils sont payés à coups de lance pierre dans beaucoup de pays. Donc protégeons aussi l'Europe par ses règles antidumping.