Amboise : un an après l'annonce de la fermeture des restaurants, des gérants se souviennent
Il y a un an, Edouard Philippe annonçait la fermeture des restaurants suite à l'épidémie de coronavirus. Un épisode encore douloureux pour des gérants.
C'était il y a tout pile un an. Edouard Philippe prenait la parole devant les Français, le 14 mars au soir, pour annoncer la fermeture dès minuit et "jusqu'à nouvel ordre" de tous les "lieux recevant du public non indispensables à la vie du pays." Des milliers de restaurants fermaient alors leurs portes. Une date qui reste gravée chez les restaurateurs que France Bleu Touraine a rencontrés.
Ce soir-là, au Lion d'Or, à Amboise, Stéphane Delétang est comme d'habitude dans sa cuisine. Franck Breton, l'un des gérants du restaurant "Les Arpents", situé à quelques mètres de là, s'active lui aussi. Il a décidé d'allumer la télévision et la radio cette fois. Ils le savent, Edouard Philippe doit s'exprimer.
Je n'y croyais pas
Quelques minutes après, le couperet tombe. Ils ont l'obligation de fermer après leur service. "Ce sont deux collègues qui viennent me l'annoncer. Je n'y croyais pas. À ce moment-là, il y a beaucoup de choses qui se passent dans ma tête", raconte Stéphane Delétang du Lion d'Or.
Franck Breton, lui, comprend immédiatement. "On est en plein service, mais tout de suite, il y a le chef d'entreprise qui remonte à la surface. Je me demande comment on va faire. On n'a pas le temps d'en parler avec mon associé, qui, lui, est en salle. "Show must go on" parce que nos clients, eux, sont encore là. Et je pense directement que nous faisons notre dernier service avant longtemps."
La tête dans le guidon
Une fois les clients partis, les deux gérants se concentrent sur leur personnel. "On leur a assuré qu'on allait les aider. Sans vraiment savoir ce qu'il allait se passer. Mais en réalité, on est complètement dans l'inconnu. Est-ce que l'on va nous aider ? Est-ce que les assureurs vont nous soutenir ? Et sur ces questions-là, nous n'avons pas encore aujourd'hui la réponse", déplore le co-gérant des Arpents.
Stéphane Delétang lui aussi se rappelle avoir eu la tête dans le guidon. Ce soir-là, il range tout son restaurant. Dès le lendemain, lui et sa femme multiplient les appels et s'assurent auprès de leur comptable de la sécurité de leurs employés.
Ils sont mis rapidement au chômage partiel. Ils s'occupent aussi de la marchandise. Une marchandise qu'ils réussissent à vendre, en partie grâce à la confection de panier de légumes.
Une cicatrice à vie
"J'étais persuadé qu'on allait rouvrir un mois plus tard. Il m'a fallu quelques jours pour enfin réaliser ce qu'il s'était passé. Cela a vraiment été très dur pour ma femme et moi. Après 16 ans de travail, on se dit aujourd'hui qu'avec ce Covid, il faut tout recommencer", souffle Stéphane Delétang, du Lion d'Or. Le restaurateur a ressenti également beaucoup de colère. "Je pense que le gouvernement savait et on aurait pu anticiper, notamment sur la marchandise et pour le bien de nos employés."
Ce 14 mars 2020 est une cicatrice pour Franck Breton. "On était sur une belle progression. Tout allait bien et d'un seul coup : stop. On est un an après. On a toujours beaucoup de questions. Des fonds de commerce à revaloriser. On reprend tout depuis le début". Malgré ce coup de massue, et cette nouvelle fermeture depuis près de 4 mois, ces gérants ne veulent qu'une chose : reprendre du service.
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