Mort de Robert Badinter : "La prison de demain" qu'il a inaugurée en Dordogne

Il était l'homme de l'abolition de la peine de mort en 1981. Robert Badinter est décédé dans la nuit du jeudi 8 au vendredi 9 février. Il avait 95 ans. Ancien ministre de la Justice, ancien sénateur, ancien président du conseil constitutionnel, il a profondément marqué l'histoire du 20e siècle.

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Mauzac, "un exemple de la prison de demain"

Robert Badinter était venu en Dordogne en 1986 pour inaugurer la prison de Mauzac-et-Grand-Castang. Une prison unique en son genre en France puisqu'elle est semi-ouverte avec des petites maisons et une place centrale. Elle accueille des détenus condamnés à de longues peines mais aussi pour des faits à caractère sexuel.

Il avait déclaré que Mauzac devait être l'exemple de la prison de demain. Selon le ministre de la Justice de l'époque, les prisonniers étaient avant tout "des hommes qui vont venir ici et qui vont sortir et il faut éviter qu'ils soient déresponsabilisés, qu'ils soient infantilisés et incapables d'affronter ce qu'est la réalité de la société des hommes libres".

Interrogé l'an dernier sur l'évolution de Mauzac pour le documentaire "Nos voisins les détenus", réalisé par Djamel Zaoui et Miguel Sanchez-Martin, Robert Badinter la considérait comme "très satisfaisante, ce n'est pas surprenant car c'est la constante obsession qu'il ne faut jamais perdre de vue que ces hommes sortiront ou alors ce sont des prisons dépotoirs dans lesquelles on jette des gens".

Le centre de détention de Mauzac accueille actuellement 349 détenus pour 369 places.

La première esplanade à son nom

Ce vendredi soir, les avocats du barreau de Périgueux ont tenu à lui rendre hommage sur l'esplanade qui porte son nom, en face du théâtre de l'Odyssée. Robert Badinter était venu à Périgueux en septembre 2009 pour l'inaugurer. Il avait déclaré à l'époque face à un millier de Périgourdins : "Je n'ai pas le privilège de naître à Périgueux, donc comment ne pas être heureux de dire 'on traversera la place qui portera mon nom'".

L'actuelle maire de Périgueux, la socialiste Delphine Labails, se rappelle de sa rencontre avec "un brillant penseur, orateur hors-pair, dont l'humanisme et la force de conviction emportaient tous ceux qui croisaient sa route".

Le maire de l'époque Michel Moyrand a voulu baptiser cette place du vivant de Robert Badinter. "C'est un homme qui m'a marqué par son engagement politique, par son acharnement pour faire passer la loi sur l'abolition de la peine de mort".

Le combat de la vie

Germinal Peiro, le président du Conseil départemental de la Dordogne a réagi ce vendredi midi sur France Bleu Périgord à la mort de Robert Badinter. Il s'est rappelé de cette journée de 2001 à Nantes qui réunissait les élus socialistes et les parlementaires. "Il était venu le soir seul sur la scène, sans une seule note et devant les 400 élus il avait retracé l'histoire pour l'abolition de la loi cet homme qui avait déjà 75 ans, cet homme a marqué par la justesse de son propos et par son humanisme et le fait que le combat de la vie devait être un combat au dessus de tout et qu'il fallait montrer l'exemple, tout le monde avait été particulièrement ému et on s'était tous levé à la fin pour l'applaudir ensemble, pendant de très longues minutes".