Dans les coulisses sulfureuses du château de Versailles

Cette semaine, Accès Privé nous emmène dans les coulisses du Château de Versailles, et plus précisément dans la partie réservée à la sulfureuse comtesse du Barry. Dernière favorite du roi Louis XV, ce dernier lui avait attribué un somptueux appartement de 350m². 13 pièces aujourd’hui en cours de restauration.  

Du coup, pour y accéder, notre reporter Murielle Giordan doit emprunter les escaliers d’un échafaudage en haut desquels elle retrouve Frédéric Didier, l'architecte en chef des monuments historiques.  

L’appartement est aménagé sur des cabinets particuliers du roi. Une solution extrêmement pratique pour le souverain qui pouvait ainsi se rendre chez sa maîtresse sans être vu. 

Le roi avait 3 accès privés dans l’appartement

Car évidemment la future Reine Marie-Antoinette et le dauphin Louis détestaient Madame du Barry mais cette dernière “très simple, bien élevée et au grand cœur ne s’est pas fait que des ennemis à la cour”.  

Guillotinée, elle aurait demandé une dernière minute à son bourreau. Si certains ont interprété cela comme un signe de peur, pour Frédéric Didier c’était surtout une femme “qui était pleine de vie et qui avait envie d’en profiter une dernière fois, une dernière bouffée d’air” 

Elle a apporté beaucoup de fraîcheur dans cette cour

L’appartement est “un lieu assez magique” car il a échappé aux nombreuses transformations. Habité sous la révolution par le bibliothécaire du château, il a échappé à la déféodalisation, ce qui est un cas unique dans le château. “Ici, on a vraiment ce sentiment de temps arrêté”. 

L’objectif de la restauration est de faire en sorte que l’endroit “garde cette magie tout en étant plus présentable”. Et qui dit château de Versailles, dit dorures. Découvrez dans notre podcast comment est préparé “l’assiette” qui permet de faire adhérer des feuilles d'or qui sont ensuite écrasées et polies grâce à une pierre d'agate. 

Alors beaucoup de choses sont dites et racontées sur la débauche du roi Louis XV “pour mieux stigmatiser les abus de l’ancien régime” mais “il faut faire la part des choses” nous avoue Frédéric Didier car “même en cercle intime, le roi ne se départait jamais de sons sens d’être monarque.” 

Une porte permettait au roi d’accéder directement à la chambre depuis sa bibliothèque

Mais ce qui amusait beaucoup étaient les surnoms que donnait Madame du Barry. Celui qu’elle avait choisi pour le roi Louis XV était “La France”. Ce dernier aimait faire son café lui-même et c’est donc de ce moment qu’est né le mot un peu célèbre “Hé La France, ton café fout le camp”. “Un parler assez cru, assez imagé qui dans le milieu de la cour faisait un peu tâche”. 

Installée dans ces appartements en 1768, la dernière favorite de Louis XV en a été chassée pendant l’agonie de ce dernier “pour échapper à la vindicte de la famille royale” mais elle a pu récupérer tous ses biens et effets, majoritairement offerts par le roi.“ Nous avons aujourd’hui une boîte vide mais que nous allons nous efforcer à la fin des travaux de remeubler pour qu’elle soit plus évocatrice” nous précise Frédéric Didier. 

On imagine le grand raffinement qu’il pouvait y avoir dans ces espaces

Avec la transformation au XIXe siècle du château en musée, “on a perdu beaucoup de ces lieux secondaires qui sont des lieux de charme, des lieux de vie, on a perdu cette image de machine à habiter de Versailles. C’est devenu juste un lieu de représentation du pouvoir” 

Dans la suite de notre podcast découvrez la petite bibliothèque de Madame du Barry, “un petit trésor" pour Frédéric Didier. 

Cette résurrection de l’appartement va être quelque chose de très important pour le château