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Coronavirus - le quotidien d'un couple d'infirmiers mobilisés contre le Covid : "on n'est pas des héros"

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Stéphanie et Nicolas sont tous deux infirmiers au CHU de Lille. Comment organisent-ils leur vie de famille ? Comment vivent-ils la situation au quotidien ? Comment réagissent-ils aux applaudissements qui leur sont destinés tous les soirs ? Portrait d'un couple mobilisé en toute humilité.

Ce couple d'infirmiers travaille au plus près des malades Covid au CHU de Lille et mène sa vie de famille de front : "on fait notre travail, on n'est pas des héros !" (Photo d'illustration) Ce couple d'infirmiers travaille au plus près des malades Covid au CHU de Lille et mène sa vie de famille de front : "on fait notre travail, on n'est pas des héros !" (Photo d'illustration)
Ce couple d'infirmiers travaille au plus près des malades Covid au CHU de Lille et mène sa vie de famille de front : "on fait notre travail, on n'est pas des héros !" (Photo d'illustration) © Maxppp - IP3 PRESS

C'est un couple qui est en première ligne face à l’épidémie de coronavirus. Stéphanie* est infirmière anesthésiste, Nicolas* infirmier en soins intensifs. L’organisation de leur travail a été chamboulée dès le début de l’épidémie, avec des nuits, des week-end, et des vacations de douze heures. "Parfois, je rentre de nuit, j'enchaîne avec la garde des enfants", raconte Nicolas, "j'attends que mon épouse rentre le soir pour pouvoir me reposer un peu. On n'a pas vraiment de répit".

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Un couple de soignants, quelle bonne idée !

Les enfants de Nicolas et Stéphanie ont 2 et 6 ans, et l’assistante maternelle qui les gardait n’a pas souhaité continuer, par crainte du virus. Il a donc fallu s’organiser dans l’urgence, trouver une personne qui accepte de venir s’occuper des petits à la maison. A aucun moment, il n’a été question d’arrêter de travailler : "pas une fois on ne s'est dit qu'un de nous deux devait rester à la maison", assure Stéphanie, "on n'avait pas envie d'abandonner l'hôpital et les patients. Par contre, on s'est dit : 'un couple de soignants, quelle bonne idée'!". 

Le premier mois a été chaud pour tout le monde

Le couple d’infirmiers reconnaît qu’au début de l’épidémie, la situation était tendue au travail comme à la maison : "le premier mois a été chaud pour tout le monde. On était angoissés, on ne dormait pas forcément, donc c'était fatigue 'plus plus plus'. Aujourd'hui, ça se calme, on souffle un peu", raconte Stéphanie. 

Tout le monde à l'hôpital a joué le jeu

A l'hôpital, Nicolas dit avoir "l'habitude de prendre en charge des patients avec des défaillances respiratoires. Les mesures de protection -charlotte, lunettes, masque, surblouse, etc.- prennent plus de temps. Mais au niveau des horaires, tout le monde a joué le jeu. Du personnel, il y en a en ce moment, donc ça se passe plutôt bien". 

On laisse les problèmes de l'hôpital à l'hôpital

Autour d’eux, Stéphanie et Nicolas ont vu des collègues tomber malade, puis revenir travailler, sans vraiment savoir s’il s’agissait du coronavirus. Ils ont également vu des patients dans des états critiques. Mais ils ne sont pas effrayés pour autant : "effectivement, il y a des situations qui nous touchent. Lorsqu'on s'occupe de patients de notre âge, on se projette, et c'est plus difficile. Mais une fois qu'on met notre blouse au placard, on laisse les problèmes de l'hôpital à l'hôpital".

Les applaudissements ? Ça me fait un peu rire !

Le couple n'est pas particulièrement à l’aise avec les applaudissements qu’ils entendent tous les soirs à 20 heures, en hommage aux soignants. "Ça me fait un peu rire", avoue Nicolas, "ça fait des mois que les infirmiers font des grèves pour réclamer plus de moyens. Au niveau mondial, la France est le pays qui paye le moins bien ses infirmiers. Et les gens s'en foutent ! Maintenant qu'arrive une catastrophe comme celle du Covid, ils sont bien contents d'avoir le meilleur système de santé au monde. J'espère que ça aura permis à l'Etat de se rendre compte qu'il faut le préserver".

A 20 heures, on ferme nos fenêtres

"A 20 heures, on ferme nos fenêtres et on n'écoute pas", raconte Stéphanie sans détour, "on fait notre boulot tous les jours, on ne nous applaudit pas quand on fait une prise de sang ! Alors oui, il y a plus de travail, plus de patients, mais on ne mérite pas une médaille, on n'est pas des héros du tout".

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* Les prénoms ont été changés.

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