Dans les coulisses du Louvre - Episode 1

Cette semaine Murielle Giordan arpente les couloirs du Musée du Louvre aux côtés Daniel Soulié, historien d'art et auteur du livre “Le Louvre pour les Nuls”. Une visite très privée puisqu’elle a lieu un jour de fermeture. L’occasion de découvrir tranquillement des endroits interdits habituellement au public. 

Avant tout chose, rappelons que Le Louvre est un ancien château. “Depuis la fin du 12e siècle, c’est un lieu d’expression du pouvoir royal, puis un lieu de résidence royal à partir de Charles V jusqu’au moment où Louis XIV décide d’agrandir le château.” Ce dernier ne pouvant vivre au milieu des travaux et de la poussière, part s’installer alors aux Tuileries. 

Du jour où Louis XIV a quitté sa chambre du Louvre, plus aucun roi n’a dormi dans le bâtiment. 

Aujourd’hui devenu Musée, c’est un lieu rempli d’œuvres d’arts et d’émotions. Qu’on y reste la journée, quelques heures ou quelques minutes, “il y a toujours quelque chose de nouveau à découvrir”. 

La visite commence au cœur des vestiges du Louvre. “Et quand on regarde d’un peu plus près les maçonneries, on se rend compte qu’il y a toute une série de dessins en forme de cœur”. Ce sont des marques de tâcheron, une sorte de signature des tailleurs de pierre. 

Chaque équipe avait une marque différente, là on a l’équipe des cœurs

Direction ensuite la salle des caryatides, un lieu historique. “C’est là qu’ont été organisées, durant l’époque de la Renaissance, toute une série de célébrations importantes”. 

C’est dans la salle des caryatides qu’a été exposé pendant plusieurs jours le corps de Henri IV

Henri IV qui “est l’un des très très rares sinon le seul souverain à être mort au Louvre”, dans la chambre royale, un étage au-dessus. Son corps avait été transféré au rez-de-chaussée pour que les parisiens puissent se recueillir sur la dépouille du roi. Très vite ce dernier a été remplacé par une figure de cire. 

Protégé du frère de Louis XIV, c’est dans cette salle également que Molière a pu venir jouer pour la cour à plusieurs occasions”. Une salle que Daniel Soulié trouve presque “flippante” la nuit. Il nous raconte pourquoi dans notre podcast.  

C’est un espace qu’on traversait assez rapidement, on ne s’attardait pas

Notre reporter réalise sa chance de pouvoir visiter Le Louvre vide de tout public, notamment quand elle se retrouve face au grand escalier en haut duquel trône “La victoire de Samothrace”, “l’une des grandes dames des collections avec la Vénus de Milo et La Joconde”. 

La Joconde qui se trouvait au 19e siècle dans la salle carrée où était présentée “une sélection des chefs d’œuvres des collections de peinture non françaises”.  

C’est là, qu’un matin, les gardiens se sont rendus compte que le tableau n’était plus là

En effet, le 21 août 1911, lors d’un de ses rondes, un gardien constate la disparition de l’un des tableaux le plus célèbre au monde. Il pense au départ que l’œuvre a simplement été déplacée par les conservateurs mais non “La Joconde” a bel et bien été volée. “Tous les grands journaux du monde ont fait leur une sur cette affaire”. Une mise en avant qui a fortement contribué à la notoriété de la toile.  

Il va s’écouler 2 années avant qu’elle revienne au Louvre, à la veille de la première guerre mondiale. Le poète Guillaume Apollinaire a été un temps accusé, il a même fait quelques jours de prison. Mais c’est en fait un peintre en bâtiment qui travaillait au Musée qui est à l’origine de l‘affaire. Daniel Soulié nous explique les raisons de son geste dans notre podcast. 

Mais même quand le Louvre est fermé au public, il se passe beaucoup de choses entre ses murs. 

Beaucoup de monde s’active dans les couloirs et les salles notamment pour installer ou désinstaller des expositions. Murielle Giordan a pu assister à la mise en place dans un escalier d’une œuvre de plus de 100 kilos. Un moment extrêmement délicat qui nécessite une équipe spécialisée soit en interne soit en externe avec des entreprises qui ont l’habilitation “transport d’œuvres d’art”. 

Et puis parfois, il y a des tournages, à peu près 450 par an, pour le petit et le grand écran mais aussi pour des clips comme par exemple celui de Beyoncé et Jay Z. 

Merci à Daniel Soulié, archéologue et historien d'art, auteur notamment du “Louvre pour les nuls” (éditions First/Musée du Louvre) et Isabelle Deborne, chef du service des tournages pour cette visite exceptionnelle