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VIDÉO - Il y a 80 ans, Klaus Barbie ordonnait la rafle de 44 enfants juifs de la Maison d'Izieu

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Le 6 avril 2024, on commémore les 80 ans de la rafle des enfants juifs d'Izieu. Réfugiés dans une colonie, à la frontière de l'Isère et de l'Ain, pour échapper aux persécutions nazies, quarante-quatre enfants seront raflés et déportés avec leurs sept éducateurs, et tués dans les camps de la mort.

C'était une maison refuge. Un lieu pensé pour protéger les enfants juifs des persécutions des nazis. Cette maison, la "maison d'Izieu" a été créée en 1943, dans l'Ain, par Sabine Zlatin et son mari, Miron Zlatin. Elle est infirmière de la Croix-Rouge et assistante sociale dans l'Hérault. Lui, est ingénieur agronome. Au printemps 1943, ils quittent l'Hérault avec quelques enfants juifs qu'ils tentent de sauver. Ils cherchent un lieu où ces enfants seront en sécurité. Ce sera dans le département de l'Ain, alors occupé par les Italiens. Car les autorités italiennes appliquent une politique de bienveillance à l'égard des Juifs.

Une colonie de vacances

Alors, au printemps 1943, aidés par le sous-préfet de Belley, Pierre-Marcel Wiltzer, Sabine et Miron Zlatin installent la «Colonie d'enfants réfugiés» au hameau de Lélinaz à Izieu. Une grande maison, un peu à l'écart, transformée en colonie de vacances. Pendant une année, cette maison accueillera une centaine d'enfants, juifs pour la plupart. Ils viennent de tous les pays d'Europe et restent, quelques jours, quelques semaines, parfois quelques mois. Orphelins souvent, ils sont en transit vers leurs proches ou une famille d'accueil, parfois pour trouver refuge en Suisse.

La maison est installée à Izieu au vu et au su des autorités, en toute légalité. Déclarée à l'administration, les cours d'école y sont même assurés par une enseignante de l'Éducation nationale. Sur place, même s'ils doivent taire qu'ils sont juifs, les enfants retrouvent un semblant de normalité. Grâce aux archives retrouvées, on sait qu'il faisaient des dessins, des piqueniques, du sport... Une vie d'enfant.

Les enfants d'Izieu, ici en 1943.
Les enfants d'Izieu, ici en 1943. - Mémorial de la Shoah/ Coll. OSE

Une vie d'enfant... menacée

Mais une vie menacée. En septembre 1943, l'Italie capitule. Aussitôt, l'armée allemande occupe les départements de l'ancienne zone italienne et les persécutions antisémites s'y intensifient. Sabine Zlatin est inquiète, elle sait qu'il faut trouver un autre refuge pour les enfants et commence ses recherches dès le début de l'année 1944.

Las, le 6 avril 1944, au petit matin, alors qu'elle est partie à Montpellier pour tenter de leur trouver un abri, les troupes de la Gestapo, sous le commandement de Klaus Barbie, investissent la colonie. Les 44 enfants présents sont raflés, ainsi que leurs sept éducateurs, dont Miron Zlatin. Âgés de 4 à 17 ans, tous sont juifs. Ils sont emprisonnés à Lyon, puis envoyés pour la plupart à Drancy et déportés à Auschwitz-Birkenau entre avril et mai 1944. Tous les enfants sont gazés à leur arrivée. Miron Zlatin et deux adolescents seront déportés en Estonie pour y travailler et fusillés là-bas. Seule une monitrice, Léa Feldblum, reviendra vivante d'Auschwitz, après avoir servi de cobaye aux médecins nazis pour des expérimentations médicales.

Klaus Barbie jugé, 40 ans après

Pendant quarante ans, Klaus Barbie échappera à la justice. Surnommé "le boucher de Lyon", c'est pourtant bien cet officier SS, également chef de la Gestapo de Lyon entre 1943 et 1944, qui a ordonné la rafle des enfants d'Izieu. Après la traque acharnée des époux Serge et Beate Klarsfeld, celui qui se fait désormais appeler Klaus Altmann est enfin arrêté et extradé vers la France en 1983. Depuis les années 50, il vivait paisiblement au Pérou, puis à La Paz, en Bolivie, où il avait été exfiltré avec la complicité des services secrets américains.

Klaus Barbie, en mai 1987, lors de son procès à Lyon.
Klaus Barbie, en mai 1987, lors de son procès à Lyon. © AFP - AFP PHOTO / AFP

Un procès "historique"

Son procès s’ouvre le 11 mai 1987 à la cour d’assises du Rhône. Un procès pour crimes contre l’humanitéimprescriptibles en France depuis le procès de Nuremberg de 1945. C'est une première en France. Au vu de "l’atrocité des faits et le nombre exceptionnel de victimes", Robert Badinter, alors garde des Sceaux, autorise que le procès soit filmé et enregistré, au titre de procès "historique". Là aussi, c'est inédit. Klaus Barbie est jugé pour trois crimes, dont la rafle des enfants d'Izieu.

Le 4 juillet 1987, Klaus Barbie est condamné à la réclusion à perpétuité, pour avoir commis 17 crimes contre l’humanité. Il décèdera en détention le 25 septembre 1991. Jamais il ne présentera ses excuses à ses victimes, ni ne montrera le moindre signe de regret.

Le travail de mémoire contre la barbarie

Peu de temps après la fin du procès, en 1988, l'association du « Musée mémorial des enfants d'Izieu » est officiellement créée. Elle a pour but d'aménager et de développer la maison d'Izieu, devenue mémorial des enfants juifs exterminés et lieu de mémoire et d'histoire. La maison est inaugurée par François Mitterrand en 1994 et devient Musée-mémorial. Depuis, elle accueille chaque année près de 36.000 visiteurs, dont 18.000 élèves, et perpétue le souvenir des 44 enfants, de leur directeur et de leurs éducateurs, tous juifs, arrêtés le 6 avril 1944 et déportés, victimes de la barbarie nazie. Ce dimanche 7 avril 2024, 80 ans après, Emmanuel Macron est attendu à son tour dans la Maison d'Izieu pour commémorer la rafle des enfants juifs d'Izieu, puis il se rendra sur le plateau des Glières, en Savoie, un haut lieu de la Résistance, où il commémorera également les 80 ans de la Libération.

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