Vivre avec le Covid long : "Il faut repartir à zéro", raconte une habitante du Pas-de-Calais
Il y a quatre ans, le premier confinement était décrété en France, pour tenter de contenir l'épidémie de Covid-19. Aujourd'hui le virus continue de gâcher la vie des patients atteints de Covid long, dont certains sont soignés à la fondation Hopale de Berck.
C'était il y a tout juste 4 ans : des rues vides, des portes fermées, la France s'arrêtait et décrétait le confinement pour tenter de contenir l'épidémie de Covid-19. "Nous sommes en guerre", disait le président de la République, face à des chiffres de contamination qui explosaient.
Aujourd'hui, tout cela semble loin. Le Covid circule toujours, mais "à des niveaux faible" selon le dernier bulletin hebdomadaire de Santé Publique France. Mais la maladie continue de plomber le quotidien des malades du Covid long, ceux qui continuent d'avoir des symptômes respiratoires ou neurocognitifs plus d'un mois après la contamination.
Des patients continuent d'être suivis au centre Jacques Calvé de la Fondation Hopale à Berck, avec des rééducations physiques, respiratoires, mais aussi cognitives, car le Covid long affecte aussi la façon dont le cerveau fonctionne.
Des oublis, des difficultés de concentration
Le cerveau d'Aurore, par exemple, ne lui obéit pas. Depuis qu'elle a été contaminée il y a 3 ans, cette habitante d'Isques de 45 ans, ne se reconnaît plus : "Ça va moins en moins, j'ai des oublis, je mélange mes mots, je n'arrive plus à me concentrer", raconte-elle.
Après des mois d'angoisse, ce n'est que l'année dernière que son médecin met un mot ce qui lui arrive : "Elle me dit que oui, c'est un Covid long. Et j'ai pleuré, très très fort, parce qu'on avait trouvé un diagnostic. En étant à la fois contente et pas contente, parce que je savais très bien qu'il n'y avait pas de solution", continue-t-elle.
La mère de trois enfants, fonctionnaire à la région, enchaîne les arrêts maladies, et doit réorganiser toute sa vie. Les tâches du quotidien deviennent vite insurmontables : "On a dû faire Parcoursup pour le grand, raconte-elle. Par exemple pour ça, il ne faut pas que je sois fatiguée, sinon je vais perdre le fil."
Apprendre à vivre avec
Aurore fait donc la route trois fois par semaine, jusqu'à Berck pour des séances de neuropsychologie à la fondation Hopale. "Pour l'instant, on n'a pas beaucoup de recul, mais pour les patients qu'on voit il n'y a pas de récupération", admet Audrey Goubioud, psychologue.
Il faut donc travailler à adapter la vie quotidienne à cette nouvelle réalité. "Il faut d'abord faire le deuil de la personne qu'on a été. C'est le premier mur", explique la praticienne. Aurore le reconnaît : "Il faut tout changer, il faut repartir à zéro."
Deuxième étape, travailler sur la fatigue, mère de tous les maux. "Apprendre à fractionner toutes les activités, par exemple si je ne peux plus faire mon ménage d'une seule traite, je vais le couper en trois ou quatre fois. C'est pour qu'on ait la sensation d'un handicap moins prégnant au quotidien, parce que la fatigue impacte tout derrière", détaille Audrey Goubioud.
L'objectif pour les deux femmes : permettre à Aurore de reprendre le travail, pour retrouver enfin un peu de sérénité et de normalité.
Depuis 2020, 120 patients ont fait des séjours au centre Calot de Berck pour une prise en charge de Covid long, et 96 au centre Calvé. Le Covid long concernerait 2 millions de personnes en France, selon l'estimation de Santé Publique France publiée fin 2022.
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