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Pays basque : trop d'antibiotiques consommés selon la CPAM, un risque de santé publique

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La consommation d'antibiotiques continue de grimper en Nouvelle-Aquitaine et au Pays basque, alerte la CPAM. Une situation qui renforce l'antibiorésistance, à savoir la résistance des bactéries aux traitements, et complique donc les soins.

La consommation d'antibiotiques continue d'augmenter, entraînant un phénomène d'antibiorésistance La consommation d'antibiotiques continue d'augmenter, entraînant un phénomène d'antibiorésistance
La consommation d'antibiotiques continue d'augmenter, entraînant un phénomène d'antibiorésistance © Radio France - Aurélie Lagain

C'est un slogan connu par cœur, qui n'est pourtant pas devenu un réflexe : "les antibiotiques, c'est pas automatique". Vingt ans après le lancement de cette campagne, la consommation d'antibiotiques continue néanmoins d'augmenter en France, et notamment en Nouvelle-Aquitaine, qui fait figure de mauvaise élève. La CPAM des Pyrénées-Atlantiques alerte sur cette tendance et l'antibiorésistance provoquée par la hausse des prescriptions, à l'occasion de la semaine mondiale pour un bon usage des antibiotiques.

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Hausse des prescriptions

"Entre 2021 et 2022, les remboursements liés à des prescriptions d'antibiotiques ont augmenté de 16%, au niveau national comme local, souligne Vincent Maginot, directeur des CPAM Bayonne et Pau. On a eu un regain de prescriptions, notamment l'an dernier avec des pics épidémiques de bronchiolites et de grippes, mais qui n'expliquent pas tout." Au total, 264.000 habitants des Pyrénées-Atlantiques, soit un peu plus de 40% de la population, essentiellement des enfants et des personnes âgées, ont consommé au moins une boite d'antibiotiques sur l'année 2022.

"Ce qui est important, c’est d’inverser la tendance et de ralentir le phénomène. Depuis l’arrivée des antibiotiques, les bactéries nous survivent. Il faut traiter à juste titre, uniquement quand c’est nécessaire. De nombreux facteurs sont responsables de cette sur-prescription d'antibiotiques", lance Heidi Wille, infectiologue au centre hospitalier de la Côte Basque.

Des bactéries plus résistantes et des traitements moins efficaces

L'enjeu, c'est de sortir d'un véritable "cercle vicieux" pour Heidi Wille, car ces prescriptions d'antibiotiques en hausse provoquent une meilleure résistance des bactéries contre lesquelles ils sont censés lutter, ce qui peut pousser les soignants à prescrire ensuite d'autres antibiotiques plus puissants ou à spectre plus larges. "On a un phénomène d'antibiorésistance qui nous pose de plus en plus de problèmes, confirme Vincent Maginot, puisqu'un certain nombre de patients ne peuvent plus être pris en charge en ville et doivent faire un séjour à l'hôpital, avec une prise en charge par un infectiologue, qui peut prescrire d'autres antibiotiques." Entre 5.000 et 10.000 décès sont liés en France chaque année à la résistance aux antibiotiques, qui rend ces traitements inopérants. L'OMS projette au niveau mondial environ 10 millions de décès en 2050.

"En tant que médecin, on a une obsession : savoir si une infection est virale ou bactérienne, explique Benjamin Soen, qui exerce à la Maison de santé pluriprofessionnelle de Bayonne. Un antibiotique, s'il faut en prescrire, il faut savoir lequel. Et s'il ne faut pas en prescrire, il faut prendre le temps d'expliquer au patient." Un temps que les professionnels de santé n'ont pas toujours, reconnaît-il : "on sait qu'un médecin fatigué en fin de journée, face à un patient qui a des comorbidités par exemple, va prescrire plus facilement des antibiotiques, précise-t-il, car si on rate le coche à ne pas mettre d'antibiotiques sur une infection bactérienne, ça peut très rapidement se compliquer. Ça rassure le médecin."

Pour limiter ce phénomène, les professionnels de santé à Bayonne disposent déjà d'une ligne téléphonique, depuis bientôt dix ans, pour être mis en lien avec des infectiologues de l'hôpital et ajuster leur diagnostic lorsqu'ils hésitent à prescrire des antibiotiques. Prochainement, c'est une équipe multidisciplinaire en antibiothérapie (EMA) qui doit voir le jour à Bayonne : sur le modèle de ce qui se fait déjà à Périgueux, Angoulême, et Brive-Tulle, elle doit permettre de rapprocher les soignants en ville et à l'hôpital, pour mieux coordonner leurs pratiques et ajuster les prescriptions d'antibiotiques au strict nécessaire.

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