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Bronchiolite : ce qu'il faut savoir sur le Beyfortus, le traitement préventif proposé à tous les bébés

Par
  • France Bleu

Dès ce vendredi, les médecins peuvent proposer un traitement préventif contre la bronchiolite à tous les bébés. Le Beyfortus, commercialisé par Sanofi, doit les protéger du principal virus responsable de l'affection, et leur éviter une hospitalisation. Voici ce qu'il faut savoir sur cette injection.

Un nourrisson traité par une soignante à l'hôpital de Brest, en décembre 2022. Un nourrisson traité par une soignante à l'hôpital de Brest, en décembre 2022.
Un nourrisson traité par une soignante à l'hôpital de Brest, en décembre 2022. © Maxppp - Lionel Le Saux

C'est une angoisse pour de nombreux parents de nourrissons à l'approche de l'automne : la bronchiolite, dont les formes sévères peuvent conduire à une hospitalisation, dans un service de pédiatrie déjà saturé. Pour en finir avec les formes graves de cette affection respiratoire, un traitement préventif est mis à disposition de tous les bébés à partir de ce vendredi : le Beyfortus, commercialisé par Sanofi et développé en collaboration avec le laboratoire AstraZeneca, vise à protéger les tout-petits du principal virus responsable de la bronchiolite. Comment ce traitement fonctionne-t-il ? À quelle tranche d'âge est-il destiné ? Quelles sont les réserves sur son efficacité ? France Bleu vous explique ce que l'on sait sur ce nouveau traitement.

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Qu'est-ce que le Beyfortus ?

Le nirsévimab est le nom de la molécule commercialisée sous le nom de Beyfortus par le géant pharmaceutique Sanofi. Cet anticorps monoclonal a été développé avec le laboratoire britannique AstraZeneca. Il est administré en une seule injection, qui vise à immuniser les nourrissons contre le virus respiratoire syncytial (le VRS), la cause la plus fréquente des bronchiolites. Les bébés qui contractent la bronchiolite ont souvent du mal à respirer, et souffrent d'une toux parfois très difficile à supporter.

Ce traitement est une première, car jusqu'ici, il n'existait quasiment aucun traitement préventif, hormis pour les bébés à risque. La molécule concernée était seulement administrée aux très grands prématurés, et nécessitait plusieurs injections.

Comment agit le traitement ?

Le Beyfortus s'administre en une seule injection, et ce n'est pas un vaccin. "Une seule injection de ce type d'anticorps assure une protection sur plusieurs mois", a expliqué ce vendredi sur franceinfo le professeur Robert Cohen, pédiatre et infectiologue. Normalement, quand on vous fait un vaccin, vous fabriquez des anticorps vous-même. Mais le délai pour préparer ces anticorps prend généralement plusieurs semaines. Pour certains, il faut plusieurs injections. Là, on administre à l'enfant directement les anticorps spécifiques dirigés contre ce virus", a-t-il expliqué.

"Les anticorps se retrouvent dans le sang quasi immédiatement, c'est-à-dire dans les deux-trois jours", a précisé au micro de France Bleu Lorraine Cyril Schweitzer, professeur de pédiatrie et expert en pneumologie pédiatrique au CHRU de Nancy. Une seule injection du traitement va "protéger le nourrisson durant environ 150 jours, à savoir cinq mois", soit la durée de la saison hivernale, a complété le professeur Cyril Schweitzer.

Qui peut y avoir accès ?

Le traitement est proposé gratuitement à chaque bébé français né depuis le 6 février dernier et âgé de moins d'un an, en concertation avec les médecins, pédiatres et les maternités, selon chaque cas. Le ministère de la Santé précise qu'il pourra être administré "par les médecins, les sages-femmes, les infirmiers et les pharmaciens". La Haute autorité de santé conseille de le prescrire aux nouveaux-nés avant la sortie de la maternité. Le professeur Robert Cohen incite également les parents à faire réaliser l'injection "le plus tôt possible après la naissance, car les enfants à risque, les plus fragiles, ce sont les plus petits", a-t-il expliqué à franceinfo.

"Après, ceux qui sont un peu plus grands ont moins de risques d'hospitalisations, mais cela ne veut pas dire qu'ils n'ont pas de risque d'hospitalisation. Grosso modo, les moins de trois mois ont deux fois plus de risque d'hospitalisation que les trois-six mois, qui ont eux-mêmes deux fois plus d'hospitalisations que les six mois-un an", a-t-il dit. Pour lui, le cœur de la protection doit être dirigé vers les plus fragiles, y compris les prématurés.

Réduire la tension sur les services hospitaliers

Le but de la grande campagne de traitement lancée ce mercredi est aussi, et surtout, de réduire la pression sur les services pédiatriques des hôpitaux l'hiver.  La bronchiolite "représente entre 20 et 25% des hospitalisations pédiatriques en période hivernale, c'est énorme", a affirmé le professeur Robert Cohen sur franceinfo. L'hiver dernier, l'épidémie, la plus virulente depuis dix ans, a provoqué 45.000 hospitalisations de nourrissons. "Tous les ans, les hôpitaux sont saturés, et c'est la bronchiolite qui provoque ça", a retracé Robert Cohen. Mais "l'année dernière, ça a été vraiment une catastrophe, a-t-il rappelé.

"Rassurer complètement les parents"

Interrogé quant à d'éventuelles réserves émises par les parents, voire une méfiance des familles, le professeur Robert Cohen a indiqué que "tous les parents sont sensibilisés, surtout ceux qui ont déjà eu un enfant. C'est un élément très positif. Le point négatif pour les familles, c'est que c'est un nouveau produit", a-t-il admis. "Il faut rassurer complètement" les parents.

Certains spécialistes émettent des réserves

Le ministre de la Santé a fait du déploiement de Beyfortus "l'un des grands enjeux de la rentrée", suivi par la majorité du monde de la santé, notamment les sociétés de pédiatres et de généralistes. Mais quelques voix discordantes se font entendre.

Il y a "un certain emballement, un peu rapide selon moi, en terme de preuves", a jugé auprès de l'AFP Rémy Boussageon, professeur de médecine générale. Les sceptiques de Beyfortus pointent que la Haute autorité de santé (HAS), l'instance chargée d'évaluer un nouveau traitement, n'a évoqué qu'un progrès "mineur".

"C'est assez habituel de voir la HAS prendre dans un premier temps des positions plutôt prudentes", a répondu à l'AFP la pédiatre hospitalière Christèle Gras Le Guen, du CHU de Nantes, chargée par le gouvernement d'accompagner le déploiement du traitement. Limitées par leur taille, les études de Sanofi n'ont "pas un niveau de preuve qui permet de savoir ce qui va se passer en France en hiver", a-t-elle reconnu, soulignant aussi que le Beyfortus ne dispenserait aucunement les parents d'éviter d'exposer leur nourrisson aux lieux publics ou à un cercle familial trop large.

Mais la spécialiste a estimé que ces données permettent largement d'espérer "une amélioration tout à fait significative comparé à ce qu'on a vécu l'hiver dernier". "Les analyses faites sur les données semblent assez convaincantes quant à l'efficacité" du Beyfortus, a également confié à l'AFP l'infectiologue Piero Olliaro, citant notamment un compte-rendu publié cette semaine par les autorités sanitaires britanniques.

D'autres traitements à venir ?

D'autres traitements préventifs de l'infection au virus respiratoire syncytial, responsable de la bronchiolite, pourraient aussi voir le jour dans les mois ou les années à venir. C'est notamment le cas d'un vaccin, développé par Pfizer et approuvé à l'échelle de l'Union européenne, mais pas encore en France.

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