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A Paris, la Fête de la Récup veut encourager le marché de la seconde main

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La sixième édition de la Fête de la Récup s'est tenue les 2 et 3 juillet à Paris, dans la Halle des Blancs-Manteaux. Grande réunion des ressourceries d'Île de France, elle a réuni 60 associations avec des ateliers et des stands de vente. Objectif : changer les comportements du public.

La sixième édition de la Fête de la Récup s'est tenue les 2 et 3 juillet à la Halle des Blancs-Manteaux à Paris. La sixième édition de la Fête de la Récup s'est tenue les 2 et 3 juillet à la Halle des Blancs-Manteaux à Paris.
La sixième édition de la Fête de la Récup s'est tenue les 2 et 3 juillet à la Halle des Blancs-Manteaux à Paris. © Radio France - Phéline Leloir-Duault

Sous la Halle des Blancs-Manteaux dans le quatrième arrondissement de Paris s'est installée ce week-end la sixième édition de la Fête de la Récup. Une grande réunion annuelle des ressourceries et recycleries d'Île de France, le regroupement d'une soixantaine d'associations venues partager leur savoir-faire en matière de seconde main et de réparation. Atelier de couture ou de réparation de vélos, friperie, équipement sportif d'occasion, jouets et livres de seconde main, on trouve son bonheur dans les allées.

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Paul Dumayet, le coordinateur de Refer - le réseau des ressourceries d'Île de France - veut surtout encourager les gens à réduire drastiquement leurs achats de produits neufs : "On a vraiment cette envie de leur dire, vous pouvez consommer de seconde main, et pas seulement les vêtements ! Quand vous consommez auprès d'associations à but non lucratif, ça a une mission environnementale mais aussi sociale, car la majorité des ressourceries s'engage dans l'insertion de personnes éloignées de l'emploi." Et l'objectif, c'est d'apprendre au public à réparer leurs objets avec l'aide de bénévoles. "On ne se rend pas compte lorsqu'on achète un produit neuf, notamment d'un vêtement de fast fashion, des ressources en eau qui sont consommées parce qu'on n'a pas les répercussions directes près de chez nous, détaille-t-il. Mais en fait la mer d'Aral n'existe pratiquement plus, parce qu'on a consommé les ressources en eau pour pouvoir produire et maintenir le rythme de la fast fashion."

Le stand de la Recyclerie Sportive, spécialisée dans les équipements sportifs.
Le stand de la Recyclerie Sportive, spécialisée dans les équipements sportifs. © Radio France - Phéline Leloir-Duault

C'est notamment le cas au stand du Repair Café où s'est rendu Bastien avec sa cafetière défectueuse. "Je n'ai pas envie de consommer inutilement et puis ça coûte moins cher", explique le trentenaire. Il voudrait se tenir aux objectifs pris par la France, soit deux tonnes de CO2 émises par personne par an, et "si on regarde les fringues ou l'électroménager d'un Français moyen, on est au-delà !" Ce constat est partagé par Sarah, une jeune femme de 26 ans, venue à la Fête de la Récup pour en apprendre plus sur la seconde main : "J'ai l'impression d'être dans une petite bulle de personnes bienveillantes qui cherchent à faire des efforts, à consommer mieux, plus local et plus bio, et je suis choquée du manque d'information chez les personnes de mon âge !" Elle se dit très inquiète sur l'avenir : "J'ai peur que les gens ne comprennent pas l'urgence de la situation, car ils voient les canicules comme un phénomène exceptionnel, sauf qu'on en a chaque année ! C'est de pire en pire et j'ai peur que les gens ne se réveillent pas face à l'urgence climatique."

Une exposition sur notre futur en 2050

Au centre de la Halle a été installée une exposition intitulée 2 Juillet 2050, qui montre l'avenir tel qu'il pourrait être si tous les enjeux climatiques étaient réalisés. Le visiteur parcourt d'abord les dates clés du XXème siècle qui ont conduit à la surconsommation comme la création du premier hypermarché en France à Sainte-Geneviève-des-Bois (91) en 1963, mais aussi celles qui ont impulsé le changement comme en 1982 l'ouverture de la première ressourcerie en France. Plusieurs affirmations sont ensuite proposées aux visiteurs qui doivent deviner si elles sont vraies ou fausses : par exemple, l'écologie coûte un pognon de dingue. Réponse par Tancrède Girard, responsable communication du Refer : "Oui la transition écologique coûte cher, mais il est important de rappeler que l'inaction climatique coûte beaucoup plus cher ! Le Giec considère que l'action pour atteindre la neutralité carbone coûte 1% du PIB mondial, là où l'inaction coûte entre 5 et 20%."

"On voit l'argent qu'on dépense, mais on ne voit pas celui qu'on ne dépense pas, mais que nous coûte le fait de ne pas agir dans les temps. Et il faut considérer la logique économique du projet : on parle de dette, mais pas assez de la dette carbone et de l'argent que ça coûte à la société française." - Tancrède Girard

Si la Fête de la Récup n'a pas pu se tenir pendant les deux années de Covid, la pandémie a eu un impact sur la consommation des Français. Beaucoup ont pris conscience de la nécessité d'entamer une transition écologique pérenne et durable pour ne pas risquer de nouvelles épidémies. Parmi les visiteurs, ils sont nombreux à déjà acheter de la seconde main, à faire leur compost, à trier leurs déchets. Célian est venu avec ses filles, Yasmina et Mélissa, 11 et 8 ans. Il veut les sensibiliser au gaspillage des ressources : "C'est important pour leur génération de comprendre comment on peut vivre mieux avec moins, trouver des idées pour recycler les déchets d'une meilleure façon, et utiliser les ressources qu'on a sans en abuser."

L'exposition 2 Juillet 2050 qui montre la société telle qu'elle pourrait être en suivant les engagements écologiques.
L'exposition 2 Juillet 2050 qui montre la société telle qu'elle pourrait être en suivant les engagements écologiques. © Radio France - Phéline Leloir-Duault

Mais d'autres sont plus pessimistes. Mario prône "le compost et le recyclage, étant donné la situation écologique dans laquelle le monde se trouve" et encourage les jeunes à s'engager dans l'écologie. Mais à son avis, le combat est déjà perdu : "Je ne pense pas que ça ira mieux, je n'ai pas un avis super optimiste sur le futur d'un point de vue écologique, mais je pense qu'on s'y fera !", ironise-t-il. 

D'ailleurs l'exposition 2 Juillet 2050 se conclue sur un portrait inverse du futur si la société continue dans sa direction : "C'était important de montrer ce qu'il se passe si on ne fait rien, explique Tancrède Girard. Pourquoi on s'emmerde à faire tous ses efforts ? Car le chemin qu'on montre à travers cette exposition est possible et souhaitable, il ne sera pas facile mais il vaut le coût d'être mené. Chacun a son rôle à jouer en tant que citoyen, par ses actions quotidiennes mais aussi par ses convictions, car ils vont influencer les politiques publiques des élus. Une inaction climatique qui coûte chère électoralement pourra peser dans la balance."

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