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Prix des cantines scolaires : le casse-tête des collectivités pour ne pas pénaliser les parents

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Explosion des prix des énergies, des denrées alimentaires toujours plus chères, des prestataires qui demandent à être revalorisés : les collectivités ont peu de marge de manœuvre pour contenir leurs tarifs de cantines. En Haute-Garonne, certaines communes demandent aux familles de payer un peu plus.

Les cantines scolaires vont-elles devoir augmenter leur prix (illustration)? Les cantines scolaires vont-elles devoir augmenter leur prix (illustration)?
Les cantines scolaires vont-elles devoir augmenter leur prix (illustration)? © Radio France - Claudie Hamon

Les tarifs des cantines de vos enfants vont-ils évoluer dans les prochains mois ? Question légitime quand on voit l'augmentation des prix de l'électricité et des denrées alimentaires. Par ailleurs, certains prestataires, quand la cantine n'est pas en régie, réclament des revalorisations en ce moment. Si certaines collectivités ont les moyens de tenir un cap politique, voire même de faire des choix audacieux, d'autres, moins nombreuses, n'ont plus les moyens de faire face et doivent demander aux familles de mettre la main à la poche pour payer un peu plus cher le repas de leur enfant à la cantine. Etat des lieux, non exhaustif, autour de Toulouse.

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Ecoles : les petites communes en position de faiblesse

La question de la cantine scolaire est complexe pour les écoles selon les organisations des mairies. On observe toutefois que les grandes villes ont plus de marge de manœuvre car elles ont en général leur propre cuisine centrale, et elles sont financièrement en capacité d'éponger l'inflation générale. Ainsi, Toulouse, Colomiers, Blagnac, Tournefeuille ne toucheront pas aux tarifs des cantines pour l'instant. À Toulouse, la cuisine centrale sert 30.000 repas quotidiens pour les 210 écoles publiques et les restaurants séniors solidaires. La mairie devra sans doute régler une grosse facture de régularisation à la fin de l'année pour faire face aux diverses augmentations mais les services assurent qu'à l'échelle du budget municipal, c'est absorbable. À Colomiers pareil, les 200 à 300.000 euros annuels supplémentaires que représente l'inflation des denrées alimentaires seront pris en charge par la collectivité.

D'autres collectivités ne peuvent pas encaisser les surcoûts de leur cuisine centrale. Ainsi, au Sicoval, c'est un cas particulier, si les grandes villes (Ramonville, Labège) ont une cantine municipale ou un prestataire (Api pour Castanet), la plupart des petites communes dépendent du service restauration du Sicoval qui bénéficie aussi à quelques villages voisins liés à d'autres intercommunalités. Dernièrement l'agglomération a voté une augmentation de 30 centimes pour les cantines desservies par sa cuisine centrale de Péchabou mais c'est aux mairies adhérentes de décider si elles répercutent cette hausse sur les familles. Les parents de Pompertuzat et de Sainte-Foy-d'Aigrefeuille devront bien payer 30 centimes de plus depuis le 1er novembre, "on n'a pas le choix mais avec le quotient familial, ce sont les familles les plus aisées qui absorberont le plus cette hausse", lâche la maire Christine Galvani, élue au Sicoval. À Vigoulet-Auzil, ce sera 15 centimes. À l'inverse, d'autres villages prennent plus de temps : à Odars, on estime que les tarifs cantine ont déjà été relevés à la rentrée de septembre, ça suffit. À Lauzerville, pas d'augmentation prévue, au moins avant janvier.

Enfin, d'autres communes font appel à des prestataires qui demandent en ce moment à être revalorisés. Après avoir quitté le géant Elior qui n'était pas satisfaisant, le village de Nailloux travaille désormais avec la Maison Recapé pour lui porter les repas des enfants. La société a demandé à être payée 10% en plus au titre des diverses augmentations. "C'est compliqué de revoir les prix en matière de contrat de droit public", proteste Eliane Obis l'ajointe chargée des affaires scolaires à Nailloux. La mairie a donc anticipé et voté une augmentation de "presque" 10% pour les familles, à l'exception de celles qui bénéficient du tarif social à un euro le repas. 

Il faut aussi préciser que d'autres fournisseurs de restauration ne demandent pas à leurs clients de revoir la facture, à Revel par exemple qui travaille avec Scolarest.

Cuisine centrale ou prestataire, toutes les communes ne sont pas à la même enseigne.
Cuisine centrale ou prestataire, toutes les communes ne sont pas à la même enseigne. © Radio France - Sylvie Duchesne

Collèges : les Départements font des gestes envers les familles

Pour les 100 collèges publics de Haute-Garonne (dont 90 disposent d'une cuisine centrale autonome), gérés par le Département, les tarifs sont garantis jusqu'en 2024. Avec des forfaits annuels et un prix du repas qui revient en moyenne aux familles à 3,50 euros contre 8 euros pour la collectivité, l’aide à la restauration scolaire permet de soutenir les familles en compensant, intégralement ou à 50 %, les frais de restauration de leur enfant en collège. Il a été décidé de renforcer l’aide à la restauration scolaire des collégiens à partir de la rentrée 2022.  Les seuils des quotients familiaux ouvrant droit à la gratuité des frais de restauration ont été relevés en septembre. 

Près de 500 collégiens supplémentaires ont pu bénéficier de l’exonération totale des frais de cantine. Cela représentera une économie pour les familles pouvant aller jusqu’à 500 euros par an. Sur 52.000 élèves demi-pensionnaires, plus de 11.000 bénéficient de la gratuité totale de la cantine, et 15.000 environ d'un tarif moitié-prix.

À noter que dans le département du Gers voisin, le président Philippe Dupouy vient de décider que jusqu’à la fin du mois de novembre, le prix des repas des 22 colléges publics gersois sera abaissé à un euro symbolique. Cela représente une économie de 2,25 euros par repas pour les parents.

Lycées : soutenus par la Région, mais des décisions drastiques déjà prises en interne

Dans les lycées, Carole Delga a promis de compenser l'explosion des factures d'électricité qui ont fait craindre à certains comptables une banqueroute. Mais des décisions ont déjà été prises dans certains établissements plus autonomes que les écoles, nous confiait Éric Fouchou-Lapeyrade, gestionnaire-comptable à Déodat de Séverac, à Toulouse. "Nous, on fait entrée-plat-dessert + laitage + fruit. On est passé à quatre composants sur le plateau : il faut choisir entre le yaourt et le fruit". Il affirme  que d'autres lycées ont été obligés de faire des choix. Selon lui, le lycée international de Colomiers aurait sondé les élèves quant à leur préférence entre entrée et dessert, pour choisir l'un au détriment de l'autre. 

La Région a en tout cas été très ferme sur ce point : les tarifs des cantines dans les lycées n'évolueront pas cette année pour les familles.

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