VIDÉO - La plus grande usine d'eau potable de France en milieu urbain est à Marseille

On a l'habitude de dire à juste titre que l'eau, c'est la vie. Le bien le plus précieux sur Terre. Mais alors que nous avions l'habitude en France de disposer d'une ressource abondante, le réchauffement climatique remet en cause bien des certitudes y compris en Provence, qui dispose pourtant depuis le milieu du XIXe siècle, d'un accès à l'eau parmi les plus sécurisés du pays, grâce au canal de Marseille complété par la suite par le canal de Provence.

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L'eau des Alpes à Marseille

Avec des sécheresses plus fréquentes et plus sévères, France Bleu Provence profite de la Journée mondiale de l'eau ce vendredi, pour faire le point sur cette ressource vitale. Les Marseillais consomment chaque jour 250.000 mètres cubes d'eau so**it l'équivalent d'une centaine de piscines olympiques. Il existe trois usines d'eau potable à Marseille dont la plus importante gérée par la SEM à Sainte-Marthe (14e arrondissement), fournit 55% de la ville soit 500.000 habitants.

France Bleu Provence a visité ce site hautement stratégique et vérifié le parcours de l'eau à Marseille, de la Durance à notre robinet.

Une eau désinfectée à l'ozone

Après la phase de décantation et de filtration par sable dans des immenses bassins, l'eau désormais clarifiée et séparée des plus grosses particules, doit être désinfectée.

Cette troisième et dernière phase permet d'éliminer les éventuels virus et bactéries dissous dans l'eau. Dans l'usine d'eau potable de Sainte-Marthe, le procédé utilisé depuis les années 80 est celui de l'ozonation qui consiste à mettre en contact l'eau et l'ozone.

"L'ozone est un gaz, explique Emmanuel Guiol de la SEM, qui a la même efficacité que le chlore sur les virus et les bactéries mais il a d'autres atouts. Il élimine notamment toutes les potentielles saveurs que peut avoir une eau naturellement. Une eau peut avoir un goût de terre ou de moisie, c'est désagréable à boire donc l'ozone permet d'éliminer ça. Et surtout l'ozone ne génère pas de goût comme le fait le chlore et c'est pour ça qu'on dit qu'à Marseille on a une eau sans saveur".

Une qualité de l'eau altérée par le réchauffement ?

Avec le changement climatique, la qualité de l'eau de Marseille risque d'être remise en cause. "L'air se réchauffe, l'eau va se réchauffer, assure Emmanuel Guiol. Ça aura des conséquences sur le process, donc on travaille à moderniser nos installations".

Un grand jacuzzi d'eau potable

En sortie de l'usine Sainte-Marthe, l'eau, désormais potable, termine son circuit dans une espèce de grand jacuzzi. La température de l'eau y est d'environ 10 degrés en hiver et peut monter à une vingtaine de degrés l'été. À ce stade, l'eau peut alors être distribuée en toute sécurité aux Marseillais et aux habitants de la métropole à travers 3.000 kilomètres de tuyaux en fonte. Un réseau qui permet de préserver la qualité exceptionnelle de l'eau de Marseille.

Le meilleur réseau de France

L'exceptionnelle qualité de l'eau produite à Marseille et dans la Métropole, doit aussi beaucoup au réseau de distribution parmi les plus denses du pays. "Il faut entretenir nos 3.000 km de réseau, précise Emmanuel Guiol. Et à Marseille, on a toujours eu la force de renouveler constamment plus de 1% du patrimoine tous les ans, soit environ 32 kilomètres. C'est très important. C'est plus de deux fois la moyenne française ce qui nous permet de maintenir un haut rendement du réseau. Celui de Marseille frôle les 88% alors que la moyenne nationale est de 80% et seulement de 50 à 60% dans le monde. On a peu de fuites d'eau."

Grâce à ce réseau de distribution performant, la SEM, qui ne prélève que 5% de la ressource en eau dans la Durance, a baissé ses prélèvements de 30% en 30 ans. "C'est une économie équivalente à la consommation d'une ville de 300.000 habitants", indique Emmanuel Guiol.

L'eau de Marseille reste encore aujourd'hui parmi les moins chères de France. Environ quatre euros le mètre cube contre 4,50 à 4,80 euros en moyenne nationale.

Protéger l'eau de Marseille

Cette eau si précieuse, à Marseille comme ailleurs, il faut apprendre à l'économiser et la protéger. À Sainte-Marthe, l'eau ainsi puisée dans la Durance au niveau de Saint-Estève-Janson, au nord des Bouches-du-Rhône, est stockée dans un immense bassin. "Ce stock représente trois jours de production de ce centre et environ deux jours d'alimentation pour l'ensemble de l'agglomération marseillaise, détaille Emmanuel Guiol.

"Ici on voit l'eau, on y a encore accès puisque c'est de l'eau brute. Une fois que l'eau est filtrée, c'est fermé à tout le monde. On n'a plus du tout accès à cette eau pour éviter qu'elle soit dégradée par les éléments naturels tels que le vent, la pluie, les animaux. Et même cette eau là est protégée de tout le monde puisque nous-mêmes, agents de la Société des Eaux de Marseille, nous n'y avons pas accès pour la protéger totalement".

Deux autres usines d'eau potable alimentent la métropole Aix-Marseille : celle de Saint-Barnabé (12e arrondissement) également gérée par la SEM, distribue à 25% des foyers situés le long de l'Huveaune. Enfin, le site du Vallon Dol (14e arrondissement) le plus en hauteur, à proximité de Sainte-Marthe, est piloté par la société du canal de Provence et fournit 20% des habitants situés dans les quartiers nord, les plus élevés de Marseille.

Une usine productrice d'électricité

Avant d'être consommée au robinet par les Marseillais, l'eau de la Durance traitée à l'usine Sainte-Marthe permet aussi la production d'électricité en faisant tourner une turbine récemment remplacée grâce au savoir faire des multiples métiers au sein de la SEM. Le site est largement autosuffisant puisqu'il en produit deux fois plus que ses besoins. Le surplus d'électricité, soit l'équivalent de 800.000 kWh par an, est ainsi réinjecté dans le réseau EDF.