"Je ne lâche jamais mon téléphone", le maire de Maubec raconte son quotidien

"Communes de France attaquées, République menacée." Le ton de ce 105e Congrès des maires de France à Paris est donné. Il s'ouvre ce lundi dans un contexte de hausse des agressions d’élus. En Vaucluse, le moral des maires n'est pas au beau fixe. "Il faut que ce soit un plaisir mais c'est un plaisir relatif bien entendu", indique Frédéric Massip. À la tête de la commune de Maubec depuis 2014, l'ancien pompier ne cache pas une certaine forme de fatigue sur des dossiers administratifs ou des conflits.

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"Le pouvoir de maire consiste à se faufiler dans le labyrinthe des empêchements." Cette citation de l'écrivain Sylvain Tesson est encadrée dans le bureau de Frédéric Massip. "Elle ne résume pas tout mais une bonne partie de la fonction de maire", confirme-t-il. Dans cette commune de près de 2.000 habitants, le maire est un peu l'homme à tout faire, celui qui est en permanence sollicité : "j'habite tout près de la mairie et des fois il me faut 45 minutes pour venir jusqu'au bureau parce que on me tient par la manche d'un côté, on m'invite à boire un café de l'autre mais c'est toujours pour pour communiquer".

Une ambiance générale pesante

Frédéric Massip admet que le climat actuel ajoute de la tension à son quotidien. "Par exemple, nous aménageons l'entrée du village pour sécuriser davantage, pour installer un trottoir et faciliter le transfert des familles vers l'école. On va faciliter aussi l'écoulement des eaux pluviales. Les mêmes personnes qui demandaient de faire ces travaux sont aujourd'hui en train de nous écrire pour dire que les travaux font du bruit qu'il y a des vibrations et donc ils ne sont pas contents. Oui, c'est fatigant", raconte le maire de Maubec en soupirant.

Pour autant, Frédéric Massip n'est pas prêt à tout abandonner. "Il faut être disponible. Je ne lâche jamais mon téléphone. Maire c'est toute la journée, surtout toute la journée dans l'esprit. Il m'arrive aussi le dimanche matin de passer toute la matinée dans mon bureau parce que je suis plus tranquille. Il y a des dossiers qu'il faut faire avancer et le dimanche matin c'est un bon moment", confie l'élu.

L'affaire de la cheminée

Au chapitre des déceptions, il y a l'affaire de la cheminée. Un dossier judiciaire.  La propriétaire de la maison voisine de la cantine scolaire se plaint du bruit de la hotte aspirante. La distance entre la tourelle d’extraction de la hotte et la maison n'est pas aux normes. Il en coûterait 9.000 euros à la mairie mais la voisine souhaite un autre type d'installation. La facture totale pourrait s'élever à 50.000 euros. "Oui, ça c'est parfaitement décourageant pour une personne étrangère au village en arriver là, ça c'est un vrai scandale. On est vraiment à l'euro près, on fait très attention, on coupe l'éclairage public quand il faut, on fait attention aux consommations", s'emporte Frédéric Massip.

Alors qu'est-ce qui pousse le maire de Maubec à continuer ? "Il m'arrive de sauter des journées, je vais marcher ou faire du vélo. Et puis il y a la famille", insiste Frédéric Massip. "J'ai aussi des satisfactions. J'ai croisé gamin il y a quelques jours dans les rues de l'école et qui m'a dit "Ah monsieur le maire, c'est trop bon en ce moment à l'école, on se régale", tout simplement parce que la cuisine lui plaît bien. Ça fait plaisir", raconte-t-il. La fonction de maire, une forme de sacrifice à écouter l'élu. Rien d'étranger avec son ancienne vie : celle de pompier.