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À l'hôpital de Chinon, une enquête syndicale révèle le mal-être des soignants

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47% du personnel interrogé déclare être "pas du tout" ou "plutôt pas" satisfait du travail réalisé à la fin de la journée. Près d'un répondant sur deux envisage "plutôt" ou "tout à fait" de quitter l'établissement.

Conférence de presse du syndicat Force Ouvrière au Centre Hospitalier de Chinon Conférence de presse du syndicat Force Ouvrière au Centre Hospitalier de Chinon
Conférence de presse du syndicat Force Ouvrière au Centre Hospitalier de Chinon © Radio France - Juliette Geay

Le malaise des soignants est toujours prégnant à l'hôpital. Le syndicat Force Ouvrière a fait passé une enquête auprès de 1 000 soignants du Centre Hospitalier de Chinon, et obtenu 357 réponses. Celles-ci provenaient de 268 fonctionnaires de l'hôpital public (titulaires et stagiaires), 68 contractuels et 21 salariés en CDI, travaillant notamment en chirurgie-obstétrique, en psychiatrie et en gériatrie. Des agents paramédicaux volants (aides-soignantes, infirmières) ont également répondu. L'hôpital de Chinon n'a pas souhaité commenter ces résultats. 

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80% des sondés n'ont pas les moyens d'effectuer leurs missions

80% des sondés considèrent qu'ils n'ont "plutôt pas" ou "pas du tout" les moyens de mener à bien leurs missions (effectif, matériel…). Nicole* a 52 ans et elle est aide soignante en unité de soins longue durée (USLD). En 34 ans, elle a vu ses conditions de travail se dégrader petit à petit. "On va vers un déclin du personnel, on en a de moins en moins. On est déjà en effectif réduit et ça n'est plus possible. A force à il n'y aura plus personne dans le bateau."

On passe dix minutes avec un patient ! Je me dis que je vais être dans ce lit plus tard, et je n'ai pas envie qu'à 7h on me secoue comme un prunier ! 

1 répondant sur 2 souhaite quitter l'hôpital

Même constat pour Nathalie*, aide soignante à la maternité de nuit. Elle s'est reconnue dans le questionnaire, "dans le fait de vouloir quitter l'hôpital", comme une personne sur deux interrogée. Une nuit, elle s'est occupée seule de 11 femmes en même temps, avec leur bébé, pendant que ses collègues étaient en salle de naissance. "Je réponds à la sonnette et je dis à la maman que je reviens dès que je peux. Mais on ne sait pas dans combien de temps, on essaye de faire au plus vite. 

Si les mamans peuvent se débrouiller un peu seules en attendant, c'est ce qu'on fait.

Comme 40% des sondés par Force Ouvrière, elle se sent parfois en insécurité sur son lieu de travail. "N'importe qui peut rentrer dans l'hôpital, et on a maintenant des situations un peu compliquées en maternité", explique-t-elle. Des pères violents par exemple, qui souhaitent rendre visite à des ex-conjointes non consentantes. "On est obligé d'appeler les gendarmes, ou l'agent de sécurité qui passe énormément de temps avec nous."

47% du personnel interrogé peu satisfait de son travail

47% du personnel déclare être "plutôt pas" ou "pas du tout" satisfait du travail réalisé à la fin de la journée. Noémie*, 20 ans, est dans ce cas-là . Elle est agente de service hospitalier (ASH) depuis deux ans, l'équivalent du métier d'aide-soignante, sans le diplôme. Elle doit entrer prochainement à l'école d'aide soignante, mais "combien de temps je resterai dans le milieu, je ne sais pas", dit-elle, sceptique.

Quand on rentre chez nous, on a toujours l'impression qu'on n'a pas fait notre boulot jusqu'au bout. Des fois, ça dégoûte. 

95% des soignants interrogés estiment qu'ils n'ont ni plus de moyens, ni plus de reconnaissance depuis le début de la crise du Covid.

Inquiétude dans l'un des meilleurs services de psychiatrie en France

Lors de la conférence de presse, le syndicat Force Ouvrière a indiqué que l'hôpital envisageait la suppression de 10 postes d'infirmiers en psychiatrie, 5 dans chacune des deux unités. Ils doivent être remplacés à chaque fois par 3 postes d'aides-soignants. 

Une décision incompréhensible pour les salariés alors que le Contrôleur général des lieux de privation des libertés, une autorité administrative indépendante, vient de visiter l'hôpital et d'établir qu'il s'agit d'un des services en France où les patients sont les moins isolés. L'institution confirme en effet un taux d'isolement d'1,5%. 

Felix* est l'un des infirmiers de ce service. "Ce qui est ressorti de la visite, c'est qu'on était, sans se lancer de fleurs, le meilleur service de psychiatrie en France. La moyenne de l'isolement en France est de 22%. Lille, qui est considéré comme un très bon service de psychiatrie, est à 8%. Nous on est à 1,5%."

Selon lui, ce chiffre est lié à la démarche des psychiatres de faire à la fois "du médical et du paramédical" historiquement à Chinon, et au "nombre de soignants". Son service compte environ quatre infirmiers pour vingt-deux patients.

Dans mon métier depuis 10 ans, ça m'est arrivé de me détacher, de faire du 'un pour un' pour diminuer la pression, aller faire une balade

"Éviter justement qu'on en arrive à un clash ou à une situation demandant ces soins d'urgence, que sont les contentions ou l'isolement", conclut-il. 

*Les prénoms ont été modifiés

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