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Cyclisme : la Bretonne Audrey Cordon-Ragot prête à lancer sa saison, le Tour de France dans le viseur

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Audrey Cordon-Ragot entame sa saison ce samedi 26 février avec le début des Classiques Flandriennes. La coureuse de l'équipe Trek-Segafredo compte bien briller, tout en préparant le Tour de France Femmes, point d'orgue de la saison.

La Bretonne Audrey Cordon-Ragot a été championne de France sur route en 2020. La Bretonne Audrey Cordon-Ragot a été championne de France sur route en 2020.
La Bretonne Audrey Cordon-Ragot a été championne de France sur route en 2020. © AFP - DAMIEN MEYER

"Je suis toujours mieux dans la course." C'est ainsi que la Bretonne Audrey Cordon-Ragot résume sa préparation. La coureuse de l'équipe Trek-Segafredo prépare depuis plusieurs mois ce début de saison, "moment clé pour se jauger." Elle court pour gagner, mais aussi pour se préparer à LA course, celle qu'elle attend depuis des années : le Tour de France Femmes, qui fait sa première édition cette année, en juillet.

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La coureuse, originaire de Plumieux dans les Côtes d'Armor, vit actuellement à Saint-Étienne-du-Gué-de-l'Isle, près de Loudéac. Elle détaille ses ambitions et ses objectifs, à l'aube de cette nouvelle saison.

Un mot pour la saison passée ?

Audrey Cordon-Ragot : Une bonne saison 2021, on a toujours envie de faire mieux mais dans l'ensemble ça s'est bien passé avec un beau Paris-Roubaix et une belle fin de saison.

Quel est le programme des réjouissances pour cette saison ?

Mon premier objectif c'est Paris Roubaix le 16 avril. Ensuite, on a le championnat de France en juin du côté de Cholet. Puis le Tour de France évidemment en juillet et on termine avec le championnat du monde au mois de septembre. Ça, c'est si je sectionne la saison mais après, le programme est riche d'ici juillet, on court en Espagne, en Italie, en Hollande, en Grande-Bretagne. Ça fait des courses toutes les semaines.

Vous démarrez avec les Classiques Flandriennes, comment vous vous sentez ?

Mentalement je suis fraîche, dispo et motivée. Après physiquement, je suis quelqu'un qui n'a pas souvent de bonnes sensations à l'entrainement. Je m'exprime beaucoup mieux en course. Donc je vais essayer d'arriver pas trop stressée, de faire ce que je sais faire. Je cours ces courses là depuis 15 ans maintenant, je connais les routes par cœur, le moindre pavé, donc il n'y a pas de raison que ça se passe mal.

La première partie de saison est toujours importante et les Classiques restent ma spécialité. Les courses d'un jour avec des parcours pavés, c'est ce que j'aime. Physiquement c'est aussi ce qui me correspond le mieux. En plus les parcours ressemblent à ceux que je fais tous les jours ici, en Bretagne. Et puis c'est une partie de saison où la météo est capricieuse et je suis adepte du mauvais temps, là aussi il y a une similitude avec la Bretagne (rires), c'est ce que j'affectionne également.

Et la forme physique ?

Depuis fin novembre-début décembre on est dedans. Après c'est difficile de savoir dans quel état de forme on arrive. Il y a eu des compétitions en Espagne donc certaines filles ont déjà couru, ont pu se jauger les unes aux autres, pas moi. Mais l'ambition c'est de gagner et de monter sur le podium, on part avec une équipe très forte et c'est notre objectif pour ce week-end d'ouverture.

Après les Classiques, il y a des titres individuels à aller décrocher...

Déjà, je veux réitérer mon titre de championne de France du contre-la-montre et récupérer celui sur la route. C'est quelque chose qui me tient à cœur tous les ans. Porter le maillot bleu blanc rouge, c'est vraiment un grand honneur. Encore plus cette année puisque le Tour de France arrivera juste après le championnat de France et j'aurai très envie de porter ce maillot sur les routes du Tour. Ce serait un rêve absolu. Et puis pourquoi pas aller chercher une étape sur ce Tour ! C'est l'un de mes objectifs. Ensuite, il y a toute la partie des championnats avec l'équipe nationale qui est importante. On a envie de briller avec ce maillot tricolore et de monter sur les podiums.

Vous parlez du Tour de France, comment appréhendez-vous cette première édition ?

C'est un double sentiment. On a très très envie d'y être, on est excitée d'être au départ mais en même temps on sait tout le chemin qu'il reste à parcourir d'ici le mois de juillet, pour arriver là-bas à 300%. Ce n'est pas une course qu'on peut prendre à la légère, on l'a tellement voulue. On a envie de bien faire, comme on l'avait fait sur le Paris-Roubaix l'année passée. On veut prouver qu'on le mérite ce Tour de France Femme. Faut prendre chaque étape une par une pour arriver au top à Paris.

Vous arrivez à vous projeter ?

Honnêtement, c'est difficile. C'est l'une des plus belles compétitions au Monde et comme on ne l'a pas encore vécu, c'est compliqué de se projeter. Je n'ai pas non plus envie de me mettre plus de pression qu'il ne faut. J'ai envie d'arriver là-bas avec le sentiment du travail accompli et le sentiment d'être à 300%. Sur le départ on prendra chaque chose comme elle vient et on profitera de chaque instant.

Qu'est ce que représente ce Tour de France Femme pour vous ?

C'est le tremplin qui manquait au cyclisme féminin et peut-être même au sport féminin si on voit plus large. Pour professionnaliser ce métier qui jusqu'ici n'était qu'un passe-temps pour 99,9% d'entre nous. Aujourd'hui on peut vraiment vivre du vélo et participer au Tour de France ça coule de source quand on pense à ce que vivent les hommes depuis tant d'années. C'est l'aboutissement d'un travail de longue haleine, c'est un beau résultat pour les générations qui ne sont plus sur le vélo certes mais qui continuent de suivre ce qu'il se passe.   

Quand on est cycliste, tout le monde nous demande si on court le Tour de France, maintenant, je pourrai dire oui. - Audrey Cordon-Ragot.

C'est une reconnaissance. Je pense qu'on méritait autant que les garçons aujourd'hui de prendre le départ de la plus belle épreuve du monde. Aujourd'hui je me sens légitime et je me dis que j'ai autant les capacités de le faire que les garçons, et j'ai le mérite d'être considérée comme une cycliste professionnelle. Il y a deux ans de ça, ce n'était pas possible ; j'avais du mal à dire aux gens que j'étais cycliste professionnelle parce que, finalement, je ne l'étais pas. La première chose que le spectateur lambda vous demande quand vous êtes cycliste c'est si vous faites le Tour de France, que vous soyez un homme ou une femme. Aujourd'hui je pourrai dire oui. C'est vraiment une grande grande avancée pour nous.

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