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Alors que la natalité baisse, ces familles de Creuse ont cinq ou huit enfants

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Les Creusois font de moins en moins d'enfants, et à l'échelle nationale le taux de natalité baisse aussi, avec en moyenne 1,68 enfant par femme. Mais certaines familles continuent de faire le choix d'une grande fratrie, elles nous racontent leurs joies et leurs galères.

Les familles nombreuses se font rare, en 2023 la moyenne en France est d'1,68 enfants par femme. Photo d'illustration. Les familles nombreuses se font rare, en 2023 la moyenne en France est d'1,68 enfants par femme. Photo d'illustration.
Les familles nombreuses se font rare, en 2023 la moyenne en France est d'1,68 enfants par femme. Photo d'illustration. © Maxppp - Frédéric Cirou

Le nombre de bébés n'a jamais été aussi bas en France depuis la Seconde Guerre mondiale, et la Creuse ne fait pas exception. À la maternité de Guéret, les naissances sont en baisse : 447 bébés y sont nés en 2023, soit une quarantaine de moins qu'en 2022 et une centaine de moins qu'il y a cinq ans (551 naissances en 2018).

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Les familles nombreuses n'ont plus la cote et pourtant, c'est le choix de Delphine, qui habite Guéret. Cette quadragénaire a huit enfants de 5 à 23 ans. Quatre sont en études supérieures, et quatre encore à la maison, "c'est athlétique," plaisante-t-elle. Elle a dû renoncer à sa vie professionnelle pour les élever, mais s'occuper d'eux constitue un travail à temps plein.

"Trois à quatre lessives par jour"

Rien que pour le linge, elle fait trois à quatre lessives par jour, "ça fait 13.000 lessives en dix ans !" Les courses sont aussi une épreuve sportive, "je remercie mon kiné grâce à qui j'évite d'avoir trop mal au dos..." Chez elle, il y a des dessins accrochés aux murs, des peluches et des jeux de société dans chaque coin de pièce. "C'est indispensable, sourit-elle. On joue au quotidien, on transmet beaucoup de choses avec le jeu, ici il y a de la vie."

Elle-même n'a pas grandi dans une famille nombreuse, puisqu'elle n'a qu'un frère. En revanche, elle a passé son enfance chez ses voisins "qui avaient six ou sept enfants. Je trouvais ça très chouette, et puis j'adore les enfants, j'adore être enceinte et allaiter... C'est énormément d'amour et d'attention." Séparée de son mari, Delphine est mère célibataire depuis cinq ans"c'est une grosse charge mentale, mais ils sont bien dans leur tête, ils sont très sportifs... Je suis fière d'eux, fière de ce qu'ils sont devenus."

Même si elle ne regrette pas sa famille XXL, elle a consciente d'être un peu hors norme"On n'est pas conformes, la famille idéale a peut-être trois enfants, un chien, un chat... Je comprends que les gens fassent moins d'enfants, dans les grandes villes, c'est compliqué de se loger, mais dans nos campagnes, c'est faisable."

"C'est dur, mais c'est du bonheur au quotidien"

Céline, mère quant à elle de cinq enfants à Vidaillat, estime aussi que le fait d'habiter à la campagne est un gros avantage"on a des poules, des moutons, des canards, on jardine beaucoup, c'est comme une mini-ferme. Mes fils sont inscrits dans des clubs sportifs mais on consomme moins qu'en ville, on fait beaucoup de balades dans la nature."

Elle ne vit pas comme une charge le fait d'avoir une grande famille, avec cinq garçons de deux à 15 ans : "Je me suis toujours imaginée avec plusieurs enfants mais je ne me suis jamais dit 'je veux cinq enfants à tout prix'. J'ai vécu chaque grossesse de façon magique, c'est ça qui nous a donné envie d'une grande fratrie." Elle et son mari se relaient pour s'en occuper : ils sont tour à tour en congé parental, d'abord elle après les naissances pour allaiter, ensuite lui pour lui permettre de retourner au travail. Ils devront bientôt trouver une solution pour reprendre le travail tous les deux.

Trois filles et deux garçons

Chez Laetitia, à Saint-Laurent, "papa travaille et maman reste à la maison", explique cette mère de cinq enfants âgée de 29 ans. Elle a trois filles et deux garçons de deux à 11 ans. C'est son mari qui a toujours rêvé d'une famille nombreuse"il adore les enfants. C'est lui-même un grand enfant, il peut passer des après-midi entières à jouer à cache-cache avec eux ou faire une partie de foot", précise-t-elle. Elle s'est laissée convaincre, car "un enfant, c'est un bonheur au quotidien. Bien sûr des fois c'est dur, c'est beaucoup de contraintes, il faut être patient, mais je suis heureuse." En revanche, pas question d'en avoir un sixième. "La dernière ne met plus de couches, je ne veux pas retourner là-dedans. Avec les nuits blanches etc, je n'arriverai pas à suivre la cadence."

"On me prend pour une extra-terrestre"

Impossible de passer inaperçu quand on est à la tête d'une grande tribu. Les familles nombreuses suscitent beaucoup de commentaires et Delphine en a déjà fait les frais : "Une fois, on s'est arrêtés sur un parking pour faire des courses, et les gens se sont mis à nous compter... Dès que je dis que j'ai huit enfants, on me prend pour une extraterrestre, comme s'il fallait que je me justifie."

C'est aussi le quotidien de Laetitia, "au supermarché j'ai un ou deux caddies pleins, on me demande souvent si je suis sûre de tenir une semaine, et j'ai envie de leur répondre : 'Ben non, justement !'" Laetitia a plusieurs familles nombreuses dans son entourage. Elle a aussi des amis qui n'ont pas d'enfants, "ils nous disent souvent qu'on est courageux, à croire que ça les freine un peu." Ces parents de famille nombreuse s'interrogent-ils aussi sur l'avenir de leurs enfants sur une planète qui se réchauffe ? À Vidaillat, Céline "préfère être active plutôt qu'inquiète". "On ne les éduque pas comme nous on a été éduqués. On leur apprend à jardiner, à moins consommer."

Vous avez été nombreux à répondre à notre appel à témoins sur notre page Facebook à propos des familles nombreuses. Nelly a appelé France Bleu Creuse pour raconter son expérience. Cette habitante d'Ajain est la neuvième enfant d'une fratrie de 14 : "Ça se passait bien, papa était peintre dans le bâtiment, maman ne travaillait pas. J'aidais maman à faire la vaisselle ou repasser le linge. C'était une fratrie bien unie, mais des fois les grands voulaient tout commander !" Pour autant, Nelly n'a pas reproduit le modèle de ses parents : "Quand je me suis mariée, mon mari m'a dit qu'il voulait beaucoup d'enfants, moi j'ai dit non !"

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