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Interdiction de la corrida : débat entre Yves Ugalde et Sandra Pereira-Ostanel

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Alors que l'Assemblée nationale se penche ce jeudi 24 novembre sur l'interdiction ou non de la corrida, France Bleu Pays Basque a réuni l'adjoint de Bayonne, Yves Ugalde, en charge notamment des corridas bayonnaises, et l'élue La France Insoumise d'Anglet, Sandra Pereira Ostanel pour débattre.

L'élue La France Insoumise d'Anglet, Sandra Pereira Ostanel, et Yves Ugalde, en charge notamment des corridas bayonnaises L'élue La France Insoumise d'Anglet, Sandra Pereira Ostanel, et Yves Ugalde, en charge notamment des corridas bayonnaises
L'élue La France Insoumise d'Anglet, Sandra Pereira Ostanel, et Yves Ugalde, en charge notamment des corridas bayonnaises © Radio France - Frack Dolosor

Faut-il interdire la corrida en France ? Les députés doivent examiner, à partir de ce jeudi 24 novembre, le texte de loi pour son abolition. Texte déposé par le député de la France Insoumise, Aymeric Caron. Pour ou contre, on en débattait ce jeudi matin dans le 6/9 de France Bleu Pays Basque. Sandra Pereira-Ostanel, élue LFI d'Anglet, opposée à Yves Ugalde, adjoint au maire de Bayonne, en charge notamment des corridas.

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Sandra Pereira-Ostanel : La raison d'interdire la corrida ? La souffrance animale. 

Yves Ugalde : L'argument peut s'entendre, mais si on commence par ce tropisme-là, effectivement, le débat ne va pas avoir un grand sens, dans la mesure où la souffrance animale fait partie des éléments qu'il faut intégrer dans une corrida, même si je ne vais pas entrer dans le détail. Beaucoup de vétérinaires taurins - qui sont aussi des vétérinaires par définition - savent rappeler que le taureau de combat a des capacités, y compris métaboliques très particulières, qui font que face à la souffrance, il a un comportement qui n'appartient qu'à lui. Je rappelle que si vous piquez demain matin un tigre ou un lion, il n'y aura pas la réaction de taureaux de combat par définition.

SPO : J'entends que l'Ordre national des vétérinaires explique très clairement que l'animal souffre. C'est une véritable torture pendant 20 minutes. Il faut entendre ce que dit la population. Huit à neuf Français sur dix réclament l'abolition de cette torture. Il est donc temps que nos députés entendent ce que demande la population.

YU : Les députés non plus ne l'entendent pas. Je rappelle pour ce qui concerne les trois députés qui nous intéressent. Il se trouve que le phénomène dont on parle, madame, est strictement local. Derrière tout cela aussi, il y a une vision que l'on peut avoir de la gouvernance de ce pays. Je n'entends pas que ce que je peux vivre comme une liberté culturelle à Bayonne me soit imposé ou pas par Paris ou par des parlementaires qui n'ont jamais vu de leur vie une corrida par exemple. Je n'entends pas non plus à ce que les cultures locales soient vécues en fonction d'un paramètre qui pourrait être celui qui consisterait à ressembler à celui qui vit en Bretagne ou à Lille. J'ai mes différences, j'entends qu'elles soient défendues. Et c'est d'ailleurs la voie que portent les trois députés de notre région taurine.

SPO : J'aimerais revenir sur l'emballage qu'on met autour de ce sujet, une véritable novlangue, un emballage autour de l'argumentaire pro-corrida, la tradition, la culture, l'identité, etc. D'abord, je tiens à rappeler que nous sommes dans une République une et indivisible et que quand l'on parle effectivement de recherche, de différenciation, une loi, quand elle s'applique, elle s'applique sur l'ensemble du pays. Aujourd'hui, torturer un animal est passible de cinq ans d'emprisonnement et de 75.000 euros d'amende. Donc, sous couvert d'une tradition locale ininterrompue, on veut faire croire aujourd'hui à la population qu'il s'agirait ici d'appliquer la loi différemment. Ce qui serait condamnable ailleurs ne le serait pas ici aujourd'hui. Et je tiens à rappeler qu'il s'agit d'une tradition espagnole et non pas d'une tradition française.

