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"Il a tout cassé dans la maison" : en Dordogne, les violences intrafamiliales en hausse de 50% l'an dernier

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Le bilan de la délinquance pour l'année 2023 en Dordogne montre une augmentation de 50% des faits constatés de violences conjugales et envers les enfants. C'est la préoccupation majeure de la justice dans le département.

Marianne (un prénom d'emprunt) a porté plainte début février contre son compagnon. Marianne (un prénom d'emprunt) a porté plainte début février contre son compagnon.
Marianne (un prénom d'emprunt) a porté plainte début février contre son compagnon. © Radio France - M. B.

La première fois, c'était début février. Dans leur grande maison périgourdine de Saint-Pierre-d'Eyraud, Marianne* et son compagnon ont invité de la famille à la maison. Il s'énerve et la menace au cours de la soirée, elle lui répond que c'est fini entre eux. "Il a tout cassé dans la maison, les vitres, les meubles, toute la vaisselle. On a eu très peur", raconte la jeune femme de 28 ans. Elle s'enfuit pieds nus avec sa fille de 4 ans dans les bras, pour se réfugier chez sa soeur.

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En Dordogne, l'an dernier, les violences intrafamiliales (VIF) recensées par les autorités ont augmenté de 53% par rapport à 2022, avec 1556 faits. C'est "la principale problématique" traitée par le parquet de Bergerac, confirme la procureure Sylvie Martins-Guedes. Elle a traité 521 procédures de violences conjugales ou contre des enfants, une centaine de plus que l'année précédente.

La difficulté de porter plainte

L'histoire de Marianne en est un exemple. Le soir des faits, quand les gendarmes arrivent sur place, ils trouvent le compagnon de la jeune femme les mains en sang, à force d'avoir cassé des choses dans la maison. La maréchal des logis-chef qui fait partie de la patrouille, Laurence, est "expert VIF" au sein de la communauté de brigades (COB) de Bergerac. Elle a été spécialement formée à recueillir la parole des victimes. Elle convoque Marianne le lendemain à la gendarmerie, pour l'écouter raconter son histoire pendant près de trois heures.

Marianne n'a pas été blessée, mais elle a subi des violences psychologiques. Une réalité dure à admettre, tout comme il est difficile de se décider à porter plainte contre le père de son enfant, avec qui elle est en couple depuis huit ans : "On se demande, est-ce que c'est vraiment de la violence, est-ce que je n'ai pas moi aussi ma responsabilité ?" L'écoute et la confiance qui s'instaure avec la gendarme finit de la convaincre.

Une relation de confiance avec la gendarme

Une semaine plus tard, son compagnon revient à la maison alors que Marianne fait ses valises pour le quitter. Il l'empêche de partir. Marianne n'appelle pas le 17 : "Je ne savais pas à qui j'aurais affaire, et je n'avais pas l'énergie de devoir tout raconter une nouvelle fois". Heureusement, la gendarme qui a recueilli sa plainte lui avait laissé son numéro : "Il y avait une relation de confiance". Elle choisit de rappeler la maréchal des logis-chef.

Les gendarmes interviennent tout de suite, et l'homme est placé en garde à vue. Aujourd'hui, il a été condamné par la justice entre autre à une interdiction d'entrer en contact avec Marianne. Mais ils ont toujours une maison achetée ensemble, dans laquelle elle doit rester : "Tout ce qu'on nous propose sinon, c'est une chambre d'hôtel, et il faut en changer tous les soirs". Financièrement surtout, c'est dur pour elle de se retrouver seule. Et son ex-conjoint garde tous ses droits sur leur fille : "Les démarches prennent beaucoup de temps et d'énergie".

Les séparations, "une situation à risque"

Le lieutenant Séverine Mahé qui dirige la communauté de brigades (COB) de Bergerac constate, comme ailleurs, une augmentation des violences intrafamiliales sur son secteur : "C'est aussi parce qu'il y a une hausse du nombre de signalements". Il y a six femmes gendarmes sur 22 militaires de la COB : "On essaie de mettre des gendarmes du même sexe pour les auditionner, même si ce n'est pas toujours facile".

"La problématique qui revient souvent, c'est le cadre des séparations. C'est une situation à risque, qui peut déboucher à tout moment sur de la violence, même pour des couples qui ne sont pas problématiques au départ", analyse la procureure de Bergerac, Sylvie Martins-Guedes. Le parquet de Bergerac a désormais le renfort d'une chargée de mission qui traite uniquement les violences intrafamiliales, ce qui permet de faire face au nombre important de procédures.

En plus du numéro d'urgence national 39 19 pour les violences faites aux femmes, la Dordogne dispose depuis 2021 d'une maison de protection des familles basée à Périgueux, qui dépend de la gendarmerie. Trois gendarmes interviennent dans les écoles, ou encore dans les supermarchés, pour faire de la prévention et recevoir les victimes, en lien avec les associations du département.

*prénom d'emprunt

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