Les secrets de l’Elysée

L’Elysée, c’est un lieu de vie et de travail pour des centaines de personnes invisibles aux yeux des Français et pourtant si essentielles au bon fonctionnement du Palais. Il y a quelques mois, notre reporter avait suivi les pompiers, l’horlogère Yohanna Arvaud ou encore le chef argentier Sylvain Pomart qui bichonne la vaisselle utilisée lors des dîners d’Etat.

Cette semaine, Murielle Giordan est retournée sur place à la découverte d’autres métiers d’exceptions. C’est Pauline de Guibert, chargée entre autres des visites guidées, qui l’accueille dans une salle magnifique où le regard se porte immédiatement sur les nombreux lustres. “Conçue en 1889, cette salle est la 1ère vraiment dédiée à l’activité de réception du Président de la République pendant la 3e république. Toute la richesse artistique de l’époque y est déployée. Ces lustres font parties des premiers lustres électrifiés du Palais de L'Elysée. La fée électricité est arrivée un petit peu avant et Présidence de la République oblige, il faut être à la pointe de l’innovation technique".

Régulièrement des travaux de rénovations voire de restaurations sont programmés. Au moment du reportage, c’est au tour des grande cuisines de se refaire une petite beauté. “Elles n’avaient pas été touchées depuis 50 ans. Elles avaient vraiment besoin d’un grand réajustement notamment ergonomique pour les cuisiniers. C’est un gros chantier qui engendre forcément du bruit mais ce dernier s’adapte aux activités de l’Elysée. Les ouvriers ont un système de leds qui s’allument de différentes couleurs. Si ces dernières sont vertes ils peuvent faire tout le bruit qu’ils veulent. Le orange signifie qu’ils doivent réduire un peu le bruit ou en tout cas ne pas faire des travaux trop bruyants. Quand elles sont rouges, ils ne doivent absolument pas faire de travaux”.

L’Elysée comporte 11 salons dont le salon Pompadour, lieu où le Président de la République accorde quelques audiences ou donne exceptionnellement des dîners. C’est par exemple, ici, qu’ont été réunis les chefs d’Etat européens le 18 novembre 1989, quelques jours seulement après la chute du mur de Berlin. “Ce salon porte le nom d’une favorite du roi Louis XV tout simplement car cette dernière a été propriétaire pendant quelques temps du palais de l’Elysée, appelé à l’époque l'hôtel d’Évreux. C’est ici que se trouvait sa chambre de parade”. Dans notre podcast, Pauline nous explique comment cette pièce a été modifiée au cours des époques que ce soit pour la création de l’escalier d’honneur par le couple Murat ou celle du vestiaire qui fonctionne avec des petits ascenseurs.

Non loin de là, le salon Murat où se trouve Medulla, la nouvelle table du conseil des ministres. Longue de 13,40m, elle est arrivée en 2022. “Ça a vraiment été challenge pour réaliser cette table car elle devait être démontable entièrement et facile à stocker”. Chaque salon a ses petits secrets et objets insolites à l’image du caisson dans le salon des aides de camp. “Hermétique, il sert à la dépose des téléphones portables de celles et ceux qui participent au conseil des ministres afin d’éviter toute fuite d’information. Dans cette même logique, un ministre ne vient pas avec son matériel, les feuilles et les crayons sont fournis”.

Direction maintenant le Palais de l’Alma, de l’autre côté de la Seine. C’est une annexe de l’Elysée où est installée le service de la communication directe. On y trouve par exemple le service de la correspondance et le standard qu’on peut joindre 7 jours sur 7. “L’équipe est nombreuse puisque qu’on répond 24h sur 24” explique Stéphanie, la Responsable du service dialogue citoyen. “4 personnes répondent au téléphone et Karim, lui, s’occupe de récolter toutes les informations et de faire remonter certains appels si besoin”.

"Sur 1 mois, on a environ 10.000 appels, ce qui correspond à 300 par jour. Ce sont surtout des appels de citoyens qui demandent au Président de l’aide mais on a aussi des appels d’opinions diverses et variées en fonction de l’actualité. La nuit, ce sont surtout des personnes qui appellent pour se confier car elle se sentent seules”.

Du côté du courrier, c’est environ 500 écrits par jour qui sont réceptionnés, “1/3 sur papier, 2/3 par mail”. Le service est divisé en plusieurs zones. Une première est dédiée à tout ce qui est scanner pour enregistrer les courriers papiers. "On les qualifie selon si c’est une opinion ou une requête, si c’est urgent ou pas et ensuite on les oriente vers les bureaux qui vont répondre aux courriers. Tous les jours ont fait partir des réponses”.

Au service “Dialogue citoyen”, sont gérés tout ce qui est sollicitation. “Ce sont des courriers d’enfants, de groupes scolaires, des projets universitaires ou encore des invitations” précise Romane, la chargée de communication du service. “C’est un vrai contact direct qu’on a avec les citoyens donc on s’attache vraiment à répondre à toutes ces personnes. Et c’est vraiment le président, lui-même, qui signe les réponses destinées aux enfants”.