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Témoignage à l'hôpital d'Orléans : " les soignants sont fatigués et nous ne sommes pas sortis de la crise"

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Journée spéciale sur France Bleu : on revient sur les 12 mois qui ont changé nos vies depuis le début de l'épidémie de Covid. L'occasion de donner la parole à ceux qui ont été en première ligne comme Claire Genève. Elle est médecin anesthésiste au service réanimation de l'hôpital d'Orléans.

Une chambre en service réanimation Covid Une chambre en service réanimation Covid
Une chambre en service réanimation Covid © Maxppp - Clémentz Michel

Ce jour là, Claire Genève nous reçoit dans un bâtiment du Samu, derrière l'entrée de l'hôpital d'Orléans. Mais, cette médecin anesthésiste de 36 ans travaille habituellement au service de réanimation chirurgicale. Au printemps 2020, elle a donc été en première ligne pour gérer le flux des malades Covid en réanimation. 

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Claire Genève médécin anesthésiste à l'hôpital d'Orléans
Claire Genève médécin anesthésiste à l'hôpital d'Orléans © Radio France - Patricia Pourrez

Si on revient un an en arrière, comment avez vous affronté l'arrivée de l'épidémie de Covid dans votre service ? 

En fait, tout est allé très vite. On était bien sûr au courant de la situation alarmante dans l'Est de la France. Et assez rapidement, on a eu une montée en charge du nombre de cas de Covid dans nos deux services de réanimation au CHRO. Il a fallu très vite réorganiser la gestion des lits de soins critiques et des lits de soins continus. Et très vite, on a fusionné les deux services de réanimation (médical et chirurgical). Ils étaient uniquement dédiés au patients Covid. On a eu jusqu'à 80 lits occupés en même temps. 

A ce moment là, est-ce que les soignants avaient peur, eux aussi, d'être contaminés ?

On est rapidement passé au dessus de ça. On a été équipé en matériel de protection. D'ailleurs, la population y a contribué aussi en nous amenant des masques par exemple. Personnellement, je ne me suis jamais sentie en danger par rapport au virus. Ce qui nous importait surtout, c'était de gérer l'afflux important de malades. 

Et concrètement, comment ça s'est organisé ? 

Heureusement, on a eu des renforts de personnels soignants et paramédicaux venant de d'autres services. Après, moi, j'étais là quasiment tous les jours avec une hausse importante du nombre de gardes et évidemment des impacts sur notre vie personnelle. Mais, c'était un effort nécessaire pour surmonter cette crise. 

Les soignants ont beaucoup donné et il y a eu un impact sur leurs vies personnelles

Sur la première vague, il y a eu cet élan populaire pour soutenir et applaudir les soignants tous les soirs à 20 heures. Comment l'avez vous perçu ?

C'était agréable d'être soutenu. Mais honnêtement, j'étais tellement dans la gestion de la crise que je n'ai pas perçu l'impact de ce soutien. Mais, on savait qu'il était là. 

Professionnellement, cette crise a t-elle été formatrice ? 

Bien sûr. Ca permet d'acquérir de l'expérience. Moi, j'ai une appétence particulière pour les crises. J'avais vécu les attentats de Novembre 2015 en étant en poste à Paris à l'époque. Le Covid, c'était encore autre chose, avec une crise sanitaire plus longue dans le temps. Mais, c'est sûr, que tous les personnels soignants ont été changés par cette crise du Covid. 

Cette crise a changé les personnels selon vous. Mais jusqu'à quel point ? 

Il y a d'abord une grande fatigue. Là dessus, il faut être clair : on a demandé beaucoup aux équipes. Par exemple, en réanimation chirurgicale, on a doublé notre activité entre 2019 et 2020. Ca veut dire plus d'heures, plus de travail et forcément cette situation a des impacts sur les vies personnelles. Aujourd'hui, les équipes sont fatiguées et dans les services de réanimation, il a effectivement des gens qui réfléchissent à un départ, une reconversion ou à prendre des disponibilités. 

C'est dur de faire un bilan car nous ne sommes pas sortis de la crise

Pour vous, médecin, qu'est ce qui a été le plus éprouvant ? 

Pour moi, ce qui a été dur psychologiquement, c'est l'accompagnement des malades Covid avant qu'ils ne soient placés dans le coma. A ce moment là, en mars, ils ne pouvaient pas voir leurs familles. Et quand on leur annonçait qu'on allait les endormir, ils avaient besoin de verbaliser le fait de ne pas avoir dit au revoir à leurs proches, le fait de s'endormir sans savoir la suite. On a essayé bien sûr de les rassurer mais c'était vraiment très dur, très intense pour nous. 

Aujourd'hui, un an après, quel est votre état d'esprit ? 

On est toujours sur le qui vive : il y a toujours des tensions sur les lits en soins critiques Pour l'instant, on arrive à gérer sans avoir à déprogrammer des opérations dans les autres services de l'hôpital. Mais, tout va dépendre de l'évolution de l'épidémie. Pour moi, en tous cas, c'est difficile de faire un bilan de cette année et de cette crise parce qu'on est encore dans la crise. 

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