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La collectivité unique de Corse, six années pour faire avancer le "mammouth" à petits pas

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La fusion entre les deux conseils départementaux au sein de la collectivité de Corse est entrée en vigueur le 2 janvier 2018. Aujourd'hui, cette structure regroupe 4500 agents environ mais a connu un long retard à l'allumage avec aujourd'hui encore bon nombre de dysfonctionnements.

Vue des bancs de l'Assemblée territoriale de Corse Vue des bancs de l'Assemblée territoriale de Corse
Vue des bancs de l'Assemblée territoriale de Corse © Radio France - Olivier Castel

Initiée par la gauche sous l'ère Paul Giacobbi, mais défendue bec et ongles par les nationalistes, la fusion des deux conseils départementaux au sein de la collectivité de Corse, souffle ses six bougies. Une fusion accélérée par le "Chiche!" lancé par  Bernard Cazeneuve, à l'assemblée de corse en tant que ministre de l'intérieur, dans le cadre de la loi sur la nouvelle organisation territoriale (Notre).  Administrativement,  il aura fallu 18 mois pour la mettre en place.

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Cette super entité qui est la seule grande avancée institutionnelle des nationalistes depuis leur arrivée au pouvoir en 2015, se pose aujourd'hui comme la matrice de la future autonomie.
Qu'elle soit "mammouth" selon ses détracteurs ou "paquebot", la collectivité de Corse a du faire face au tsunami de la fusion : 1+1+1 n'ont pas fait un tout de suite.

Clientélisme? Pire encore, selon Pierre-Jean Luciani

Deux collectivités de gestion, les conseils départementaux fondus dans une collectivité de mission: la maison-mère territoriale. Le président du département de Corse-du-Sud, Pierre-Jean Luciani tirait alors le frein à main. Il estime à présent que c'est un échec issu de la "loi scélérate Notre" et que c'est une collectivité "inique", plus qu'"unique".

" Le président de la République François Hollande, son premier ministre Manuel Valls et son ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve ont été les fossoyeurs des départements pour faire plaisir aux nationalistes qui dénonçaient le clientélisme", dénonce l'ancien président Luciani, "Or, on assiste aujourd'hui au même phénomène et pire encore concernant la politique menée par la majorité territoriale nationaliste au sujet des embauches, des déchets, des transports ..."

La Haute-Corse, elle, jouait le jeu sous l'impulsion de son président, François Orlandi.
 Les directions opérationnelles ont fonctionné selon l'administration territoriale, mais les difficultés ont surgi pour les postes d'encadrement. Pour éviter les doublons, des postes de directeur adjoint ont été créés, par exemple. D'où le sentiment d'armée mexicaine. "La difficulté est de bâtir une histoire commune, il faut 5 à 10 ans pour achever cela", calcule un fonctionnaire.

"Organigramme trop lourd", selon le cabinet Deloitte

In fine, un organigramme jugé "trop lourd", par le cabinet Deloitte qui a expertisé la fusion à la demande du président de l'exécutif. Bien qu'il n'ait pas été rendu public, l'audit qui n'est pas tendre avec les dysfonctionnements, pointe aussi des bienfaits de la fusion, comme l'harmonisation des salaires.
Gilles Simeoni n'a pas souhaité s'exprimer sur ce sujet ni évoquer les conclusions.

"C'est une grande déception ", déplore le président du SNT, Jean-Luc Millo qui pointe différents domaine comme le social, la langue corse ou les routes. Sur ce dernier sujet, selon lui, "l'entretien n'est quasiment pas assuré et il y a des régions où il ne se passe quasiment rien". Conclusion, la collectivité insulaire est un "mammouth administratif", où l'on recrute "beaucoup de contractuels."

Trop de contractuels recrutés

Lors de la dernière session de l'assemblée de Corse en décembre 2023, le chef de file indépendantiste Core in fronte Paul-Félix Benedetti a soulevé le problème lors de la présentation du rapport social : 4490 agents sont rémunérés au 31 décembre 2022. Parmi eux, 3970 fonctionnaires, mais aussi 520 contractuels qui sont en majorité permanents. 
Il a une nouvelle fois tiré la sonnette d'alarme sur la masse salariale et  le trop grand nombre de CDD. Dans l'hémicycle, Gilles Simeoni a assumé cette "politique sociale."

La collectivité a "bien répondu dans l'urgence"

Autre point point noir, les sujets qui n'ont pas abouti, comme la création d**'un seul service territorial d'incendie et de secours** qui est encore coupé en deux zones départementales. Le président du Sis de Haute-Corse, Hyacinthe Vanni a indiqué que ce chapitre rencontrait "l'adhésion" et se donne pour horizon l'année 2027.

En revanche, la collectivité a "bien répondu dans l'urgence", lors de gros incendies, du Covid, ou des inondations, rappelle selon un fonctionnaire. Reste le cas épineux de la gestion d'un personnel pléthorique où les départs à la retraite sont remplacés (environ une centaine par an de départs pour pratiquement autant d'arrivées). Cette masse salariale qui frise le milliard d'euros réduit la part d'investissement (environ 400 millions d'euros). 
Un outil performant et audacieux, c'est l'un des enjeux de l'autonomie alors que la feuille de route est attendue fin janvier, comme l'a rappelé Gilles Simeoni, qui ne veut pas "rater le train de l'histoire."

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