FC Nantes : le style Gourvennec raconté par les joueurs qui ont évolué sous ses ordres

Le Breton est de retour au charbon. Après quasiment un an et demi d'inactivité, Jocelyn Gourvennec, nouvel entraîneur du FC Nantes, va retrouver l'adrénaline du banc, ce samedi contre Nice. "Honnêtement, ça m'a beaucoup surpris de ne pas le voir travailler pendant autant de temps", glisse son ancien serial-buteur à Guingamp, Mustapha Yatabaré. Avec plusieurs autres joueurs passés par les Côtes-d'Armor, le vainqueur de la Coupe de France 2014 a accepté de raconter son vécu avec Jocelyn Gourvennec, "un des meilleurs entraîneurs [qu'il] a pu croiser". Entre discipline, relations humaines, innovation aux entraînements et identité de jeu, ce grand adepte de la vidéo ne les a pas laissés indifférents.

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Un entraîneur rigoureux "mais pas militaire"

Si le Finistérien a fait ses premières armes sur un banc à La Roche-sur-Yon, c'est surtout à Guingamp qu'il s'est fait connaître. Une aventure de six ans, une rareté dans le milieu du football, ponctuée par deux montées en Ligue 2 puis dans l'élite, une finale de Coupe de la Ligue et surtout un titre en Coupe de France en 2014. "Il n'est pas forcément très proche de ses joueurs mais c'est un coach avec lequel on peut discuter", confie Mustapaha Yatabaré, recruté par le nouvel entraîneur canari un an après son arrivée. "Et il sait s'entourer des bonnes personnes", ajoute Lionel Mathis. Au fil de sa carrière d'entraîneur, le jeune quinquagénaire s'est construit la réputation d'une personne "autoritaire, rigoureuse, pointilleuse et qui aime la discipline", dixit Yatabaré. "Mais ce n'est pas militaire non plus, pondère l'ex-milieu de terrain, Lionel Mathis, aujourd'hui reconverti en professeur de tennis près d'Auxerre. Il fait toujours très attention au côté familial et il le fera toujours passer avant si un joueur rencontre des problèmes."

Loin d'être un "gueulard" à la sauce Kombouaré, Jocelyn Gourvennec est plutôt étiqueté "force tranquille" par Reynald Lemaître. L'arrière gauche aujourd'hui retraité poursuit : "C'est un entraîneur qui aime bien discuter, échanger, prendre la température et tenter de comprendre." Comme il l'a fait avec Pedro Chirivella, maintenu capitaine du FC Nantes. L'ex-technicien des girondins et des Dogues est un ayatollah de la communication, terme qu'il a d'ailleurs maintes fois répété à l'occasion de ses deux premières conférences de presse. "À Guingamp, il a vite développé une relation particulière avec quelques joueurs qui pouvaient guider le groupe, se remémore Lionel Mathis. Il arrive vite à se rendre compte des personnes sur lesquelles s'appuyer, il va s'en servir comme relais pour avoir le ressenti sur les séances d'entraînement, la vie de groupe. Il ne cherche pas du tout à épie, mais il veut savoir si les messages passent bien et si certains veulent faire remonter des choses."

"Un puits de savoir sur le football"

S'il s'est montré moins loquace que ne l'était Pierre Aristouy sur le plan tactique et l'animation, Jocelyn Gourvennec ne s'est pas montré hostile à l'idée de dévoiler les contours du jeu qu'il veut prôner, contrairement à certains de ses prédécesseurs. Antoine Kombouré en tête. Pour autant, l'ancien consultant Canal + "est un puits de savoir sur le football", assure Reynald Lemaître. Et ça a agréablement surpris son ancien coéquipier pendant trois ans, en Bretagne. "Quand il arrive, on voit quelqu'un qui connaît le football, qui a un ressenti de joueur, soulève Lionel Mathis. Il sait ce qui se passe sur le terrain et c'est top quand tu es joueur." Un consommateur compulsif de matches qui a certainement éveillé son appétence pour la vidéo. "C'est vrai qu'il en use beaucoup", rembobine Reynald Lemaître, aujourd'hui dans la gestion de patrimoines. "Mais elles étaient assez courtes et les explications  étaient très claires", salue Mustapha Yatabaré, aujourd'hui en D2 turque.

De l'avis de tous ceux interrogés, l'entraîneur s'attache à travailler ce qu'il veut voir reproduit, une fois le week-end venu. "Il nous fait travailler sur nos points forts pour nous faire gagner les matches, détaille Yatabaré. Ce qui m'a vraiment étonné pendant les trois ans ensemble, c'est que ça se passait à chaque fois comme il le prévoyait et il te donne tellement de confiance que tu as envie de la lui rendre." Et ça vaut aussi pour les relations avec la direction. "Il aime maîtriser les choses sur l'aspect footballistique, glisse Lemaître. Il aime bien avoir la main sur le recrutement afin de construire son équipe et la façonner par la suite." Là réside peut-être la plus grosse inconnue, tant le président Waldemar Kita aime mettre lui aussi son nez dans les dossiers de transferts, comme il l'a encore prouvé l'été dernier en signant le Brésilien Adson.

Il préfère développer une identité de jeu plutôt que s'adapter

"Avec les années et les expériences vécues, je me sens plus mûr, plus déterminé aussi, plus convaincu d'un certain nombre de choses que l'on peut apporter à l'équipe", avait assuré le remplaçant de Pierre Aristouy à l'occasion de sa présentation, ce jeudi. Avant de tempérer, le lendemain : "Je ne suis pas un révolutionnaire non plus". Adepte du 4-4-2, le technicien a laissé planer le doute quant au schéma qui aura sa préférence. "Il a beau très bien maîtriser ce système, ça ne va pas forcément à tous les clubs et les styles de joueurs, relève l'ancien de Caen et Nancy, Raynald Lemaître. Mais il n'aura aucun mal à s'adapter." Ce qui est moins vrai lorsqu'il s'agit d'évoquer l'adversaire. "On avait notre identité", salue Lionel Mathis, "et c'est ce que j'aime chez lui", complète Mustapha Yatabaré, meilleur buteur de Ligue 2 en 2013 après une traversée du désert, la saison précédente.

"C'est vraiment un technicien, à cheval sur le bloc équipe, le mouvement", décrypte Mathis qui est épaulé dans l'exercice par Lemaître : "C'est un entraîneur qui repart de derrière, il aime avoir des bases solides. Quand on va se projeter vers l'avant, il y a une stabilité à avoir contrairement à Franck Dumas où c'était tout pour l'attaque et où je me sentais attaquant gauche alors que j'étais arrière gauche." Pour huiler une mécanique si fragile, Jocelyn Gourvennec s'attache en premier lieu à développer les déplacements de ses protégés à l'entraînement. "Il y a une recherche qui conduit à la tactique qu'il prône dans les exercices qu'il met en place, souligne Reynal Lemaître, quatre saisons et demi à Guingamp. Souvent, pendant l'année, on reproduit pas mal les mêmes exercices et lui est dans l'innovation et c'est très plaisant." Et séduisant sur le papier. Mais la seule question qui vaut dans le contexte nantais est : aura-t-il suffisamment de temps pour mettre en place ses idées ?