Aimer à perdre la Maison : Un homme et une femme (Affaire Léon Laclau)

Léon Laclau vient au monde en 1951, à Beguios, un petit village situé en Basse Navarre, près de Saint-Palais. Né d’une famille modeste, il prononce ses premiers mots en langue basque. C’est à l’école de la République que le jeune Léon va apprendre à s’exprimer dans la langue de Molière. Orphelin de père, Léon fréquente très tôt l’école primaire tenue par l’ordre religieux de Betharram. Élève studieux et appliqué, il est vite repéré par un enseignant qui suggère à sa mère d’en faire un prêtre : « je ne suis pas contre », dira-t-elle, mais « à condition qu’il devienne un bon prêtre ». Élevé dans la foi profonde qui irrigue cette région rurale du Pays Basque, Léon rejoint d’abord Lestelle-Bétharram, puis le grand Séminaire à Toulouse. A 23 ans, sitôt son noviciat achevé, Léon Laclau s’engage. Il prononce ses vœux de chasteté, de pauvreté et d’obéissance.

Le 22 décembre 1979, Léon Laclau a 27 ans lorsqu’il est ordonné prêtre à l’église de Vic-en-Bigorre, en présence de l’évêque de Tarbes. La cérémonie terminée, s’ensuit un repas festif agrémenté de chants basques, dans l’un des restaurants du village, « comme un repas de mariage auquel il manquait la mariée » selon certains.  Bien vite, le jeune prêtre refuse de vivre reclus dans l’austère presbytère du village. Léon Laclau célèbre, certes, la messe le dimanche matin. Mais, l’après-midi, il endosse le maillot de ¾ centre au sein de l’équipe locale de rugby. Du vestiaire aux 3èmes mi-temps, les joueurs du club savent les fonctions religieuses de leur camarade Léon. Ils ne lui réservent pourtant aucune faveur. 10 années durant, le Père Laclau est aussi actif sur le terrain qu’en homme d’église. Notamment lors des rassemblements des jeunesses catholiques. 

Un soir de mai 1985, le destin du Père Laclau bascule. Comme c’est l’usage, il est prié de visiter le foyer d’un jeune couple endeuillé pour tenter d’apporter quelques mots de réconfort et d’espérance. Au seuil de la maison, Léon se renseigne. L’homme, âgé de 39 ans, est décédé d’un AVC foudroyant la veille. Le couple, arrivé de Paris, est installé depuis peu au village avec leurs 3 enfants. La veuve est une jeune femme d’origine hollandaise, infirmière libérale de profession. Le Père Laclau célèbre la messe d’enterrement de Pierre, son époux. Les mois passent. Veuve à 35 ans, Marga reprend le dessus. Régulièrement, le père Laclau visite la jeune femme et ses 3 enfants. Lui et Marga s’apprécient et s’estiment. Mais, leur relation évolue. Pris de vertige, l’homme d’église devient progressivement son confident, son grand-frère, puis son amant...