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Violences faites aux femmes : quel bilan en Seine-Maritime, un an après le Grenelle ?

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Le 3 septembre 2019 était lancé le Grenelle des violences conjugales. Un an plus tard, plusieurs dispositifs ont vu le jour en Seine-Maritime et les programmes d'accompagnement des victimes se multiplient. Mais il reste du chemin à faire car le nombre de victimes continue d'augmenter.

Un collage à l'occasion de la journée internationale pour les droits des femmes, le 8 mars. Un collage à l'occasion de la journée internationale pour les droits des femmes, le 8 mars.
Un collage à l'occasion de la journée internationale pour les droits des femmes, le 8 mars. © Radio France - Fiona Moghaddam

"C’est face au nombre glaçant des féminicides chaque année que le gouvernement a lancé le Grenelle des violences conjugales pour enfin mobiliser toute la société contre ce fléau et protéger les femmes !" promettait Marlène Schiappa, alors Secrétaire d'État chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes, en octobre 2019. Le 25 novembre, journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes, le gouvernement proposait plusieurs mesures : prise en charge psychologique des agresseurs, saisie de leurs armes, renforcement du numéro 3919, etc. 

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Un plan d'action et un budget jugés insuffisants par plusieurs associations et militantes féministes à l'époque et plus récemment, de "tour de passe-passe" par un rapport sénatorial.

Places d'hébergement, formations et taxis solidaires

Un an après ce Grenelle, quel bilan peut alors être tiré en Seine-Maritime ? Plusieurs dispositifs ont bien vu le jour et notamment la création de places supplémentaires pour accueillir les victimes. "Six places d'hébergement d'urgence et 13 places de logements temporaires ont été créées et viennent s'ajouter aux places de mise à l'abri et appartement déjà existants", explique Laure Soucaille, déléguée départementale aux droits des femmes et à l'égalité entre les femmes et les hommes à la préfecture. Il y a aussi eu la création de trois cellules consacrées aux violences intrafamiliales pour mieux coordonner les acteurs et des formations à destination des forces de l'ordre. 

Les services de l'Etat ont aussi noué, pendant le confinement, un partenariat avec des compagnies de taxis afin d'acheminer les victimes vers leurs différents lieux de rendez-vous. "Si une victime est en incapacité de se déplacer, on déclenche un 'bon' taxi pour qu'elle puisse aller déposer plainte, voir un médecin, aller à l'hôpital, accéder à une structure d'hébergement d'urgence, etc.", indique Laure Soucaille.

"Faire pression sur le gouvernement pour qu'il mette les moyens nécessaires"

En un an, les dispositifs se sont donc additionnés. Mais en parallèle, le nombre de victimes continue, inlassablement, d'augmenter et la Seine-Maritime n'est pas épargnée. Il y a eu plus de 1000 infractions pour des violences au sein du couple en 2019 contre 852 l'année précédente. Deux homicides et quatre tentatives en 2019 contre trois homicides (dont un en direction d'un homme) et trois tentatives en 2018, relève la déléguée départementale aux droits des femmes et à l'égalité entre les femmes et les hommes. 

Au niveau national, 173 femmes et hommes ont été tués au sein de leur couple en 2019 contre 149 en 2018, d'après l’étude de la Délégation aux victimes des directions générales de la police nationale et de la gendarmerie nationale rendue publique le 17 août.

Ces chiffres en augmentation sont inquiétants pour Isabelle, membre du collectif Nous toutes au Havre : "Il faut parvenir à faire prendre conscience de ces violences à la société et faire pression sur le gouvernement pour qu'il mette les moyens nécessaires pour avoir plus de places d'hébergement, plus de formations et pour qu'il éduque et sensibilise les jeunes, notamment." Elle milite pour une enveloppe d'un milliard d'euros.

Nous toutes, Osez le féminisme, les Colleuses ou encore le collectif Droits des femmes multiplient donc les actions, manifestations, collages, rassemblements pour se faire entendre.

Un centre pour auteurs de violences créé avant la fin de l'année en Normandie

D'autres dispositifs sont aussi annoncés. Un appel à projets vient en effet d'être lancé par l'État pour créer des centres de suivi et de prise en charge des auteurs de violence. "L'idée est de baisser le taux de récidive et de mieux accompagner les auteurs de violences avec une prise en charge pluridisciplinaire, explique Laure Soucaille. Il s'agit de les accompagner dans le cadre de procédures judiciaires mais aussi, pour des auteurs qui se manifesteraient de manière volontaire, de mener des actions de responsabilisation collective et individuelle et d'avoir une prise en charge psycho-thérapeutique et une prise en charge des addictions, pluridisciplinaire."

L'appel à projets court jusqu'au 21 septembre. L'expérimentation devrait être lancée avant la fin de l'année en Normandie, puis, un deuxième centre devrait ouvrir en 2021 et un troisième en 2022.

Numéros et lieux d'informations, d'écoute et d'accompagnement des victimes

  • Le 3919 Violence Femmes Info: numéro national de référence pour les femmes victimes de violences (conjugales, sexuelles, psychologiques, mariages forcés, mutilations sexuelles, harcèlement...). Gratuit et anonyme, accessible, en ce moment, de 9 à 19 heures, du lundi au samedi.
  • Le Centre Information sur Droits des Femmes et Familles de Seine-Maritime tient des permanences dans tout le département. Tél. 02 35 63 99 99.
  • Le Centre Information sur Droits des Femmes et Familles de l'Eure tient des permanences dans tout le département. Tél. 02 32 33 44 56.

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