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Pédocriminalité :"Neuf fois sur dix, on ne protège pas les enfants"

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Arnaud Gallais, le co-fondateur de l'association Mouv'Enfants, était l'invité de la rédaction de RCFM, ce mardi 16 janvier. Il est également l'auteur d'un livre-témoignage intitulé J'étais un enfant, paru en octobre 2023 aux éditions Flammarion.

Réunion publique de la CIIVISE (Commission Indépendante sur l'Inceste et les Violences Sexuelles faites aux Enfants), à Lille. Réunion publique de la CIIVISE (Commission Indépendante sur l'Inceste et les Violences Sexuelles faites aux Enfants), à Lille.
Réunion publique de la CIIVISE (Commission Indépendante sur l'Inceste et les Violences Sexuelles faites aux Enfants), à Lille. © Radio France - Cécile Bidault

La caravane de lutte contre les violences sexuelles faites aux enfants fait escale en Corse, cette semaine. Chaque année, 160 000 enfants sont victimes de violences sexuelles. Mais en réalité, ce nombre pourrait être bien plus élevé, selon Arnaud Gallais, le co-fondateur de l'association Mouv'Enfants, à l'initiative de ces campagnes de sensibilisation itinérantes : "L'ONDRP (Observatoire National de la Délinquance et des Réponses pénales) dit que moins de 4% des enfants déposent plainte. En 2019, par exemple, 23 000 plaintes ont été déposées. Donc, en réalité, quand on dit qu'il y a 160 000 enfants victimes chaque année, c'est une fourchette basse. C'est une évaluation qui doit nous interpeler."

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Comme tout autre région, "la Corse n'est épargnée, à juste titre : 80% de ces violences ont lieu au sein de la famille. On a une personne, un agresseur, qui est bien souvent une personne de la famille ou un proche, qui peut faire ce qu'il veut de l'enfant parce que l'enfant a une confiance absolue en elle. C'est ça, le sujet majeur donc oui, en Corse, comme ailleurs, ça se produit."

Comment, dès lors, prévenir ce risque et protéger les enfants des prédateurs sexuels ? Arnaud Gallais, comme de nombreux autres professionnels et acteurs associatifs du secteur de la protection de l'enfance, pointe les manquements l'Etat et déplore l'absence de coordination des moyens de lutte contre la pédocriminalité : "Il y a des ressources partout, il y en a de très belles en Corse, mais on manque cruellement d'une volonté politique qui permettrait de coordonner cette lutte. Où est l'Etat, en réalité, sur ces questions-là ? On se rend compte que les gens font ce qu'ils peuvent. Les solutions, on les connaît, sur le terrain."

Enfin, lorsque les enfants victimes de violences sexuelles parviennent à exprimer ce qu'ils ont subi, l'accompagnement fait également défaut, affirme-t-il :"Neuf fois sur dix, c'est ce qu'a démontré, d'ailleurs, la CIIVISE (Commission Indépendante sur l'Inceste et les Violences Sexuelles faites aux Enfants*), on a recueilli 30 000 témoignages en deux ans : neuf fois sur dix, on ne protège pas les enfants, c'est-à-dire que l'on est en capacité de dire "je te crois mais je ne te protège pas" et notamment," je ne te protège pas parce que ça risque de faire exploser la famille" ou parce que "c'est un jeu" ou parce que "tu l'as peut-être cherché"."

La caravane de lutte contre les violences sexuelles, à Corte ce 16 janvier, se rendra à Porto Vecchio le mercredi 17 janvier, avant de rejoindre Ajaccio, le jour suivant.

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