Boîte de chocolats pour l'infirmière, bouteille pour le médecin : les étrennes résistent encore en Creuse

Avec les vœux du Nouvel An arrive le moment des étrennes. C'est une tradition : faire un petit cadeau à ses proches mais aussi aux personnes qui nous facilitent la vie, de la nounou au facteur en passant par la femme de ménage. Les soignants sont aussi chouchoutés, même s'ils reçoivent moins de présents qu'auparavant en Creuse.

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Véronique, infirmière depuis 40 ans en Creuse, travaillait le jour de Noël. En ouvrant sa porte, surprise : elle tombe sur une boîte de chocolats et un petit mot, dont elle nous lit un extrait : "Bonjour, voici quelques petits présents pour vous dire merci. À chaque fois que j'ai eu un souci, vous avez fait plus que votre part pour m'aider." Émue, elle sourit, "je la garderai longtemps, cette lettre. Recevoir ça le matin de Noël, ça fait chaud au cœur."

Celui qui a écrit ces mots c'est Nicolas, un enseignant de 36 ans. Il se sent particulièrement reconnaissant, "j'ai eu l'impression d'avoir une deuxième maman. c'est vraiment confortable de pouvoir se reposer sur quelqu'un comme ça quand on a des problèmes de santé." Il a aussi offert une bouteille de vin et des chocolats à un médecin qui l'a reçu en consultation, "chez lui, dans son salon, un jour férié, alors qu'il était en arrêt maladie et que le médecin généraliste n'avait pas de solution".

"On fait partie de la famille"

Pour Noël, Véronique et ses collègues ont reçu plusieurs petites attentions : de la confiture maison, un pot de confit ou de foie gras... mais pour elle, "un mot gentil, c'est suffisant." Elle voit ces présents comme une reconnaissance de son travail. Elle explique, "on fait partie de la famille au bout d'un moment, à force d'aller chez les personnes matin et soir, ou trois fois par semaine."

Léa, kinésithérapeute en Creuse, estime qu'environ 10% des patients lui offrent un cadeau pour les fêtes. "Beaucoup de chocolats, de temps en temps une bouteille de champagne, et aussi des plantes ou des cadeaux fait maison." Mais ce qu'elle préfère, ce sont les dessins faits par les enfants. "Ça fait plaisir parce qu'on a l'impression qu'on a suffisamment apporté à la personne pour qu'elle pense à nous." Elle a exercé en ville et estime que les patients sont plus généreux en Creuse, "en ville c'est plus impersonnel, on a une tradition et une reconnaissance plus importante à la campagne."

"Le Covid a fait beaucoup de mal"

Mais la tradition se perd quand même un peu, au début de sa carrière, Véronique par exemple se retrouvait "submergée de chocolats", avec 20 ou 30 boîtes chaque année. Michel Kapella, gynécologue à Guéret, abonde en son sens, "mon père était médecin généraliste dans le Nord, quand il rentrait de tournée il avait le coffre rempli de lapins, de poules, d'œufs, un morceau de gigot, un bout de sanglier... Ça, c'est un peu terminé."

Il l'explique par deux facteurs, "il y a la crise économique, et aussi le Covid qui a fait beaucoup de mal. On ne se serre plus la main en consultation, il y a plus de distance avec le patient." Pour le docteur Kapella, les relations sont surtout distendues avec les médecins. "C'est différent pour les gens qui accompagnent au quotidien les patients, ils ont un relationnel plus proche que le spécialiste qui voit les gens une ou deux fois par an."

Sa collègue qui coordonne les parcours des patientes atteintes d'un cancer est ainsi "couverte de cadeaux", plaisante-t-il. Il insiste tout de même, "mais on ne fait pas ce métier pour les cadeaux !" D'après ce gynécologue, il arrive aussi souvent que des patients opérés et guéris reviennent offrir une boîte de chocolat pour tout le service.