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En Seine-Maritime, l'abandon du programme de suivi du mésothéliome inquiète les malades de l'amiante et les médecins

Santé Publique France abandonne le dispositif de surveillance du mésothéliome, l'un des plus graves cancers de l'amiante. Une décision que ne comprennent ni les malades, ni ceux qui assuraient leur suivi en Seine-Maritime, où une quarantaine de cas sont diagnostiqués chaque année.

Une quarantaine de nouveaux cas de mésothéliome sont diagnostiqués chaque année en Seine-Maritime. Une quarantaine de nouveaux cas de mésothéliome sont diagnostiqués chaque année en Seine-Maritime.
Une quarantaine de nouveaux cas de mésothéliome sont diagnostiqués chaque année en Seine-Maritime. © Maxppp - Michael Desprez

Santé Publique France a décidé d'abandonner le dispositif de surveillance du mésothéliome, l'un des cancers de l'amiante les plus graves, faute de ressources suffisantes. Une décision annoncée par mail en décembre à plusieurs spécialistes du mésothéliome, selon le magazine mutualiste indépendant "Santé et travail". Le dispositif en question, mis en place en 1998 en France et déployé en 2006 en Seine-Maritime, visait à améliorer à la fois le diagnostic, la prise en charge, les conditions de l'exposition des malades et leur indemnisation par le FIVA, le fonds d'indemnisation des victimes de l'amiante.

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Son abandon laisse les malades et la communauté médicale dans une grande incompréhension, alors que l'amiante reste un sujet de santé publique majeur dans le département. Les acteurs locaux du PNSM, le programme national de surveillance du mésothéliome, espérait d'ailleurs qu'il serait étendu au département de l'Eure.

"J'ai de moins en moins de capacité respiratoire" - Jacqueline Le Bras, victime de l'amiante

C'est dans ce département que vit Jacqueline Le Bras. À 82 ans, cette ancienne professeure d'éducation physique et sportive a été diagnostiquée en 2021, mais ses difficultés respiratoires datent des années 80. Aujourd'hui, elle est très vite fatiguée et ne peut plus faire grand-chose. "Aussitôt que je m'agite un peu, je vais mettre du linge à la machine à laver, je monte à l'étage, il faut que je me pose, que je m'arrête, il faut que ça se calme", explique-t-elle dans un filet de voix. Les vestiaires du collège où elle a passé l'essentiel de sa carrière d'enseignante étaient installés dans des classes préfabriquées bourrées d'amiante.

Une quarantaine de cas diagnostiqués chaque année en Seine-Maritime

Avec environ 1.000 cas diagnostiqués chaque année en France, le mésothéliome est un cancer rare, mais c'est un bon marqueur de l'exposition d'une population à l'amiante. Les Hauts-de-France et la Normandie sont les régions qui en comptent le plus. Une quarantaine de cas sont diagnostiqués en Seine-Maritime chaque année. Le programme de surveillance permet de certifier les diagnostics, mais également de suivre les malades au-delà de la prise en charge médicale explique Antoine Gislard, médecin du service pathologies professionnelles et environnementales au CHU de Rouen. "Le dispositif voulait être exhaustif, pour recueillir tous les cas et que toute personne qui avait cette maladie puisse bénéficier d'un interrogatoire sur ses expositions professionnelles et environnementales, essayer de comprendre l'origine de la maladie et bénéficier d'une indemnisation auprès du Fonds d'indemnisation des victimes de l'amiante".

Un accompagnement médico-social indispensable qui va donc s'arrêter. L'abandon de ce dispositif est très mal vécu par l'Addeva Rouen Métropole, une association de malades de l'amiante que préside Huguette Mercier. "Les maladies de l'amiante se déclarant 30 ou 40 ans après l'exposition, ce n'est pas près d'être fini tout ça". Et notamment chez les femmes où le nombre de malades a doublé en 20 ans. Les extrapolations de 1997 prévoyaient un pic de la maladie en France autour de 2025. Et entre 44.480 et 57.000 décès du mésothéliome d'ici 2050.

"C'est scandaleux" - Jean-Paul Lecoq, député communiste du Havre

Au Havre, où l'amiante a fait de nombreuses victimes et notamment chez les dockers, le député communiste de la Seine-Maritime Jean-Paul Lecoq a saisi le groupe "Amiante" de l'Assemblée Nationale et écrit au ministre de la Santé pour lui demander de rétablir le programme de surveillance du mésothéliome. "L’amiante et la passivité des pouvoirs publics durant des décennies ont assez fait de dégâts comme cela pour ne plus voir sacrifiés les dispositifs de suivi et d’indemnisation sur l’autel d’une quelconque austérité budgétaire !", écrit le député dans son courrier au ministre de la Santé.

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