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4 avril 2014 : les dix ans d'Éric Piolle à la tête de la mairie de Grenoble

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Le 4 avril 2014, Éric Piolle était élu maire de Grenoble en conseil municipal, après une victoire dans les urnes le 30 mars. Dix ans après, quel bilan ? Question posée à des habitants, militants, élus d'opposition, avant d'en discuter en direct avec Éric Piolle lui-même, ce mardi matin 2 avril.

Le maire de Grenoble, Eric Piolle Le maire de Grenoble, Eric Piolle
Le maire de Grenoble, Eric Piolle © Radio France - Benjamin Bourgine

Le 4 avril 2014, l'écologiste Éric Piolle était élu maire de Grenoble en conseil municipal, une semaine après la victoire de sa liste écolo-insoumise dans les urnes. Une nouvelle page politique s'est alors ouverte à Grenoble, qui a ensuite connu d'autres chapitres, y compris au niveau national. Non seulement la victoire a été encore au rendez-vous en 2020 à Grenoble, mais la conquête de la ville en 2014 a aussi donné à d'autres citoyens l'envie de tenter l'aventure (Lyon, Bordeaux...).

Dans deux ans Éric Piolle, il l'a toujours dit, n'ira pas plus loin à Grenoble que la fin de ce second mandat. C'est à ce moment-là que "l'héritage" pourra être évalué dans les urnes. En attendant des habitants, militants et élus d'opposition, ont bien voulu se prêter au jeu du bilan. Comme Éric Piolle lui-même d'ailleurs, invité d'Ici matin sur France Bleu Isère ce mardi 2 avril entre 7h45 et 8h.

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Au début l'état de grâce...

"C'était possible et on l'a fait" ! Cette phrase lancée à la foule par Éric Piolle le 30 mars 2014 au soir de la victoire de sa liste à Grenoble, restera comme le symbole de l'euphorie des débuts. Beaucoup de choses deviendront effectivement possibles dans la foulée, notamment parce la nouvelle majorité grenobloise parvient aussi à prendre la tête, à l'époque, du SMTC, Syndicat mixte des transports en commun, et à s'accorder avec le reste de la gauche à la métropole de Grenoble. Le coup d'accélérateur est flagrant en matière de pistes cyclables. Le 30km/h en ville devient la norme. Avant qu'elle ne s'impose partout ailleurs, la vignette Crit'Air devient un moyen de circulation alternée lors des pics de pollution. Une ZFE (zone à faibles émissions) pour les poids-lourds et utilitaires verra également le jour bien avant de faire son chemin dans le reste du pays. La ville dit également "non" aux grands panneaux publicitaires.

Ces 10 ans ont "transformé la ville" estime Guillaume Laget, militant et référent Europe écologie les Verts à Grenoble. "Il y a tout un aspect d'adaptation à la crise climatique : la question des mobilités, la question des espaces publics d'une manière plus générale". Dans les cantines, le végétarien s'est fait une place plus grande, avant même de devenir la norme. Il faut que les parents fassent le choix de de la viande pour leurs enfants. Et encore : dans la limite de 2 à 3 repas par semaine.

Oui mais...

Les pistes cyclables sont ce sur quoi les Grenoblois, interrogés au hasard dans la rue, accordent le plus de satisfecit à leur maire. Pour le reste, des arguments plus négatifs reviennent souvent : "la ville est sale", "plus sale qu'avant". En matière de sécurité la position "anti-caméra" du maire est assez critiquée. Des commerçants du centre-ville, les indépendants surtout, voient dans la réduction des places de stationnement à proximité de chez eux la cause principale d'une baisse de fréquentation. Dans plusieurs quartiers également (Villeneuve, Cours Berriat...) des habitants s'élèvent contre les projets de la mairie et si les "places aux enfants" plaisent aux parents aux portes des écoles - ceux qui viennent à pied ou à vélo en tout cas - on ne peut pas en dire autant des faiblesses du périscolaire qui peine à recruter et à être stabilisé.

Un deuxième mandat plus compliqué et une aventure nationale avortée

Est-ce l'euphorie des débuts et les nombreuses invitations dans les médias nationaux qui lui ont donné de l'ambition ? Toujours est-il qu'après sa réélection en 2020, Éric Piolle s'est lancé dans une aventure pré-présidentielle, vite avortée à la primaire écologiste. Politiquement elle a laissé des traces du genre "maire absent qui ne s'intéresse plus à nous". "C'est un épisode qui a fait flotter une drôle d'ambiance je trouve dans la ville, explique Cécile Cénatiempo, élue de gauche et dans l'opposition à Grenoble, le maire était moins présent et on avait l'impression, de l'extérieur, que se jouait la place du maire, de savoir qui allait prendre sa place etc. Son retour à Grenoble comme si rien ne s'était passé, j'ai trouvé ça extrêmement surprenant aussi parce que comment un homme peut se remettre en deux secondes d'une telle déception ? On avait l'impression d'avoir une machine en face de nous".

Une machine à faire perdre Grenoble pourrait ajouter un Alain Carignon, opposition de droite, aux yeux duquel rien du bilan d'Éric Piolle ne trouve grâce. "Aujourd'hui après avoir promis qu'il n'augmenterait pas les impôts c'est plus 30%, dit-il, parce que la ville est asphyxiée par la dette [...] c'est une situation catastrophique à laquelle sa gestion a conduit".

Une majorité fissurée

Il faut ajouter dans ce second mandat la bataille perdue pour placer un membre de sa majorité à la tête de Grenoble Alpes Métropole et, de fait, une affluence bien moindre désormais au sein de cet échelon qui concentre les grandes compétences : déplacements, urbanismes, habitat... Le procès de la fête des Tuiles n'a pas contribué non plus à plus de sérénité. Pas plus que l'épisode "burkini" et règlement des piscines. L'augmentation récente de 25% de la taxe foncière a même provoqué une fracture au sein de la majorité, plus importante que celle de 2016, née du "plan de sauvegarde des services publics" et d'une rigueur budgétaire qui avait conduit à fermer des bibliothèques.

Une autre manière de faire de la politique ?

À son arrivée au pouvoir, Éric Piolle ambitionnait, avec sa majorité, de "transformer la ville". Dans l'exercice du pouvoir "on ne fait pas toujours ce qu'on veut", reconnait, à décharge, Cécile Cénatiempo. "Un des slogans de la première campagne, poursuit-elle, c'était aussi "une ville pour tous" et aujourd'hui ce n'est pas mon impression [...] Sur la démocratie participative aussi je trouve qu'ils ont multiplié les espaces de discussions avec les habitants mais pour autant ils ne prennent pas en compte leurs positions". C'est un point sur lequel Guillaume Laget reconnaît que les choses ne sont pas allées aussi loin qu'espéré : "Il y a eu des expérimentations de conseils citoyens, de votation-référendum, qui ont permis aux gens de s'intéresser à certains sujets. On peut regretter que le dispositif n'ait pas pris l'ampleur qu'il aurait pu avoir. Je pense notamment au budget participatif qui a été un succès mais qui n'a pas trouvé non plus un engouement auprès de tous les habitants". Il est, il est vrai, difficile de faire du participatif sans participant.

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