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Hôpital de Chinon : l'un des meilleures services de psychiatrie en France menacé

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Le taux d'isolement y est d'1,5% soit inférieur de 20 points à la moyenne nationale, selon le contrôleur général des lieux de privation de liberté. L'absence de mesure de contention est "également exceptionnelle".

Le Centre Hospitalier de Chinon en Indre-et-Loire. Le Centre Hospitalier de Chinon en Indre-et-Loire.
Le Centre Hospitalier de Chinon en Indre-et-Loire. © Radio France - Boris Compain

Le contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL) est une autorité française indépendante qui vérifie le respect des droits fondamentaux des personnes incarcérées ou internées. En visite à Chinon du 28 février au 4 mars, cinq contrôleurs ont découvert un service exemplaire, avec un taux d'isolement très bas. Mais cela pourrait changer, alerte le CGLPL dans un courrier au ministre de la Santé, avec la suppression de plusieurs postes dans le service.  

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Taux d'isolement record à 1,5% et absence de contention

"Le taux d'isolement à Chinon est d'1,5%, alors que la moyenne nationale des établissements qu'on a contrôlés dépasse les 22%", explique Dominique Simonnot, la contrôleuse générale des lieux de privation de liberté, "c'est un gap énorme".

Elle insiste également sur le fait qu'il n'y ait "jamais de contention", "la pire des entraves à la liberté, car vous êtes attaché sur un siège ou sur un lit." Il ne s'agit pas d'un petit hôpital puisque le service accueille près de 600 patients adultes par an, "entre le 1er janvier 2022 et la date de visite, aucune mesure d'isolement ou de contention n'a été mise en œuvre"

Comment l'expliquer ? Dans son courrier, Dominique Simonnot indique que "l'absence de suroccupation des lits fluidifie l'hospitalisation dès le service des urgences, depuis lequel les patients sont pris en charge par les infirmiers de psychiatrie, ce qui contribue à l'apaisement." "L'architecture des locaux, de plain-pied, est parfaitement adaptée à la psychiatrie, avec des chambres vastes (...) et un grand parc" complète-telle.

10 postes d'infirmiers menacés

Toutefois, le service doit être réorganisé, le centre hospitalier étant très endetté. La direction prévoit la suppression de près de 10 postes d'infirmiers temps plein, soit environ 1/3 du service, et de trois postes d'agents de service hospitalier (ASH). Certains infirmiers doivent être remplacés par des aides-soignants. Dominique Simonnot alerte : "c'est problématique car ce ne sont pas les mêmes fonctions. Un infirmier est plus formé aux techniques de désescalade."

"Ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi on intervient dans un service qui  marche très bien, alors que d'autres marchent moins bien, en supprimant des postes. C'est triste, ça aurait pu servir d'exemple" regrette-t-elle. Elle encourage d'ailleurs en conclusion de son courrier le ministère "à faire de ce pôle un service de référence appelé à jouer un rôle moteur dans la diffusion des bonnes pratiques, en matière de prise en charge psychiatrique en France."

Le ministère répond que l'hôpital est très endetté

Le ministre de la Santé Olivier Véran a répondu hier soir, indiquant notamment que le remplacement d'infirmiers par des aides-soignants visait à "anticiper" des problèmes futurs, au vu des "difficultés actuelles de recrutement d'infirmiers." Il ajoute par ailleurs que l'ARS lui a confirmé les "très grandes difficultés de l'établissement" qui a enregistré un déficit de 8,3 millions d'euros en 2020 à cause de la crise sanitaire. 

"Il finit par nous dire, qu'après nos remarques, il rajoute un poste d'infirmier à ce qui était enlevé. Ca fait un poste supprimé en moins, mais on n'espère pas en rester là", conclut Dominique Simonnot qui souligne "tous les services en France sont en danger, car la psychiatrie est en crise sévère".

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