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Faute de place au sein du service psychiatrie, un patient se suicide à l'hôpital de Laval

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Depuis janvier 2022, 33 lits ont fermé au sein des services de la psychiatrie adulte et de la pédopsychiatrie de l'hôpital de Laval, selon FO. D'après nos informations, faute de place, un patient qui avait des idées noires n'a pas pu être pris en charge et s'est suicidé à l'hôpital, début octobre.

L'hôpital de Laval L'hôpital de Laval
L'hôpital de Laval © Radio France - Aurore Richard

La situation est préoccupante au sein du service de psychiatrie de l'hôpital de Laval, selon Force Ouvrière. Le syndicat appelle l'Agence régionale de santé (ARS) à trouver rapidement des solutions pour éviter de nouvelles fermetures de lits. Depuis janvier 2022, 33 lits ont fermé au sein des services de la psychiatrie adulte et de la pédopsychiatrie au centre hospitalier de Laval, affirme Force Ouvrière. De nombreux patients souffrant de troubles psychiatriques ne peuvent pas être pris en charge, avec des conséquences parfois dramatiques : un patient, qui avait "des idées noires", a mis fin à ses jours à l'hôpital dans la nuit du 9 au 10 octobre car il n'a pas pu être placé en service de psychiatrie, d'après plusieurs sources au sein de l'hôpital de Laval.

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"Rien ne va, tout empire en psychiatrie en Mayenne"

"Les fermetures de lits ont commencé en janvier et elles ne font que s'accentuer depuis janvier. Elles vont encore s'accentuer demain, si l'ARS ne fait rien", alerte Sylvain Bihel, infirmier en psychiatrie à l'hôpital de Laval et délégué Force Ouvrière.

En janvier 2022, 22 lits sur 88 étaient fermés au sein du service de psychiatrie adulte et 5 lits sur 8 en pédopsychiatrie. Désormais, 33 lits sont fermés, dont 28 en psychiatrie adulte, selon Force ouvrière. Le syndicat affirme que la direction du centre hospitalier de Laval envisage de fermer 44 lits sur 88, si la situation ne s'améliore pas avec l'arrivée de nouveaux médecins psychiatres. Aujourd'hui, il n'y a plus que trois médecins psychiatres au sein du centre hospitalier de Laval. "Rien ne va, tout empire en psychiatrie en Mayenne", soupire Sylvain Bihel. "À l'hôpital de Mayenne, il n'y a grosso modo plus qu'un médecin et demi, un psychiatre et un médecin qui est à temps partiel. Et à Château-Gontier, dans quelques mois, quasiment tous les psychiatres s'en vont. Ils sont quatre aujourd'hui et il y en a trois qui peuvent prétendre à leurs droits à la retraite et une qui part s'installer en libéral", décrit-il.

Des patients mayennais transférés hors de la Mayenne

Faute de lits disponibles au sein des services psychiatriques de l'hôpital, des patients ont été transférés à Saumur, dans le Maine-et-Loire, et à Alençon dans l'Orne, selon FO. "Un transfert à La Roche-sur-Yon, en Vendée, a été envisagé. Finalement, la personne est partie à Alençon", précise Sylvain Bihel, un des infirmiers qui travaillent dans ce service de psychiatrie de l'hôpital de Laval.

Des enfants en difficultés, agités, sont finalement hospitalisés en pédiatrie conventionnelle. Les collègues ne sont pas formés pour ça. Ils ne sont pas en effectif suffisant pour gérer ces situations. On en arrive à avoir des enfants qui sont attachés à leur lit en pédiatrie.          
Sylvain Bihel, délégué FO

D'après nos informations, un patient, qui souffrait d'idées noires, est resté en médecine conventionnelle et s'est suicidé à l'hôpital de Laval. "Je ne peux pas vous dire que c'est à cause du fait qu'il soit resté en médecine conventionnelle. Ce que je peux vous dire, c'est que ce patient devait être hospitalisé en psychiatrie et que si on était dans une situation normale, comme l'année passée, comme les années d'avant, et qu'on avait le nombre de lits suffisants, ce patient aurait été en psychiatrie. Là, faute de place, il n'a pas pu y aller et il est mort. Il s'est suicidé dans le service ou il était en médecine", affirme une source proche du dossier.

Force ouvrière appelle l'ARS à prendre la "situation à bras-le-corps" : "il faut qu'elle nous envoie des médecins du CHU d'Angers, des internes en fin de cursus, des docteurs juniors, il faut qu'elle acte des choses", dénonce Sylvain Bihel. Une réunion s'est tenue avec l'ARS et la direction de l'hôpital de Laval vendredi 14 octobre, une autre réunion est prévue lundi 24 octobre. Le directeur de l'hôpital de Laval, Sébastien Tréguenard, affirme partager l'inquiétude du personnel. Les soins extrahospitaliers pourraient être une solution selon lui pour faire face à ces difficultés, comme la prise en charge à domicile ou les Centres médico-psychologiques (CMP). Sébastien Tréguenard dit également travailler sur des solutions de réorganisation en lien avec le CHU d'Angers.

L'Agence régionale de santé, de son côté, précise qu'elle travaille avec le Groupement hospitalier de territoire (GHT) de la Mayenne "dans la construction d’une organisation départementale des soins de psychiatrie qui prenne en compte le contexte de tensions RH qui existe dans tous les départements et de manière aigüe en Mayenne". "Cette organisation sera travaillée avec l’appui des équipes du CHU d’Angers", ajoute l'ARS.

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