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Rugby féminin : "Les choses avancent lentement mais ça progresse," estiment ces rugbywomen bordelaises

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L'affluence pour le "crunch" France - Angleterre féminin à Bordeaux ce samedi s'annonce record. Une visibilité qui devrait faire du bien au rugby féminin qui peine encore à attirer les financements et à se professionnaliser, même au plus haut niveau.

Le rugby féminin gagne du terrain, mais il y a encore beaucoup de travail pour professionnaliser les joueuses. Le rugby féminin gagne du terrain, mais il y a encore beaucoup de travail pour professionnaliser les joueuses.
Le rugby féminin gagne du terrain, mais il y a encore beaucoup de travail pour professionnaliser les joueuses. © Maxppp - Jean Maurice Chacun

Mardi, déjà plus de 22.000 places avaient été achetées pour le "crunch", le France-Angleterre, qui devra départager les deux pays pour la victoire du Tournoi des 6 Nations féminin. Ce sera samedi au Stade Chaban-Delmas de Bordeaux à 17h45. Une visibilité qui pourrait faire bouger les lignes pour le rugby féminin, encore amateur, même au plus haut niveau. C'est en tout cas ce qu'espèrent celles et ceux qui y participent dans le Bordelais.

"J'espère que ça va lancer une dynamique"

Un match de rugby féminin dans un stade Chaban-Delmas presque plein, ce sera du jamais vu. Alors du côté des Lionnes du Stade Bordelais, on espère que cette visibilité aura des retombées pour tout le rugby féminin. "C'est vrai qu'aujourd'hui, on est très loin du stade plein," reconnaît la demie de mêlée bordelaise Margaux Ducès, et sa coéquipière Louise Lavabre au centre, de compléter : "On avait déjà vu que plusieurs matches en Elite (ndlr : la première division du rugby féminin) avaient réussi à battre des records, à atteindre 6.000, 7.000 personnes donc c'est un grand progrès et j'espère que ça va lancer une dynamique."

Si les Lionnes de Bordeaux attirent des supporters fidèles, difficile de remplir un stade pour le rugby féminin aujourd'hui.
Si les Lionnes de Bordeaux attirent des supporters fidèles, difficile de remplir un stade pour le rugby féminin aujourd'hui. © Maxppp - Jean Maurice Chacun

Car aujourd'hui, le rugby féminin est en grande partie amateur. Seules les internationales sont rémunérées par la Fédération Française de Rugby, les autres doivent allier leur carrière sportive et un travail à côté ou bien leurs études. "C'est pourtant le même rythme que des joueurs pros avec entraînement midi et soir les mardis, mercredis, vendredis, et les matches le week-end," explique Margaux Ducès, "donc parfois, il y a des joueuses en retard parce qu'elles sortent du travail, sont dans les bouchons ou bien elles doivent partir plus tôt."

Avant d'arriver à la professionnalisation des joueuses qui seraient des sportives à temps plein, "il y a encore beaucoup de chemin à parcourir," estime Louise Lavabre, "mais ça avant, lentement, mais ça avance." Cette forte visibilité avec le parcours du XV de France féminin dans le Tournoi des 6 Nations pourrait aider et attirer plus de financement dans le rugby féminin.

Une évolution qui passe aussi par les plus jeunes

C'est en entraînant ses propres enfants au club de rugby de Floirac que Morad El Arf a voulu développer la formation des filles. "J'ai entraîné mon fils et j'ai trois filles qui font toutes du rugby," explique le coach, "et je me disais 'mais pourquoi est-ce qu'elles seraient à moitié reconnues ?' et la reconnaissance, cela passe aussi par le sérieux de la formation qu'on leur propose." Morad El Arf décide alors de développer la section féminine du club de Floirac pour "essayer de dépasser cette pratique où personne ne veut entraîner les filles alors on fait de l'animation. Moi, je refuse cela." Il a donc mis en place une vraie formation sportive pour ces joueuses.

Morad El Arf a voulu développer la section féminine du club de rugby de Floirac, avec une même exigence de formation que pour les garçons.
Morad El Arf a voulu développer la section féminine du club de rugby de Floirac, avec une même exigence de formation que pour les garçons. © Radio France - Sarah Saltiel-Ragot

Depuis quelques années, il le constate, les choses progressent. De plus en plus de clubs proposent des sections féminines et les filles sont de plus en plus nombreuses. Malgré tout, il y a encore certains regards à changer. Les rugbywomen sont nombreuses à encore s'entendre dire que le rugby féminin "ce n'est pas du vrai rugby". "Aujourd'hui, il faut changer cette lecture," affirme Morad El Arf, "si on s'attend à regarder du rugby féminin comme du rugby masculin avec de gros placages rudes, on sera déçu, on est sur autre chose et c'est un beau jeu. D'ailleurs de plus en plus d'adepte me disent qu'ils préfèrent le rugby féminin parce que les joueuses proposent autre chose dans le contournement ou la prise d'espace." Des préjugés que les Lionnes du Stade Bordelais ont aussi subis. "Il suffit de venir voir les joueuses sur le terrain, on n'a pas grand-chose à envier aux garçons," répond Margaux Ducès.

Alors ce samedi au Stade Chaban-Delmas, les Lionnes seront en tribune pour encourager le XV de France qui compte beaucoup de leurs coéquipières dans ses rangs, six titulaires au total.

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