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Entretien avec Cyril Baille - "On vit des moments incroyables, il faut se rendre compte de la chance qu'on a"

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Cyril Baille, pilier du Stade Toulousain et du XV de France, revient sur la saison des rouge et noir, de cette entrée tonitruante en Champions Cup, du Top 14 ... mais aussi de ses débuts au rugby, son premier match en tant que pro, et de sa fille !

Cyril Baille, pilier du Stade Toulousain Cyril Baille, pilier du Stade Toulousain
Cyril Baille, pilier du Stade Toulousain © Radio France - Anaïs Genin

France Bleu Occitanie : On a la sensation que ça marche mieux en Champions Cup qu’en Top14. Comment l’expliques-tu ? Le format de la compétition ?

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Cyril Baille : Non, je pense que c'est surtout le fait qu’on se soit bien préparé sur les échéances européennes et en Top 14, on a aussi eu peut-être un peu de mal au retour de la Coupe du Monde, à rejouer tous ensemble et c'est ce qui est normal puisque ça faisait un petit moment. Et voilà, on retrouve aussi nos automatismes petit à petit et depuis quelques semaines, on se sent vraiment bien.

On sait aussi que c'est un sprint (la Champions Cup), donc peut-être qu'inconsciemment on se prépare aussi à faire des gros matchs. Mais bon, en Top 14 aussi, on sait très bien qu'on essaie de faire des gros matchs. Après on a eu des matchs difficiles qui se sont joués sur des détails qui n'ont pas tourné en notre faveur. Mais je pense surtout que, comme je le dis depuis ces dernières semaines, on s'est bien retrouvé et c'est de bon augure pour la suite.

Ton regard sur le Top 14 cette saison ?

Le Top 14 est une compétition très difficile où le niveau s'élève d'année en année. Il y a beaucoup de clubs qui haussent leur niveau de jeu et c'est de plus en plus dur d'aller gagner à l'extérieur comme à la maison - ce qui fait aussi le le charme du Top 14. Mais c'est vrai que c'est c'est long, on le sait et il faut aussi gérer la longueur du championnat. Mais en tout cas on fait le nécessaire pour être le plus performant possible.

Avec les échéances internationales, il va falloir faire confiance à la jeunesse. Comment tu te places d’ailleurs dans le groupe ? C'est quoi ton rôle en tant que leader ?

Moi j'essaie d'être le plus bienveillant possible avec eux, j’essaye de leur amener le maximum. C'est la force aussi du groupe d'avoir des jeunes comme ça. On a la chance d'avoir de nombreux jeunes, ils sont très bien intégrés et ils nous apportent beaucoup de fraîcheur. Alors on se met souvent des pièces aussi entre nous (sourire). Donc voilà, c'est ce qui fait aussi la cohésion du groupe. En tout cas on compte sur eux, on sait très bien qu'ils vont répondre présents.

Il savent qu’ils peuvent compter sur nous, quoi qu'il arrive, on sera derrière eux. En tout cas, c'est ce qui nous fait avancer à nous aussi. Parce qu’il y a beaucoup de jeunes aussi qui montrent le bout de leur nez et qui font des gros matchs, donc ça nous tire aussi vers le haut, c'est ce qui fait que le groupe vit bien.

Toi aussi tu as été épaulé quand tu étais jeune joueur ?

Ah oui, ce sont des souvenirs avec notamment Thierry Dusautoir, Yoann Maestri, Florian Fritz. C'est vrai que quand t'es jeune t'as souvent peur de mal faire, c'est toujours compliqué, mais en tout cas ces personnes ont été importantes pour moi et m'ont aidé aussi à progresser. Donc c'est aussi notre rôle de les aider à donner le maximum.

T'as commencé le rugby ... mais pas en tant que pilier il parait ?

Ouais, ça fait trop longtemps ça pour en parler (rires). J'ai commencé plutôt derrière en 10, 12 après je suis remonté 8, après talonneur, et après pilier gauche. J'ai pu faire quelques postes donc c'est cool. En tout cas je me régale en tant que pilier mais c'est vrai que j'ai quand même joué derrière.

Honnêtement, avec ce que j'ai vécu en tant que pilier, les bons moments que j'ai vécu, je me sens privilégié. Après c'est sûr que dans mes rêves les plus fous, j'aurais aimé jouer peut-être 10 ou centre mais faut se rendre à l'évidence des fois.

T’as commencé au foot ?

