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Gainsbourg dans l'œil du photographe Pierre Terrasson

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Pierre Terrasson a photographié les visages du rock dans les années 70/80 (Mick Jagger, Les Rita Mitsouko, Bashung...) et Serge Gainsbourg. A travers son regard, ses souvenirs de la rue de Verneuil et des séances photos décalées, il nous fait entrer dans l'univers de l'artiste et son intimité.

Gainsbourg dans l'œil du photographe Pierre Terrasson
Gainsbourg dans l'œil du photographe Pierre Terrasson © Getty - Foc Kan

Pas facile d'entrer dans la mythique demeure de Serge Gainsbourg, rue de Verneuil. Même pour un reportage. Soit il faut jouer des coudes pour avoir son nom sur une liste de privilégié(e)s, soit tout simplement attendre que des billets soient de nouveau mis en vente... en janvier 2024. Jamais vaincue, notre reporter a choisi d'ouvrir une autre porte, celle de l'atelier du photographe parisien Pierre Terrasson. “On n'est pas chez Gainsbourg quoique... Il est venu quelque fois ici”.

Pierre Terrasson a notamment beaucoup photographié Serge Gainsbourg dans les années 80 à l’époque de l’album “You're Under Arrest”. “Je l’ai photographié à l’époque du Palace, c’est à dire 78/79, de son revival un peu Rock'n Roll avec Bijou à Mogador quand il chantait “Les papillons noirs” et puis après la période reggae avec les musiciens de Peter Tosh. C’était les premières photos live que j’ai faites mais sans le connaître. Je l’ai vraiment rencontré en 84, ici dans cette cité d’Aubervilliers”.

A l’époque, Pierre Terrasson avait aménagé son labo dans un petit atelier de sculpteur de 70m2 où il faisait ses tirages en noir et blanc “et puis Serge, il pissait dans le jardin car je n’avais pas de toilettes”. “Que ce soit Gainsbourg ou Bashung, ce sont des gens que je côtoyais régulièrement parce qu'il y avait tout un parcours de prise de vue à l’ancienne c’est à dire qu’on faisait des photos en couleurs, en noir et blanc et après il y avait un droit de regard. C’est comme ça que je me suis retrouvé à écouter Gainsbourg jouer du Chopin”. Et alors que Serge faisait le tri dans les photos, Pierre Terrasson se souvient avoir dû répondre aux fans via l’interphone. “Il le voulait bien. Il y a des gens qui vivent dans des semi-châteaux avec des portes blindées et des alarmes partout. Lui, c’était absolument l’inverse, il avait besoin de parler aux gens. C’est comme ça aussi qu’il est devenu ce qu’il a été”.

Des anecdotes, le photographe en a par centaines comme celle-là en 88 où Gainsbourg s’aperçoit qu’il manque 2 dents à l’assistant de Pierre Terrasson. “Ça l’a gêné et il bloquait là-dessus. Il a alors arrêté la séance photo pour parler avec le jeune homme. Et quand ce dernier lui dit qu’il n’a pas d’argent pour se soigner, Serge estime le montant à 5.000 francs. Mais le gamin ne s’est pas démonté et lui a répondu plutôt 10.000. Serge lui a alors fait un chèque d’une plaque, d’un million ancien en lui disant bien de se refaire les dents et de ne pas mettre ça dans la dope car Serge était complètement anti-cam. Mais il a surtout pas failli déposer le chèque car ce dernier valait plus que la valeur du chèque. Mais il a joué le jeu, s’est fait refaire les dents et a envoyé un petit mot à Serge".

De Verneuil, Pierre Terrasson se souvient des nombreux objets partout dans la maison “mais il était très maniaque, il ne fallait rien déplacer chez lui. Il y a des visuels que je vois passé actuellement avec des cendriers pleins, le paquet de gitane, le zipo... enfin toute une mise en scène autour du tabac que je n’ai absolument pas connue, au contraire. Tu pouvais fumer mais il y avait des espèces de petits cendriers gigognes qui s’empilaient les uns sur les autres et quand tu avais la moindre petite cendre, c’était évacué et tu te retrouvais avec un cendrier neuf. Il n’y avait pas d’odeur froide, il était très méticuleux et ce n’était pas un tabagisme extrême”.

Pierre Terrasson a également beaucoup échangé avec Serge Gainsbourg autour des beaux-arts. “J’ai fait 6 ans de mosaïques et de la peinture à l’huile. En dehors de la photo, on était en terrain artistique de plasticiens mais là, il aurait fallu qu’il arrive à trouver une quiétude qu’il avait plus parce que la peinture tu ne t’y mets pas à 50 ans. C’est un boulot laborieux”.

La photo dont le photographe est le plus fier “est peut-être la série prise avec le vieux Nikon faite en 84. Ce sont les photos les plus fortes que j’ai faites, d’une grande douceur aussi. Il y a des trucs un peu plus mis en scène qui sont moins intéressants mais au milieu de ça, il y a des regards qui sont vachement bien, qui sont très doux. Serge était quelqu’un de très doux malgré tout ce qu’on peut penser, malgré ses frasques”.

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