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Comment lutter contre les incivilités ?

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Les incivilités se manifestent par le dépôt de déchets sauvages, le non-respect des limitations de vitesse, des espaces publics vandalisés. Ce qui met en danger la qualité de vie au quotidien.

Les incivilités mettent en péril le vivre ensemble.
Les incivilités mettent en péril le vivre ensemble. © Getty - Peter Dazeley

Chacun a sa définition des incivilités. Pour Robert, c'est le "non-respect de l'environnement", au sens large : "les trottinettes qui restent sur le trottoir, les décharges sauvages au pied des containers, les poubelles ménagères pas triées, les excès de vitesse, les aires de jeu dégradées". Quand il tente d'amorcer un dialogue et qu'on lui demande :  "vous êtes de la police", il se rend compte que le sujet est hautement inflammable.

Ombelyne Dagicour, adjointe la mairie de Poitiers chargée de la démocratie locale et de la participation citoyenne, est parfaitement consciente que ces gestes du quotidien qui "empoisonnent la qualité de vie dans nos différents quartiers". Pour comprendre ces incivilités, il faut comprendre à quoi ressemble nos villes aujourd'hui. "Elles sont devenues traversantes, elles remplissent essentiellement une fonction : aller d'un point A à un point B dans l'espace public. Il faut qu'on puisse recréer des espaces de rencontre que l'on respecte." Rendre la ville vivable, c'est une vigilance permanente, c'est la théorie de la vitre cassée. "Si vous laissez une voiture qui a une vitre cassée, si vous n'agissez pas rapidement, vous pouvez être sûr que le lendemain ou le surlendemain, c'est dix voitures qui vont se retrouver avec la vitre cassée." Ne rien laisser passer est la première action, mais il faut voir plus loin. "Si on fait en sorte qu'il y ait des familles, des personnes plus âgées, des jeunes qui se rencontrent sur un même espace avec d'autres usages, on sait qu'il y a moins d'incivilité sous le regard des autres." La montée de l'individualisme est un phénomène qui a pris de l'ampleur, mais c'est aussi une question culturelle. "Il faut qu'on prenne davantage en compte la dimension interculturelle. Quand on vient d'autres pays, d'autres régions, on n'a pas toujours les mêmes habitudes, les mêmes codes, les mêmes représentations."

"Chaque enlèvement de déchets sauvages coûte 193 €"

La ville de Poitiers a vécu deux grands changements en peu de temps : une nouvelle organisation de la collecte des déchets avec des passages moins fréquents et le passage de la vitesse sur les routes à 30 km/h. Ombelyne Dagicour reconnait que "cela prend du temps de changer des habitudes". La ville et l'agglomération mettent en place un plan pour avancer sur le dossier des déchets, vraie nuisance pour les habitants. "On a refait un courrier à destination de toutes les copropriétés du centre-ville pour rappeler justement ces nouvelles règles. À la rentrée 2024, on va aussi refaire de l'information, de la médiation auprès des habitants, des étudiants sur les nouveaux horaires et les lieux de collecte des poubelles. On va aussi ajouter des bornes de collecte. Et puis le service de déchetterie mobile, que l'on a testé dans certains quartiers, va être généralisé, dans le courant de l'année prochaine." La gestion de ces déchets sauvages a un coût énorme pour la collectivité : "à chaque fois que l'on doit traiter l'enlèvement de déchets sauvages, cela représente 193 € d'argent public. Donc, nous allons porter le montant de l'amende à 200 €, pour avoir cet effet dissuasif." Les dépôts sauvages ont tendance à se multiplier, pas seulement de la part des particuliers, mais aussi des entreprises.

Le passage de la ville de Poitiers de 50 à 30km/h, le 1ᵉʳ septembre 2023, répond à une préoccupation de sécurité des habitants. L'objectif est de rendre la ville plus sécure, moins bruyante, moins polluée et plus apaisée. "La réduction de la vitesse, la dangerosité de la circulation, c'est le premier motif d'interpellation que reçoit la ville. Tous les jours, on reçoit des courriers d'habitants de Poitiers, de tous les quartiers qui nous disent : ça roule trop vite. La prévention routière estime que passer de 50 kilomètres heure à 30 kilomètres heure, réduit de 82 % le risque de blesser un piéton en cas de collision." Quant aux trottinettes en libre-service, qui ne sont pas censées rouler au-delà de 10 km/h à Poitiers, malgré les critiques, "c'est un succès parce qu'en termes de mobilité douce, accessible pour les jeunes en particulier, cela marche bien. Notre prestataire Pony nous a fait remonter ses chiffres avec 97 % de bonne utilisation des trottinettes."

Les incivilités : sujet prioritaire pour les habitants

"Je pense que quand on parle de ville accueillante, il faut la rendre accueillante", Gilbert estime que les espaces verts ne sont pas assez entretenus, aux pieds des arbres ou des immeubles à Poitiers. Avis que ne partage pas Véronique : "je trouve que c'est vachement bien de laisser l'herbe un peu pousser naturellement". Ce qui la chagrine, ce sont les papiers qui trainent. "Il y a un équilibre à trouver entre la nécessaire préservation de la biodiversité, le fait qu'il faut plus de nature en ville partout là où c'est possible et une ville "propre", il faut s'interroger sur nos représentations durablement ancrées" reconnait Ombelyne Dagicour.

Poitiers a mis en place une assemblée citoyenne et populaire avec 100 habitants tirés au sort pour avancer sur des propositions pour lutter contre les incivilités, sujet prioritaire pour ces habitants. "On va aboutir à la mise en place d'un guide qui va nous permettre de concevoir les espaces publics de manière plus égalitaire. Nous allons le tester grandeur nature dans un quartier à Saint Eloi, au square de la citoyenneté, devant la place de L'horloge. C'est un lieu où il y a régulièrement, malheureusement, des incivilités et cela peut générer du sentiment d'insécurité." Ombelyne Dagicour salue la mobilisation et l'engagement des citoyens qui s'emparent du sujet pour agir au plus près de chez eux. Réduire les incivilités est une responsabilité collective, mais avant tout individuelle.

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