C'est juste que ma mère ne voulait pas que je joue au rugby parce qu'elle trouvait le sport trop dangereux et donc je suis allé au foot. Ils m'ont fait commencer attaquant après j'ai fini gardien de but et c'était pas mon point fort, je prenais 3 ou 4 buts par match. Donc on a commencé à me dire "bon Cyril, tu es gentil mais il va falloir que tu changes de sport”. C’est comme ça que je me suis retrouvé au rugby. Mais en vrai j'avais envie d'y aller. C'est juste ma mère qui trouvait le sport un petit peu violent et elle m'a dit “Tu attendras un peu avant de de jouer”. Et quand elle a bien voulu, elle m'a mis le casque, les épaulettes, j'avais tout ! Au fur et à mesure des années j'enlevais une épaulette, le casque et je me suis retrouvé sans rien quoi.

Tu te souviens de ton tout premier match ?

Je me souviens surtout de mon premier entraînement où j'étais arrivé à Lannemezan avec ma mère. On a venait prendre la licence, et moi je pensais pas m'entraîner. J'étais en basket et j'ai mon meilleur ami d'enfance, Jules Maurel, qui m'a prêté une paire de crampons et j'étais sur le terrain. Voilà, ce sont des bons souvenirs et ça m'a marqué.

Et ton premier match en tant que joueur pro ?

J'ai fait mon premier match à Paris au Stade de France, c'était en octobre 2012, j’avais beaucoup d'appréhension de jouer avec les mecs que tu badais 5 ou 6 ans avant, c'était incroyable. Je réalisais pas trop ... même à l'échauffement, je me disais “mais qu'est ce que tu fous là en fait ?” Et après je suis rentré sur un carton jaune de Jean-Baptiste poux sur une mêlée à 5m. Pour un jeune pilier de 19 ans, c'est quand même un beau baptême du feu. Mais ça a été un moment incroyable. Et comme je dis souvent quand même, on vit des moments incroyables et il faut aussi des fois se rendre compte de la chance qu'on a.

C’était il y a déjà 12 ans !

Ouais ça remonte. Dans ma tête j'ai l'impression d'avoir 20 ans mais j'en ai 30 aujourd'hui et et voilà je suis content surtout. Comme on disait, on parlait tout à l'heure des jeunes, mais c'est vrai qu'on a la chance de faire le sport qu'on aime avec des mecs extraordinaires et les jeunes qui arrivent, ils te, ils te permettent de rester jeune dans ta tête.

As-tu un souvenir avec un supporter ?

Ceux qui viennent tous les weekends déjà, il faut dire qu’on a de la chance d'être supporté comme ça. Après on essaie aussi de leur rendre, avec les supporters qui sont là aussi après les entraînements. Ce qui me marque le plus c'est surtout de voir la ferveur qu'il y a ici dans ce club.

Même en Equipe de France, on voit aussi, on sent que depuis quelques années les gens supportent vraiment de plus en plus aussi l'équipe au stade, on a la chance d'avoir les stades pleins tous les weekends. Donc voilà, c'est une chance et on essaie aussi de le rendre sur le terrain, et même à la fin du match, d'aller les remercier aussi en faisant un tour d'honneur. Je pense que ça nous coûte rien, ça leur fait plaisir et ça nous fait plaisir aussi à nous.

Tu arrives à réaliser tout ce qui t’arrive ?

C'est vrai qu'on en parle beaucoup avec les copains. Au final tu réalises pas trop, t'as pas trop le temps de réaliser, c'est pour ça que parfois j'essaye quand même de me poser, de me dire “Voilà tu tu vis quand même des moments fabuleux", surtout ses dernières années où on a eu la chance de connaître des titres. Ce sont des moments fabuleux, la communion aussi avec le public. C'est incroyable quand tu vas au Capitole, que tu le vois plein. Ce sont des moments fantastiques et je pense que c'est important de temps en temps, même si t'es dans une routine, de te dire "on y est, franchement on a de la chance.”

Tu as une petite fille. Tu espères qu’elle viendra au rugby ?

Honnêtement, j'aurais du mal à la voir au rugby, je sais que c'est un sport de contact donc je comprends un peu mieux ma mère maintenant que j'ai une fille. Mais après elle fera le sport qu'elle aura envie de faire et si elle veut faire du rugby, elle fera du rugby. Mais c'est vrai que j'aurais du mal à me dire qu'elle peut se faire mal, surtout que j'ai connu quand même pas mal de blessures et je sais qu’il y en a certaines qui font mal et que c'est dur de revenir. Mais elle fera ce qu’elle a envie de faire, je la soutiendrai toujours.

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