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Des centres de santé en agglo pour lutter contre les déserts médicaux en Béarn et en Bigorre

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Des pôles de santé ont ouvert leur portes à Pau et à Tarbes pour répondre au problème de la désertification médicale. Ils tablent sur la centralisation de plusieurs médecins pour améliorer l'offre de soin et inciter les praticiens à s'installer en collectif.

Photo d'illustration Photo d'illustration
Photo d'illustration © Maxppp - Stéphanie Para

Comment résoudre l'épineux problème des déserts médicaux ? C'est la question qui occupe depuis plusieurs années les collectivités, les associations et les soignants du Béarn et de la Bigorre, et plus uniquement les campagnes, puisque les médecins manquent aussi dans les villes. Alors les agglomérations de Pau et de Tarbes parient à leur tour sur les centres de santé, pour regrouper les soignants, et en attirer d'autres.

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Deux centres viennent ainsi d'ouvrir dans les agglomérations béarnaises et bigourdanes. A Tarbes, il s'agit d'un centre de santé et de soins non programmés pour relâcher la pression sur les médecins de ville et sur les urgences dans les hôpitaux, pris d'assaut. Ce centre a ouvert ce lundi 11 décembre, dans la périphérie sud de Tarbes, sur le site de la Polyclinique de l'Ormeau.

Relâcher la pression sur les médecins de ville et les services d'urgence

Quelques dizaines de soignants se relayent dans ce centre médical, où ils se répartissent en trois pôles :

  • Le premier pôle est dédié à la médecine générale, exercée par des soignants retraités rappelés face au manque dans ce domaine dans le département. "Le manque est criant" admet Myriam Puyo, directrice de la Mutualité Française à Tarbes, "nous avons à peu près 9 000 patients sans médecin traitant, ça fait beaucoup de monde".
  • Le deuxième pôle, celui des soins non programmés, est consacré aux petites urgences, comme une bronchiolite, une grosse fièvre ou une cheville foulée. Autant de soucis de santé qui engorgent les services d'urgence des hôpitaux, que le centre de santé tarbais entend absorber. Pour ça, il compte que plusieurs médecins libéraux et remplaçants.
  • Enfin, le troisième pôle de ce centre consiste en une équipe de garde ou d'astreinte, une maison médicale dédiée aux malades de la nuit et du week-end.

L'objectif de ce centre, en proposant aux soignants de travailler ponctuellement et en groupe, est donc aussi d**'attirer de jeunes médecins sur le territoire, pour les inciter ensuite à rester et à s'installer dans les Hautes-Pyrénées**, améliorant ainsi la démographie médicale d'un département dans le rouge.

"L'exercice de la médecine a changé, ce n'est plus un exercice solitaire"

C'est la même logique qui est prônée à Pau, au sein d'un pôle médical dédié à l'enfance, et situé en périphérie nord, près de la sortie d'autoroute vers l'A64. Il regroupe 25 soignants (généralistes, pédiatres, sages-femmes, psychologues et kinés entre autres), dans des locaux tout neufs. L'initiative vient de l'association APEFEX (association pour les enfants et les familles extraordinaires), qui portait le projet d'un travail conjugué au pluriel depuis plusieurs années.

François Bayrou et toute l'équipe de médecins de Lo Casau lors de l'inauguration du pôle médical
François Bayrou et toute l'équipe de médecins de Lo Casau lors de l'inauguration du pôle médical © Radio France - Flore Catala

Ce centre palois, nommé "Lo Casau" (le jardin en béarnais) a été inauguré par le maire de Pau et ses équipes ce lundi 11 décembre. "L'exercice de la médecine a changé, ce n'est plus un exercice solitaire" a déclaré François Bayrou, peu de temps avant de couper le ruban symbolique. "La médecine ce n'est plus comme autrefois. Autrefois vous vous installiez dans un village, vous plantiez une plaque, et vous deveniez le médecin du canton. Maintenant, ça ne marche plus du tout comme ça, les médecins ne veulent plus pratiquer seuls".

Une vision des exigences des médecins d'aujourd'hui à laquelle acquiesce Gaëlle Jacquin, kiné et présidente de l'APEFEX : "quand on est en libéral, travailler chacun de son côté c'est très lourd. Donc le fait de travailler à plusieurs, c'était indispensable. On avait vraiment besoin des regards croisés de chacun, et là ça nous arrive régulièrement d'aller toquer à la porte d'un des spécialistes pour un conseil. On gagne en rapidité et en efficacité".

Une médecine de périphérie pour remplacer celle de proximité ?

Sauf que cette centralisation des soignants suscite quelques réserves. Notamment celle de Pierre Mesthé, médecin généraliste à Tarbes depuis 44 ans : "la médecine générale, la médecine de soins premiers, la médecine de première ligne je ne la vois pas comme ça. Je la vois en proximité des quartiers, je la vois avec des médecins qui suivent les patients sur la durée" s'inquiète celui qui a été professeur de médecine générale, et qui a participé à l'ouverture du nouveau centre de santé tarbais. Il craint que le suivi des patients ne soit plus le même, et sera trop ponctuel, avec le risque d'avoir affaire à un soignant différent d'une consultation à l'autre.

L'autre crainte est celle de voir les médecins quitter les centres-villes et les quartiers pour se regrouper dans des pôles de santé situés en périphérie. A Pau, certains médecins qui exercent dans le nouveau pôle médical avaient auparavant leur cabinet plus proche du centre. A Tarbes, les médecins en renfort dans le centre de santé sont parfois des médecins généralistes de ville.

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