Dans les rues d'Aix-en-Provence, des commerçants partagés face à l'arrivée des croisiéristes

Chapeau de paille sur la tête et grand sourire au lèvres, Vincenta profite de quelques heures en dehors de son bateau de croisière. "Nous sommes arrivés à Aix-en-Provence à 10h et nous repartons à 13h30, explique la touriste espagnole. Nous n'aurons pas le temps de manger au restaurant, mais nous grignoterons quelque chose."

Comme Vincenta, près de 30.000 touristes sont attendus en Provence ce samedi alors que cinq bateaux feront escale à Marseille. Désormais, leurs passagers ne se contentent plus de visiter le Vieux-Port mais sont amenés en bus jusque dans le centre-ville d'Aix-en-Provence.

Suivis par une quarantaine de personnes, les guides mènent la visite, parfois au pas de course. Ils s'arrêtent devant certaines enseignes. Rue Gaston de Saporta, une boutique a sorti un panneau pour préciser qu'elle ne paye pas de guide pour qu'ils s'y arrêtent.

"Ils n'ont pas le temps d'acheter"

Ces arrivées laissent certains commerçants sceptiques. "Ils n'achètent rien, déplore Isabelle, qui vend des fruits sur le marché. Ils traversent sur le pas de course, ils n'ont pas le temps de s'arrêter. Et comme il y a des foules devant nos stands, les locaux ou les clients qui ont eux envie d'acheter vont parfois voir ailleurs."

80% du chiffre d'affaires

Pour d'autres boutiques, les croisiéristes sont une véritable aubaine. Ils représentent 80% de la clientèle de la Maison du Nougat, rue Gaston de Saporta. "On fait les plannings en fonction de la liste des arrivées de bateaux", assure la gérante.

Toute une stratégie est d'ailleurs mise en place pour les attirer : "on leur fait déguster quand ils passent puis on leur donne une carte du magasin au dos de laquelle se trouve un plan. Une fois qu'ils ont du temps libre, ils reviennent chez nous, grâce au plan".

Un point noir : les toilettes

Si les produits provençaux ont la cote, ce n'est pas le cas de tous. "Les croisiéristes s'arrêtent pour regarder, mais ce n'est pas du tout notre clientèle", explique-t-on du côté du marché aux fleurs. Du côté du bar Le Gaulois, le gérant Thibault reste lui mitigé : "ça nous ramène des clients, mais on a un gros point noir : les toilettes".

Son bar est l'un des premiers sur la route des croisiéristes. "Certains n'essayent même pas de s'asseoir, ils rentrent et vont directement aux toilettes. On doit en rattraper certains devant les toilettes pour leur expliquer que s'ils veulent les utiliser, il faut consommer." Il a même apposé une affiche en anglais près de la porte des WC. On peut y lire : "no drinks, no peepee" (pas de boisson, pas de pipi).