YU : On réduit le sujet de la corrida puisque c'est effectivement l'actualité du jour. Mais je tiens à rappeler que la tauromachie à Bayonne a huit siècles d'existence. La corrida n'est pas venue comme une cerise sur le gâteau qui n'aurait pas existé, au 19e siècle. La tauromachie fait partie de notre culture depuis plus de sept siècles.

SPO : Nous pourrions parler de l'aspect déficitaire de cette pratique, 700.000 euros...

YU : Non, pas du tout. Ça, c'est le prix du plateau. Vous n'avez toujours pas compris la différence et je respecte votre ignorance, mais il n'y a pas d'équivalence, bien sûr, entre les 700.000 euros dont on parle et ce que paient les Bayonnaises et les Bayonnais. Il va sans dire que le prix du plateau, taureaux et toreros compris, tout cela fait effectivement 720.000 euros. Et fort heureusement, il y a plus de 22.000 personnes qui vont aux arènes et paient leur billet par exemple, il y a du partenariat et il y a un reversement tout à fait légitime, d'une toute petite part d'ailleurs, de la taxe de séjour parce qu'il y a des retombées hôtelières évidentes pendant les trois jours de feria de septembre. Il n'y a donc pas le déficit dont on parle. Cette année notamment, nous présenterons des comptes à l'équilibre. C'est la première fois que nous y arriverons depuis quatre ans. Et je rappelle que la corrida a gagné de l'argent, il y a encore cinq ou six ans à Bayonne, et que nous faisons tout pour que la regagne.

SPO : Aujourd'hui, nous sommes en 2023. L'animal est devenu un être vivant, doué de sensibilité au titre du code civil en 2015. En 2021, cette nouvelle loi qui sanctionne la maltraitance et la violence et la torture animale.

YU : La corrida, sans mise à mort, c'est un concept qui ne doit même pas, à mon avis, nous effleurer l'esprit. À partir du moment où il n'y aura pas de mise à mort, il n'y aura pas de corrida. C'est le principe même de la corrida qui est en cause. Il faut accepter une société aujourd'hui, où indépendamment de la cause animale, on ne veut plus regarder la mort en face. C'est un véritable problème. On ne regarde la mort qu'à travers les séries sur Netflix ou sur TF1. Non, la mort fait partie des éléments constitutifs de la vie, sans faire de la philosophie de bazar. Deuxième élément important, s'il y a aujourd'hui des artisans du développement durable et de la diversité au sens le plus total sur le plan de la nature, c'est bien sûr les ganaderos et les éleveurs de taureaux braves qui en sont les premiers artisans.

SPO : Moi, ça m'amuse un petit peu. Ça veut dire que l'on invite les gens à venir regarder un animal violemment torturé jusqu'à la mort, et l'animal n'a aucune chance de sortir vivant de l'arène. Et on aurait pu parler également de la question des enfants autorisés. Voire, puisque c'est le cas avec la mairie de Bayonne, de la gratuité pour les enfants. Même sur ce point-là, c'est assez grave. Je crois qu'il faut vivre avec son temps. Aujourd'hui, nous sommes en train de parler de la corrida. Ce spectacle atroce infligé à un animal. Il faut entendre ce qui se passe dans la société. Les changements ne vont pas se faire en un jour. Il y a eu la question des abattoirs, et donc savoir est-ce qu'il faut aller plus loin, s'il faut interdire la chasse, le foie gras, je ne suis pas là pour répondre à cette question précisément. Mais il n'empêche que c'est un sujet qui fait débat aujourd'hui dans la société et qu'il faudra la regarder. Je vis avec mon temps, monsieur.

YU : Derrière tout cela, il y a un projet de société de monsieur Caron qu'il s'agit de dévoiler. Il y a l'antispécisme, la volonté de remettre en cause  beaucoup d'éléments constitutifs de notre société. Et ça, je voulais le dire : la corrida n'est qu'un élément qui permet, pardonnez-moi cette expression, d'agiter une muleta dans laquelle il y a beaucoup d'autres éléments constitutifs d'un projet de société.

SPO : Je crois qu'il faut écouter des jeunes générations et quand on les regarde, ça avance tout doucement. Donc, on ne va pas brutaliser tout cela. Mais il faut entendre les jeunes générations qui sont très attentifs à la cause animale.

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