Les journalistes de La Provence en grève illimitée après la mise à pied du directeur de la rédaction
Les journalistes de La Provence ont voté ce vendredi à 79% la grève illimitée, dénonçant une "ingérence éditoriale inadmissible" après la mise à pied du directeur de la rédaction suite à la parution d'une "une" sur la visite d'Emmanuel Macron à Marseille jugée "ambiguë" par la direction.
La Provence sera absente des kiosques à partir de ce week-end. Réunis en assemblée générale ce vendredi, les journalistes du quotidien régional ont voté à 79% la motion de défiance contre la direction générale du journal et se sont prononcés en faveur d'une grève illimitée. Ce vote intervient après l'annonce de la mise à pied du directeur de la rédaction, Aurélien Viers, suite à la publication d'une "une" sur l'opération "Place nette XXL" menée mardi à Marseille. Une "une" jugée "ambiguë" par la direction du journal. Les journalistes demandent aussi la réintégration immédiate d'Aurélien Viers.
"C'est une ingérence éditoriale inadmissible, on ne peut pas laisser passer cela", a réagi auprès de l'AFP Audrey Letellier, déléguée syndicale du Syndicat national des journalistes (SNJ), majoritaire au sein de la rédaction. Les syndicats de La Provence dénoncent en effet de possibles pressions de la part de l'actionnaire principal, Rodolphe Saadé, directeur général du groupe CMA CGM, réputé proche d'Emmanuel Macron.
Après la visite présidentielle surprise de mardi à Marseille et l'opération antidrogue "d'ampleur" lancée dans les quartiers nord, le quotidien affichait en effet en "une" jeudi une photo du quartier de la Castellane avec la citation suivante : "Il est parti et nous, on est toujours là."
Les journalistes dénoncent des pressions et s'estiment "désavoués"
Ce vendredi, les journalistes ont appris que le directeur de la rédaction était mis à pied une semaine, avec un entretien préalable au licenciement organisé dans les prochains jours.
Dans les pages du journal s'affichaient par ailleurs les excuses du directeur de la publication : "La "une" de La Provence de jeudi matin a ému beaucoup d'entre vous", écrivait ainsi Gabriel d'Harcourt. Il regrettait que "la citation en "une" et la photo d'illustration qui l'accompagnait [aient] pu laisser croire que nous donnions complaisamment la parole à des trafiquants de drogue décidés à narguer l'autorité publique". Pour le directeur de la publication, cela "ne reflète en rien les valeurs et la ligne éditoriale" du journal. "Nous avons induit en erreur nos lecteurs et La Provence leur présente ses plus profondes excuses", précisait-il.
La direction de La Provence ajoute dans un communiqué de presse que cette "une" "est contraire à l'éthique journalistique". Les journalistes affirment de leur côté "qu’en l’espèce, aucune faute déontologique n’a été commise", ils s'estiment "désavoués dans ce mot d’excuse" et s'interrogent : "Qui sont ces lecteurs offusqués par cette "une" ?"
La rédaction indique n'avoir eu "strictement aucun retour" négatif de lecteur, "hormis quelques élus locaux et représentants politiques de la majorité présidentielle". Le conseiller régional de Provence-Alpes-Côte d'Azur Christophe Madrolle, soutien affiché du président de la République, fait partie de ceux qui se sont émus de cette "une" de La Provence dès jeudi sur X, la jugeant "choquante".
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