La danse, ce "langage universel des corps"

“Danser, c’est comme parler en silence. C’est dire plein de choses sans dire un mot.” Le chanteur colombien Yuri Buenaventura sait de quoi il parle, lui qui a fait danser pas mal de monde. C'est en regardant l'émission Danse avec les stars, qu'Inès s'est inscrite à des cours de danse de couple, quand elle était ado, après avoir commencé la danse classique à l'âge de six ans. Elle fond pour la bachata au point de partir de former à Madrid. Elle y découvre la bachata sensuelle, la plus torride, avec un savant mélange de ronds de bassin, vagues, cambrés, et jeux de regards... "Cela permet de créer de très belles connexions, parfois même avec des personnes avec qui on a jamais dansé."

"Danser est un geste technique qui devient intéressant quand il est connecté"

Caroline Varenne, professeur de danse à Poitiers, accueille régulièrement des jeunes couples en passe de se marier, "qui ont toujours ce souci de créer un lien transgénérationnel et d'offrir à leurs invités une ouverture de bal comme il se doit, en y associant bien souvent leurs parents". Les bals, de plus en plus rares, les réseaux sociaux d'avant l'heure, étaient très courus. De nombreux couples s'y sont formés, lors d'un slow ou d'un rock endiablé. Les danses à deux créent un lien particulier où chacun a un rôle : leader ou follow. Changer de partenaire est vraiment intéressant. "On ne va pas développer forcément les mêmes énergies, la même manière de guider pour le leader, ni la même manière de suivre pour le solo, en fonction de la personne avec qui l'on danse. Au départ, danser est un geste technique qui devient intéressant quand il est connecté."

Michel danse le rock depuis plus de 40 ans avec toujours autant de plaisir. "Avec une bande de copains, on écumait les baloches. Et puis dans ces bals, on dansait ardemment le slow, ça va de soi. On s'exerçait aussi au rock'n roll. J'ai très vite vu les limites de danser entre nous et j'ai dû rejoindre une association." Il a depuis appris à danser la salsa et le West coast swing. C'est grâce à la danse que Guillaume a surmonté sa pudeur. Il est devenu accro aux danses latines, salsa cubaine, bachata, au point d'être même tenté par la kizomba danse, originaire d'Angola.

Caroline Varenne observe avec bienveillance les premiers pas des danseurs : "Quand on n'est pas très bon en danse, il faut surmonter cette pudeur. Ce n'est pas simple. La première difficulté est d'arriver à se mettre en scène soi-même, on prend un risque, on s'expose quand même à sa propre gestion du corps et du mouvement. La deuxième problématique, c'est la confrontation à l'autre dans les danses à deux. La troisième, c'est le regard des autres qui sont autour et qui vous regardent danser. On a toujours peur du jugement des autres." Dans tous les cas, un bon danseur est un danseur qui respecte le niveau de son partenaire, le met en confiance pour l'aider à lâcher prise. "Effectivement, au début, on n'ose pas, reconnait Thierry, après, on prend de certaine prestance. Cela arrive tout doucement, naturellement."

"Trouver un plaisir particulier avec quelqu'un qu'on a jamais vu"

Danser seul permet de se découvrir, d'apprivoiser son corps. Danser à deux prend une autre dimension : " il faut aller à la rencontre de l'autre et d'établir un dialogue ensemble". Quand on sait danser, on emmène partout avec soi ce bagage qui rend léger. "Il suffit parfois juste d'une danse pour arriver à se connecter et trouver un plaisir particulier avec quelqu'un qu'on a jamais vu, que l'on ne reverra peut-être jamais. C'est l'intérêt d'avoir un langage universel des corps."

Même avec les années, la danse reste précieuse, pour la tête comme les jambes. "On est sollicités par tous les sens, par le rythme de la musique, la coordination avec son ou sa partenaire, la coordination des pieds, des mains, du corps, la rotation, le déplacement. C'est bon pour la mémoire aussi, car on est obligé, notamment pour les danseurs, d'avoir des propositions à faire en termes de figures et schémas."