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Excédé par les nuisances sonores, un habitant de Besançon fait des mesures de bruit depuis sa fenêtre

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À Besançon, la rue Claude-Pouillet, appelée "la rue de la soif", abrite de nombreux bars très prisés, notamment par les jeunes. Les habitants, eux, ne supportent plus le bruit. Alors l'un deux, Olivier Blondeau, a décidé de faire lui-même des relevés sonores afin de prouver les nuisances.

Olivier Blondeau, habitant de la rue Claude Pouillet à Besançon, fait des relevés du bruit qu'il y a en bas sa fenêtre Olivier Blondeau, habitant de la rue Claude Pouillet à Besançon, fait des relevés du bruit qu'il y a en bas sa fenêtre
Olivier Blondeau, habitant de la rue Claude Pouillet à Besançon, fait des relevés du bruit qu'il y a en bas sa fenêtre © Radio France - Charlotte Schuhmacher

Olivier Blondeau habite rue Claude-Pouillet à Besançon depuis six ans. De nombreuses fois, il a alerté la police, la mairie et la préfecture sur les nuisances sonores que lui et d'autres habitants subissent le soir, du mercredi au dimanche. Plusieurs bars sont ainsi pointés du doigt par le bisontin, à bout de nerfs. Malgré des sanctions administratives prononcées par la préfecture à l'encontre d'un bar, en 2022, le bruit ne s'est depuis pas dissipé. En janvier dernier, Olivier Blondeau décide alors d'investir dans un capteur pour faire des relevés de bruit lui-même et montrer ainsi, que rien n'a changé.

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"Nous sommes épuisés"

Le bisontin s'est créé un véritable studio d'enregistrement dans son salon. Sur le bord de sa fenêtre, il pose son capteur, relié à son ordinateur, ainsi qu'un enregistreur pour garder une trace de ses relevés. "Là, vous voyez, il est 22h et nous sommes déjà à 75 décibels. Le seuil acceptable, selon l'OMS, c'est 45. On est déjà bien au-dessus et ça va empirer au fil de la soirée. Vers 2h du matin, on peut atteindre 90 voire 100 décibels."

En cause, le bruit des fêtards dans la rue. "Je mets des boules quies et j'essaie de dormir comme ça. La plupart du temps, c'est un échec alors je me trouve un moment dans la journée pour tenter de rattraper ce sommeil." Plusieurs établissements sont ainsi pointés du doigt, le bar "La Besace" notamment, ouvert depuis mars 2020 au 16 de la rue Claude-Pouillet.

Olivier Blondeau installe son capteur et son enregistreur sur le bord de sa fenêtre pour effectuer ses relevés sonores
Olivier Blondeau installe son capteur et son enregistreur sur le bord de sa fenêtre pour effectuer ses relevés sonores © Radio France - Charlotte Schuhmacher
Tous les sons captés par le capteur d'Olivier sont envoyés et enregistrés sur son ordinateur
Tous les sons captés par le capteur d'Olivier sont envoyés et enregistrés sur son ordinateur © Radio France - Charlotte Schuhmacher

"Je fais mon maximum pour éviter que les voisins soient dérangés par le bruit"

Au printemps 2022, des relevés de bruit sont faits dans l'appartement de Olivier. Ces relevés, réalisés par des agents envoyés par la mairie, ne seront pas communiqués au bisontin mais une décision est prise rapidement. La préfecture prononce la fermeture administrative du bar "La Besace" au début de l'été 2022 pour une durée de deux mois. Toujours dans le collimateur de certains riverains aujourd'hui, Samir Zegaï, le gérant de l'établissement, souhaite montrer sa bonne foi.

"Je fais tous les jours de la prévention auprès de mes clients, en leur demandant de faire moins de bruit pour ne pas déranger les voisins. J'ai même embauché une serveuse en plus, pour me dégager du temps afin de surveiller ce qu'il se passe devant le bar." Le gérant a également changé toute l'installation sonore, et ne dépasse pas la limite légal pour le son. "Nous avons limité les évènements, les concerts." Ils ont aussi ajouté un jour de fermeture le mardi. "Avant, nos jours de fermetures c'étaient le dimanche et lundi. Les voisins se plaignaient de nuisances dès le début de semaine alors, pour eux, nous avons décidé de rester fermés un jour supplémentaire."

Travailler ensemble à la réduction des nuisances sonores

Samir Zegaï se dit préoccupé par la situation et invite les riverains à venir lui parler, pour tenter, ensemble, de trouver des solutions. L'homme se dit "très anxieux par le fait que les voisins puissent être dérangés par ce bruit". Et les choses qu'il a mis en place, ce ne sont "pas des efforts mais plutôt quelque chose de normal". "Je suis quelqu'un d'empathique, je ne pense pas qu'à ma poire en me disant 'si mon établissement marche, c'est le principal', non ! Quand je demande à mes clients de faire moins de bruit, c'est parce que je m'imagine ce qu'ils peuvent être en train d'endurer, chez eux." Le gérant de "La Besace" tient tout de même à souligner qu'il n'est pas le seul bar de la rue et qu'il difficile pour une rue comme celle-ci, plus communément appelée "la rue de la soif" de ne faire aucun bruit.

Le bar "La Besace" à Besançon est pointé du doigt par certains riverains, excédés par le bruit les soirs de fête
Le bar "La Besace" à Besançon est pointé du doigt par certains riverains, excédés par le bruit les soirs de fête © Radio France - Charlotte Schuhmacher

Pour la mairie, "il faut que Besançon reste une ville attractive"

Contactée, la mairie se dit consciente du problème. Pour autant, selon Benoît Cypriani, adjoint en charge de la sécurité et de la tranquillité publique, Besançon doit rester une ville attractive notamment pour les jeunes. "Cette situation est malheureuse pour les habitants mais on se doit malgré tout de maintenir une vie et pas que dans les centres commerciaux. On n'est pas dans un village. On est dans une ville universitaire avec beaucoup de jeunes qui ont besoin de bars et de boîtes de nuit pour se défouler et ça, on en est contents." Toutefois, l'élu invite les habitants à composer le 17 et à porter plainte afin d'engager des mesures si nécessaire.

"Effectivement, le but ce n'est pas d'interdire toute vie dans la ville et surtout pas dans une ville étudiante", réagit Anthony Guinchard. Ancien habitant de la rue Claude-Pouillet, il a déménagé en partie à cause de ces nuisances. "Par contre, ce que je voudrais rappeler, c'est que la rue Claude-Pouillet, c'est plusieurs centaines d'habitants qui devraient "supporter" et "tolérer" au profit d'étudiants une vie impossible. Quatre jours par semaine, pour moi, c'est pas possible."

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