Covid-19 : hausse de la circulation du virus, les autorités sanitaires appellent à se faire vacciner

"Le Covid-19 est là". L'épidémie est sur une pente ascendante en France, où progresse une nouvelle version très transmissible du virus, à quelques jours de Noël. Selon Benjamin Davido, infectiologue à l'hôpital Raymond-Poincaré de Garches, le Covid se fait à nouveau "sentir de façon importante", expliquait-il ce jeudi à franceinfo. "La circulation du virus est très intense", confirme Étienne Simon-Lorière, responsable du Centre national de référence (CNR) des virus des infections respiratoires à l'Institut Pasteur.

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"Des faisceaux d'indications convergent", souligne-t-il. "On observe ces dernières semaines à nouveau des gens qui font des tests en pharmacie, et des autotests", détaille Benjamin Davido, ainsi que "des hospitalisations". Rien qu'aux urgences, la semaine passée, plus de 4.350 passages hebdomadaires pour suspicion de Covid ont été recensés, et plus de 1.820 hospitalisations ont suivi. En Alsace, l'agence régionale de santé a activé jeudi le plan blanc en raison d'une situation tendue dans les hôpitaux.

"Depuis le début de la pandémie, les vagues se produisent environ tous les quatre mois, essentiellement sous l'effet d'une baisse d'immunité populationnelle", à laquelle s'ajoute "la recrudescence hivernale prévisible" due à "la baisse des températures extérieures et plus de temps passé en intérieur, où les transmissions virales sont facilitées", explique l'infectiologue Xavier Lescure, membre du Covars (comité de veille et d'anticipation des risques sanitaires).

Les autorités appellent à faire son rappel

Dans ce contexte, les autorités sanitaires ont réitéré leur appel à se faire vacciner pour les personnes vulnérables, notamment les plus de 65 ans. Pour "passer de bonnes fêtes" et pour que "les hôpitaux ne soient pas débordés cet hiver", le ministre de la Santé a appelé mercredi à "un rebond de la vaccination" contre le Covid et contre la grippe. Évoquant "ceux qui vont retrouver leurs parents, leurs grands-parents à Noël", Aurélien Rousseau a jugé qu'"on serait tous plus rassurés si tout ce petit monde autour du sapin était vacciné".

Plusieurs variants du virus (XBB.1.5, XXB.1.16, EG.5, BA.2.86) sont actuellement sous surveillance renforcée dans le monde. Un sous-lignage de BA.2.86, appelé JN.1, est spécialement scruté. En France, début décembre, 30% des cas de Covid recensés en laboratoire relevaient de JN.1. "Apparu brusquement et beaucoup plus transmissible que ses prédécesseurs, JN.1 a un échappement immunitaire" qui est "important", précise Étienne Simon-Lorière. Autrement dit, ses mutations lui octroient une plus grande résistance à la vaccination et aux précédentes infections. "Ce n'est pas parce qu'on a eu la maladie qu'on ne peut pas l'attraper à nouveau", prévient Benjamin Davido.

Toutefois, "si on a été infecté par le virus il y a moins de six mois ou, mieux, vacciné il y a moins de six mois, les chances de se retrouver à l'hôpital à cause de JN.1 sont très réduites, malgré toutes ses nouvelles mutations". Le virus "va être éliminé avant de provoquer une forme sévère de la maladie dans la grande majorité des cas, mais peut a priori être transmis", selon Etienne Simon-Lorière.

Sans infection ni rappel, en revanche, le risque est plus grand. Selon Benjamin Davido, les patients qui consultent aux urgences ou sont victimes de "formes sévères" sont d'abord "les gens qui n'ont pas eu de rappel vaccinal". "C'est dommage, car c'est une maladie évitable, et qui peut se soigner si on fait un diagnostic précocement", déplore le médecin infectiologue. "Il ne faut pas compter les doses de vaccin pour le Covid", plaide-t-il.

Par ailleurs, si la répercussion du Covid sur les hospitalisations et les décès s'est fortement amenuisée au fur et à mesure des mutations, le spectre d'un syndrome post-Covid (ou Covid long) demeure. "Plusieurs centaines de milliers" de Français souffrent de séquelles durables des mois après l'infection, et la prise en charge reste "insatisfaisante", a alerté le Covars début novembre.

L'abandon des gestes barrière

Les autorités sanitaires se sont aussi inquiété du maigre respect des gestes barrières. Selon une enquête de Santé publique France menée en septembre, à peine plus d'un Français sur deux juge nécessaire de porter un masque s'il a des symptômes comme une toux ou de la fièvre. "En France, on ne s'est pas encore approprié ce geste barrière qui est essentiel" et reste associé dans les esprits au seul Covid, a regretté Caroline Semaille, directrice générale de Santé publique France.

"Il faut rappeler qu'aller visiter des personnes âgées pendant les fêtes nécessite vraiment d'être prudent", a insisté Isabelle Parent, épidémiologiste à l'agence Santé publique France, lors d'une conférence de presse organisée mercredi par Santé publique France pour la publication de chiffres hebdomadaires.

Le masque reste recommandé "en cas de symptômes, dans les lieux fréquentés et en présence de personnes fragiles", selon Santé publique France. Dans certains hôpitaux, comme à Chambéry et Aix-les-Bains depuis ce mercredi, il est redevenu obligatoire. Des collectifs de patients et de soignants ont réclamé fin novembre une obligation "dans tous les établissements de soins".