"Prenez-en soin !" : les militants de l'indépendantiste catalan Carles Puigdemont sont chaque soir à Argelès-sur-Mer

Ils sont des centaines chaque jour à venir acclamer leur leader : des Catalans du Sud arrivent en bus à Argelès-sur-Mer (Pyrénées-Orientales) tous les soirs depuis le 26 avril et jusqu'au 9 mai pour assister aux meetings de Carles Puigdemont, le médiatique indépendantiste en exil qui se présente aux élections régionales anticipées de Catalogne, en vue de redevenir président de la Generalitat.

ⓘ Publicité

C'est à l'espace Jean Carrère d'Argelès-sur-Mer qu'ont lieu ces meetings tous les jours pendant deux semaines, à 19 heures du lundi au vendredi et à midi les weekends et jours fériés. Et pour mobiliser les foules, le parti de Puigdemont "Junts" affrète tous les jours entre cinq et six bus, chaque meeting étant dédié à une ou plusieurs comarques catalanes.

Revoir "el President"

"Aujourd'hui on vient au meeting et ensuite on repart à Rosas, on fait l'aller-retour, on est aussi allés à l'autre meeting de Puigdemont à Elne. L'été on vient faire du tourisme, mais aujourd'hui c'est vraiment pour revoir 'le Président'" explique Montse, militante.

"Nous on vient de Barcelone, c'est là première fois qu'on est à Argelès mais on connaît les Pyrénées-Orientales, abonde Natalia, venue en famille. D'ailleurs on était venus en 2020 pour son meeting à Perpignan. Mais là comme c'est avec l'autobus, on nous a dit qu'on devait repartir à 21h30, donc pas le temps de faire grand chose"

L'ancien président catalan avait tenu un meeting géant le 29 février 2020, rassemblant au moins 100.000 personnes à Perpignan.

"Il pourrait y avoir plus de jeunes, mais ils travaillent ! témoigne une septuagénaire et sa senyera indépendantiste. Après on est contents parce que vous nous avez toujours aidé en Catalogne Nord, prenez soin de notre 'Président' !". En effet, les bus démarrent dans l'après-midi et arrivent au moins une heure avant le meeting, puis repartent dans la soirée. Résultat, peu de sud-catalans restent visiter le département, se restaurant sur place avec des food trucks venus de Barcelone. Mais ceux se déplaçant en voiture prennent tout de même le temps de se balader en centre-ville d'Argelès.

"On a beaucoup de Catalans ! Ils viennent prendre le petit-déjeuner, un verre, ou manger... on est très contents de les accueillir, surtout qu'on en a besoin ! Cela tombe bien avant la saison !" se réjouit Ludo, gérant d'un bar.

"Je me sens comme chez moi"

Mais le leader indépendantiste, accueilli comme une rock star, n'accepte pas les interviews facilement. Il a répondu à nos confrères de France 3. "C'est fantastique, je me sens comme chez moi, tout le monde est très gentil avec nous, dit Carles Puigdemont. Tous les gens qui viennent ici pour nous écouter sont bien accueillis, dans les restaurants, dans les bars et les hôtels. Les gens repartent avec une meilleure idée de ce qu'est la Catalogne Nord, et avec envie d'y revenir".

"Il y a deux éléments majeurs qui m'ont poussé à dire oui, le côté économique et touristique qui est extrêmement favorable, et puis le côté politique, argumente Antoine Parra, le maire d'Argelès. Je crois qu'on ne peut pas prétendre être un élu qui défend la démocratie et accepter qu'un candidat à la présidence de Generalitat ne puisse pas s'exprimer, porter ses valeurs et ses idées, et je dirais plus : celle de milliers, de dizaines de milliers voire de centaines de milliers de personnes qui comptent sur lui pour les porter. Cette dimension-là, je l'assume totalement, cela ne signifie rien en terme d'idées, mais par rapport à la démocratie c'est incontestable, on ne peut pas bâillonner la parole d'un homme politique."